AFP
9 oct. 2013
Bangladesh: nouvel incendie meurtrier dans une usine fournissant de grandes marques
AFP
9 oct. 2013
SRIPUR (Bangladesh), 09 oct 2013 (AFP) - Un important incendie dans une usine textile au Bangladesh, fournissant indirectement du tissu pour de grandes marques internationales comme Carrefour ou H&M, a fait sept morts mercredi, nouvelle illustration des carences de sécurité de l'industrie textile du pays.
Les pompiers ont lutté toute la nuit contre le feu qui a ravagé l'usine Aswad Knit Composite à Sripu, dans la banlieue de Dacca. L'immeuble de deux étages continuait de se consumer par endroits en début de matinée mais la police a assuré que le feu était désormais circonscrit. "Deux corps ont été retrouvés et rendus aux familles. Cinq autres ont été retrouvés carbonisés", a dit Amir Hossain, le chef de la police locale à l'AFP, revoyant à la baisse un premier bilan de neuf morts.

Un correspondant de l'AFP a trouvé sur place des carnets de commandes datés de septembre contenant des noms de clients dont l'américain Gap, le britannique Next, le suédois H&M, l'Australien Target et le Français Carrefour. Un livret d'échantillons à la marque George (groupe Walmart) a aussi été repéré.
Gap, Carrefour, Next et H&M ont démenti se fournir directement auprès de cette usine, qu'aucun d'eux n'avait par conséquent audité, mais ont indiqué qu'ils avaient un accord de sous-traitance avec sa maison-mère Palmal Industries, l'un des principaux fabricants textiles au Bangladesh. "Cette usine ne fabrique pas de vêtements pour H&M, aussi nous n'inspectons pas cette usine", a dit une porte-parole du groupe, Andrea Ross, par email à l'AFP. Elle a cependant reconnu que l'usine fournissait indirectement du tissu et du fil à H&M mais "nous n'avons pas de relation d'affaires directe avec l'usine concernée", a-t-elle dit. Un responsable de Gap au Bangladesh, sous couvert d'anonymat, a fourni une réponse semblable. Carrefour a également indiqué n'avoir pas de relation directe avec l'usine ayant brûlé mais que son fournisseur Aswad Composite Mills 2 s'approvisionnait en tissus auprès de cette usine. Le Britannique Next a indiqué qu'une fois la cause de l'incendie connue, il reverrait ses procédures et la nécessité de contrôler plus avant la chaine de ses fournisseurs.
"Une nouvelle alerte rouge"
Selon des ouvriers, le feu semble avoir été déclenché mardi soir par un problème sur une machine à tricoter qui avait déjà pris feu à plusieurs reprises dans le passé. L'un d'eux, Mohammad Saan, a expliqué que le feu s'était répandu de la machine au sol de l'usine avant de se propager à un hangar. Auparavant, policiers et pompiers avaient évoqué un départ de feu depuis une chaudière.
La plupart des 3.000 employés de l'usine avaient déjà quitté leur travail au moment du déclenchement de l'incendie, selon le responsable de la police. En novembre 2012, l'incendie de l'usine Tazreen avait fait 110 morts. Des documents avaient montré que des vêtements Walmart y avaient été fabriqués sans l'autorisation du groupe. La catastrophe la plus marquante a été l'effondrement en avril du Rana Plaza, immeuble de neuf étages d'ateliers de confection dans la banlieue de Dacca, qui a fait 1.129 morts.
Le Bangladesh est le deuxième exportateur de vêtements au monde, fournissant notamment des grands noms tels que l'américain Walmart, Carrefour ou encore H&M. Pilier de l'économie, le secteur, avec ses 4 500 usines, représente 80% des exportations annuelles s'élevant à 27 milliards de dollars. Les conditions de travail et de sécurité y sont encore très en deçà des normes internationales et les incendies ne sont pas rares.
"Il est assez évident que les règles de sécurité n'ont pas été respectées" à l'usine Aswad, a estimé Kalpona Akter, directeur du Bangladesh Center for worker solidarity (BCWS) à l'AFP. "Ce feu est une nouvelle alerte rouge pour les distributeurs occidentaux qui n'ont rien fait pour la sécurité de millions de travailleurs textiles au Bangladesh", a-t-il ajouté.
La grande majorité des trois millions de travailleurs ne gagnent qu'un salaire de base mensuel de 3.000 taka (38 dollars américains) - soit l'un des plus bas au monde - suite à un accord tripartite entre les syndicats, le gouvernement et les fabricants signé en août 2010. Des milliers d'entre eux ont manifesté pendant quatre jours en septembre pour réclamer un salaire minimum de 100 dollars par mois, bloquant les routes et investissant des usines.
Par Kamrul KHAN
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