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Avec une 1ère "fashion week" audacieuse, Islamabad veut séduire l'Occident

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AFP
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1 févr. 2011

ISLAMABAD, 1 fév 2011 (AFP) - Avec des micro-minijupes à froufrous et bustiers courts, la première semaine de la mode d'Islamabad s'est affranchie des codes conservateurs pakistanais pour regarder vers l'Occident, une audace avec laquelle les couturiers espèrent séduire les clients étrangers.


Défilé du couturier Nilofer Shahid à Islamabad le 30 janvier 2001. Photo AFP

Dans un pays qui a davantage fait parler de lui ces dernières années par son économie sinistrée, sa pauvreté et ses rébellions islamistes, un groupe de couturier locaux tente de faire décoller l'industrie de la mode en s'appuyant sur la solide et ancienne tradition locale du textile.

A contre-courant de la poussée religieuse conservatrice observée dans le pays, ils ont organisé le week-end dernier la première "fashion week" d'Islamabad, quatre jours de défilés à l'abri des épais remparts du Serena, l'un des hôtels de luxe hyper-sécurisés de la ville.

"L'un des objectifs est de ramener les acheteurs étrangers au Pakistan", explique un des stylistes les plus en vue du pays, Tariq Amin.

"Dans la situation actuelle, il est difficile pour eux de venir à Lahore (est) ou Karachi (sud). A Islamabad, il y a les ambassades et bien plus de sécurité", ajoute-t-il.

Sur les podiums, des mannequins locaux défilent en amples tuniques soigneusement brodées et rehaussées de bijoux or et perles.

Mais on remarque surtout d'autres tenues, audacieusement courtes. Des micro-minijupes noires agitent leurs froufrous, un bustier or et turquoise découvre largement les épaules, un ensemble pastel et peau laisse entrevoir un nombril.

En "occidentalisant" les coupes, au risque de froisser les influents cercles religieux, les couturiers espèrent assurer leur succès à l'étranger.

"Vous ne pouvez pas vendre aux Occidentaux des shalwar kamiz", les longues tuniques traditionnelles, note Tariq Amin.

Le textile représente 60% des revenus d'exportation du pays, selon le gouvernement, et est donc l'un des principaux atouts pour redresser une économie encore plus chancelante depuis les graves inondations de l'an dernier.

En quatre jours, 32 couturiers ont présenté des modèles dont certains n'auraient pas dépareillé à Londres, New York, Paris ou Milan.

Mais le public était majoritairement pakistanais. Et au Pakistan, les femmes n'osent porter des tenues occidentales "que pour des événements ou fêtes privées", relève l'un des quelques acheteurs étrangers présents, l'Iranien Soheil Mazinani, en notant qu'il en est de même dans son pays.

Lui appelle à la patience. "C'est un nouveau-né", estime-t-il à propos de cette première à Islamabad. "Mais d'ici un à deux ans, cela peut devenir plus important et on pourrait y voir bien plus d'acheteurs".

La mode est un moteur de croissance clé pour des pays comme le Pakistan, estime Paco De Jaimes, fondateur de l'ONG World Fashion, qui tente d'intégrer les pays pauvres au juteux marché de la mode.

"Les gens ne savent pas à quel point cela peut contribuer à éradiquer la pauvreté, faciliter l'intégration dans la société et la montée en puissance des femmes", souligne-t-il.

Zohra Khokhar, une styliste de 25 ans, qui a développé avec sa mère la marque "Deeba & Zoe", dit être revenue d'Ecosse il y a six ans pour tirer avantage de la tradition locale du textile. "Ici, vous pouvez tout faire, du début, de la teinture (des tissus) jusqu'aux finitions de perles", explique-t-elle.

Mais se faire une place sur le marché s'avère compliqué. "Le Pakistan n'est plus aussi bon marché qu'avant", note-t-elle. "Comme dans le reste du monde, tous les prix sont en hausse, des matériaux au travail, on ne peut donc pas en attendre d'énormes bénéfices".

Par Claire TRUSCOTT

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