Bernard Arnault veut devenir belge

A entendre les medias grand public durant le week-end, c’est une sorte de bombe côté français qu’a publié Le quotidien belge la Libre Belgique en fin de semaine en révélant que Bernard Arnault avait déposé un dossier pour obtenir la double nationalité franco-belge.

Un sujet d’autant plus sensible que le gouvernement et le président de la République ont confirmé ce week-end la promesse de campagne du candidat Hollande de taxer à 75% les hauts revenus, ou plutot la tranche au dessus de 1 million d’euros.

Nombre de medias ont fait le rapprochement entre cette demande en quelque sorte d’asile économique et le durcissement de la politique fiscale française.

Bernard Arnault, via son agence de communication, a répondu qu’il restait résident fiscal français et que c’était pour ses affaires qu’il avait demandé la nationalité belge. Il est aussi connu que le patron de LVMH connait bien au point d’en être ami l’homme d’affaires belge Albert Frère qui lui aurait conseillé de demander cette double nationalité selon certains medias.

D’autres ou les mêmes évoquaient aussi les accords privilégiés entre la Belgique et Monaco qui pourraient conduire dans un second temps Bernard Arnault à glisser vers la Principauté.

Pour obtenir la nationalité belge, il faut des conditions. Propriétaire d’un domicile à Bruxelles, Bernard Arnault est surtout né à Roubaix, donc aux portes de la Belgique. Son père, Jean Arnault, y était patron d’une entreprise de travaux publics. Il lancera dans les années 70, sous l’impulsion de Bernard, l’entreprise de construction Férinel d’appartements de tourisme notamment. On trouve trace de ses appartements sur les fronts de mer de nombre de stations balnéaires françaises.

Sa première épouse est une Dewavrin, un nom bien connu parmi les grandes familles ayant dominé le textile du Nord. A noter que celle-ci est remariée à Patrice de Maistre, l’ancien gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, l’autre milliardaire française, aujourd’hui inquiété par la justice!

En France, l’affaire tombe d’autant plus mal que le chef d’entreprise a été reçu il y a peu de jours par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, à qui il a pu confier tout le mal qu’il pensait de la taxation des plus riches tout en omettant, là aussi selon certains sources, d’évoquer sa demande de naturalisation belge.

Bernard Arnault aurait d’ailleurs tellement peur de la gauche au pouvoir qu’il s’était installé aux Etats-Unis après la victoire de François Mitterrand en 1981. Il y avait créé Ferinel INC.

Reste le sentiment d’un manque de solidarité avec un pays qui, selon certains de ses concurrents, l’a bien servi notamment au début de sa carrière dans la mode et le textile.

C’est au milieu des années 80 en effet que Bernard Arnault rachète avec l’aide de la banque Lazard et de son dirigeant Antoine Bernheim une société qui s’appelle la Financière Agache.

Le nom ne dit plus grand chose aujourd’hui. Comme le nom de ses propriétaires, les frères Willot, dont le groupe textile est alors en pleine débandade. Seulement, dans la Financière Agache, il y a Conforama, le Bon Marché… Et Christian Dior. Bernard Arnault ne s’intéressait véritablement qu’à ce nom en sommeil. Mais il est obligé de racheter le groupe en totalité.

Pour cela, l’Etat français, qui plus est le gouvernement socialiste de Laurent Fabius (!), lui versera près de 2 milliards de Francs. Il s’engageait de son coté à ne pas licencier les quelque 16000 salariés du groupe. Un promesse qu’il n’eut en fait pas à tenir puisque très vite il revendit les activités textiles pour ne garder que Christian Dior et le Bon Marché. Une promesse qui ne fut d’ailleurs pas reprise par le nouveau propriétaire.

Son entrée chez Vuitton date, elle, de 1988. Il vient au secours des familles propriétaires à la recherche d’investisseurs. Divergence de vues sur la stratégie entre les familles justement et mésentente tout simplement entre elles auront permis à Bernard Arnault de prendre le pouvoir chez LVMH lors d’une OPA qui a défrayé la chronique à l’époque.

Véritable entrepreneur et financier hors pair, il sait donc aussi être plus qu’audacieux dans ses actions. On ne peut que comprendre à la lumière de cet historique la réaction vive des dirigeants d’Hermès quand ils ont vu arriver au sein du capital de leur maison le milliardaire français!

On peut se demander aussi l’impact sur la motivation des équipes du groupe LVMH de voir la première fortune de France et la quatrième mondiale selon le magazine Forbes de s’inquiéter à ce point de l’évolution de sa situation fiscale en France.

Manifestement, la bombe lancée par La Libre Belgique pourrait avoir des effets à retardement.

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