Avon France : salariés et "ambassadrices" espèrent un repreneur

BOBIGNY, 30 jan 2014 (AFP) - La société Avon France, filiale du géant américain des cosmétiques Avon Products qui emploie 127 salariés et des milliers de vendeuses indépendantes à domicile, a été placée jeudi en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Bobigny, a-t-on appris de sources concordantes.

"Une période d'observation de six mois doit permettre de trouver une solution pour l'entreprise", a déclaré à l'AFP une source proche du dossier. Sollicitée, la direction n'a pas souhaité commenter la décision.

Pour les salariés, en grande majorité des femmes travaillant au siège français de Villepinte (Seine-Saint-Denis), et les milliers de vendeuses à domicile, les "ambassadrices", "c'est toujours six mois de gagnés" pour tenter de trouver un repreneur, a réagi la secrétaire du comité d'entreprise, Nadine Engrand.

"Un redressement, ça reste quelque chose de dur, faut pas rêver", a-t-elle ajouté.

La filiale française d'Avon a demandé mardi ce placement en redressement judiciaire, arguant que l'entreprise perdait de l'argent, à hauteur de 3,2 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de 20,8 millions d'euros en 2012, et que le groupe n'avait plus les moyens de la renflouer.

La société est spécialisée dans la distribution de cosmétiques via plus de sept mille ambassadrices, qui ont le statut de vendeuses à domicile indépendantes et non de salariées. Ces femmes achètent et revendent les produits avec une marge lors de réunions à domicile à l'image des "réunions Tupperware".

Seule une minorité d'entre elles, quelques dizaines, peut vivre de cette activité en gagnant plus de 1 000 euros par mois grâce aux ventes. Une dizaine de vendeuses gagne plus de 1 500 euros mensuels, hors frais et impôts.

"Avon, c'est le revenu principal de la famille", témoigne Murielle Lafue, maman de trois enfants de 2, 9 et 15 ans, dont le mari est sans-emploi. Classé "meilleure manager" de toutes les "ambassadrices" de la marque, elle gère une équipe d'environ 150 personnes.

Cette femme au foyer, qui consacre "15 à 20 heures par semaine" à Avon, pour gagner "500 euros dans les petits mois, et 3 000 euros dans les très gros" espère qu'un repreneur sera trouvé, "pour continuer à faire bouillir la marmite".

"Six mois c'est très peu pour redresser une affaire", juge de son côté Sonia Da Silva, une gardienne qui travaille pour Avon pendant ses heures de repos, déposant "des catalogues à la sortie de l'école" ou relançant des clientes au téléphone.

"On est moins protégés que des salariés, si ça ferme, on n'aura rien", déplore cette vendeuse à domicile depuis 28 ans, qui raconte stocker chez elle "des placards complets" remplis des fiches de renseignements des "1 500 à 1 800 vendeuses" qu'elle a formé pour Avon depuis le début de son activité.

Le groupe américain Avon, fondé en 1886, est un des leaders mondiaux de la vente directe, présent dans plus de 100 pays avec plus de six millions d'ambassadeurs et ambassadrices qui vendent des cosmétiques, mais aussi des accessoires de mode et pour la maison. Il affiche un chiffre d'affaires annuel de 11 milliards de dollars.

Selon les syndicats, les produits Avon sont fabriqués en Pologne, revendus à la filiale espagnole qui les conditionne et les stocke, avant d'être distribués en France. Avon France reverserait 2% de son chiffre d'affaires au groupe au titre des royalties.