AFP
25 oct. 2010
Bettencourt: la lutte pour la prise de contrôle de L'Oréal s'intensifie
AFP
25 oct. 2010
Liliane Bettencourt, ici en 2007 - Photo: AFP Patrick Kovarik |
Intox ou pas? Paris Match évoquait jeudi l'existence d'un courrier envoyé en août par le camp de Liliane Bettencourt à la partie adverse suggérant à Françoise Bettencourt-Meyers de céder une partie de ses parts dans L'Oréal à un de ses fils, ce dernier devant ensuite succéder à son père Jean-Pierre Meyers au conseil d'administration du groupe.
Un tel schéma, sautant une génération, rappelle celui mis en oeuvre dans dans la succession des Agnelli chez Fiat en Italie.
L'information avait été confirmée à l'AFP de source proche de la milliardaire. Vendredi, Le Figaro allait plus loin, évoquant cette fois-ci le souhait de Liliane Bettencourt de tenter d'écarter non seulement son gendre, mais aussi sa fille, du conseil du groupe, au profit de leurs deux fils.
Dans la foulée, les avocats de la milliardaire ont remis en cause l'existence de ce document.
"Je ne sais pas qui aurait dit ces choses-là dans l'entourage de Mme Bettencourt", a déclaré Me Pascal Wilhelm à l'AFP: "Je n'ai envoyé aucune lettre en ce sens, et à ma connaissance, Mme Bettencourt non plus".
"Ce n'est pas un schéma auquel Liliane Bettencourt a réfléchi et qu'elle voudrait mettre en oeuvre. C'est astucieux mais ce n'est pas à l'ordre du jour", a de son côté déclaré Me Georges Kiejman.
Mais dans la partie de poker menteur entre deux camps qui semblent toujours cacher une carte dans leur manche, la révélation de cette lettre -- réelle ou pas -- a tout de la contre-attaque savamment orchestrée après la nouvelle demande de placement sous tutelle de Liliane Bettencourt, déposée début octobre par sa fille.
Un placement sous tutelle de Liliane Bettencourt aboutirait en effet sans doute à son départ du conseil d'administration du groupe, où elle siège aux côtés de sa fille et de son gendre. Les trois, d'ailleurs, y votent "en bloc", assurait encore récemment le président du conseil Lindsay Owen-Jones.
Officiellement au moins, pour l'héritière du géant des cosmétiques, sa fille et son gendre ne poursuivent d'ailleurs qu'un but dans la lutte qui les oppose: mettre la main sur le groupe à l'origine de la fortune familiale pour le céder au suisse Nestlé, deuxième actionnaire de L'Oréal derrière la famille.
Ces derniers ont toujours formellement nié de telles intentions.
Mais Liliane Bettencourt s'en inquiète au point d'avoir envisagé de revenir sur la donation des parts familiales à sa fille et à ses petits-enfants effectuée en 1992.
Elle avait alors cédé en nue-propriété ses parts dans le groupe à sa fille et à ses petits-fils, elle-même en conservant l'usufruit. La manoeuvre lui permet aujourd'hui encore d'exercer les droits de vote et de toucher les dividendes (278 millions d'euros en 2009) liés à ces actions, qui représentent 30,9% du capital du groupe.
L'Oréal, pour l'image duquel M. Owen-Jones s'est récemment dit "soucieux" en raison de l'affaire Bettencourt, continue en tout cas à se porter bien: il a engrangé au 3e trimestre un chiffre d'affaires en hausse de 14,6% à 4,85 milliards d'euros.
Pesant près de 52 milliards d'euros en Bourse, L'Oréal emploie quelque 65.000 personnes dans le monde entier.
Par Martin de MONTVALON
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