Ce n’est pas une boutique classique que Bleu de Paname va ouvrir dans le cadre de l’inauguration de la Cité de la Mode et du Design, le 13 avril prochain. Les fondateurs de la marque parisienne, qui a notamment réinterprété vestes de comptoir et vêtements de travail et revendique une fabrication et un sourcing français, ont séduit les porteurs du projet parisien avec un concept original.

Collection Bleu de Paname automne-hiver 2011. Photos Bleu de Paname

"Nous avons été soutenus par l’équipe de Comme des Garçons (Les deux marques ont déjà collaboré ensemble, ndlr), explique Thomas Giorgetti. L’idée est d’utiliser une partie de la cellule de 110 mètres carrés pour réaliser une friperie. On installe une grande tente militaire pour présenter des pièces que l’on est allé chiner, comme des survêtements suédois, des vestes de la poste espagnole, ou des uniformes de l’armée suisse avec une vente au kilo. L’idée c’est aussi de montrer quel est l’héritage de la marque et de proposer ces produits à des tarifs intéressants". Car toutes les pièces sont dans les tons des bleus de travail ou des vêtements militaires.

L’équipe, qui a signé pour un bail de six mois, prépare d’ailleurs plusieurs vagues d’arrivages de produits et promet pour l’été une opération avec la veste M65 utilisée par l’armée américaine au Vietnam. "C’est une pièce iconique. De Niro la porte par exemple dans Taxi driver. Elle a été réinterprétée par quasiment tous les designers. On a eu la chance de dénicher un lot de 150 pièces que l’on va nettoyer et juste retoucher pour qu’elles soient de nouveau opérationnelles. Ensuite on va organiser un événement autour", promet Thomas Giorgetti.

Mais, même si elle s’inspire de l’univers ouvrier, la marque Bleu de Paname est positionnée sur un créneau casual-street assez pointu. Aussi elle ne présente pas que de la fripe dans le nouveau lieu des quais de Seine. Le Made in France étant l’un de ses points forts, la marque installe également un atelier à la Cité de la mode et du design. "Bien sûr, on ne va pas dévoiler notre savoir-faire sur les pièces les plus pointues de notre collection, expliquent les fondateurs. On va avoir deux personnes sur place dont un mécanicien qui va monter des prototypes. On aimerait aussi mettre en place des 'workshops' avec l'IFM sur le vêtement de travail. Et pourquoi pas des conférences sur le Made in France avec nos fournisseurs dans les Vosges".

Les vestes de café, chemises en chambray ou pantalons fatigues de la marque seront donc aussi présents. Elle est aujourd’hui présente dans plus d’une vingtaine de points de vente pointus de l’Hexagone et dans une douzaine de boutiques au Japon.

Bleu de Paname privilégie le relationnel avec les boutiques distribuant la marque en réalisant des exclusivités comme ici pour l'inauguration du Dover Street Market de Ginza à Tokyo. Visuel Bleu de Paname

Et Bleu de Paname ne souhaite pas grandir trop vite. Après des approximations les premières saisons, la marque a affiné son organisation logistique. Elle enrichit par petites touches sa collection féminine baptisée cette saison "Belle gambette" qui reprend les thématiques masculines. Elle vient aussi d’expérimenter le t-shirt sur lequel elle avait jusque là fait l’impasse avec un T’s sérigraphié Ici c’est Paname. Et pour l’hiver prochain, elle concocte ainsi une ligne underwear. Mais elle explore surtout le potentiel des collaborations avec Comme des Garçons au Dover Street Market Ginza de Tokyo, mais aussi avec les boutiques indépendantes françaises. "Cela fait partie de la relation de confiance que l’on a avec eux. On peut réaliser des petites séries et convenir avec eux des pièces qu’ils souhaitent avoir dans leur boutique, précise Christophe Lépine. Ils ont des exclusivités et cela nous permet d’avoir des retours sur des expérimentations".

Si, d’un point de vue commercial, le quartier de Paris où se situe la Cité de la Mode et du Design a encore tout à prouver, pour Bleu de Paname les événements organisés dans ce lieu, comme le salon Capsule, devraient aussi lui permettre d'élargir sa visibilité.