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10 juin 2015
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Bonobo développe un denim recyclé pour la rentrée

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10 juin 2015

Pour la rentrée de septembre, la toute dernière innovation technique de Bonobo s’affichera en grand dans les 360 boutiques de la marque de jeans française. La marque du groupe Beaumanoir présentera Rebirth à ses clients : sa première ligne créée à partir de jeans recyclés. En vitrine, s’affichera une installation avec le slogan "Rebirth, le premier jean qui renaît de son fil". Une initiative qui s’inscrit dans le volet développement durable de la marque baptisé Instinct. Celui-ci représenterait aujourd’hui 10 % de l’activité de Bonobo.

Le visuel qui pourrait accompagner la mise en place de Rebirth dans les magasins Bonobo pour la rentrée - Bonobo jeans


Pour ce premier essai, Rebirth se compose de deux jeans chez la femme à 59 euros, de deux jeans chez l’homme à 69 euros et d’un teddy en denim. Pour son développement, Bonobo s’est rapprochée de deux partenaires. Plusieurs initiatives exploitent le jeans comme isolant pour le bâtiment. Le défi de Bonobo : créer sa propre filière de matière première recyclée pour produire ses jeans.

"Il y a six ans, Bonobo était parmi les premières marques à proposer à ses clients une réduction pour un ancien jean ramené en magasin pour être recyclé par notre partenaire Le Relais. Aujourd’hui, beaucoup d’autres enseignes nous ont emboîté le pas mais nous continuons à travailler avec Le Relais, explique Xavier Prudhomme, le directeur général de la marque. Nous avons amorcé le projet Rebirth il y a près de deux ans et avons travaillé sur cette approche éco-responsable. L’aspect innovation française était vraiment intéressant."

Innovation française
Bonobo met alors au point avec la société la Filature du Parc à Brassac, à proximité de Castres, un procédé pour créer un nouveau fil issu de jeans usagés. La filature dirigée par Fabrice Lodetti, l’une des dernières de France, a su se différencier, conserver et attirer des clients en développant il y a six ans un brevet sur le recyclage de la laine pour la réalisation de fil cardé. Une expertise qui a incité les équipes de Bonobo à travailler avec la société familiale tarnaise pour trouver une solution avec le denim. "Le cheminement a pris du temps car il leur a fallu trouver le bon procédé pour conserver une longueur de fil suffisante et résistante, précise le dirigeant de Bonobo. Il fallait aussi que le produit final entre dans notre offre qui se situe entre 29 et 89 euros. Cela n’avait pas de sens de développer un produit à 199 euros".


Fabrice Lodetti des Filatures du Parc, Xavier Prudhomme de Bonobo, Eric Gunzle, des Filatures du Parc et Guillaume Manero, responsable du Relais de Mazamet, encadrent la balle de jeans recyclés prête à être filée. - Fashionmag


Bonobo s’est aussi associée au Relais, une société de l’économie sociale et solidaire issue d’Emmaus, qui récolte et valorise les textiles et chaussures usagés. Son centre de Midi-Pyrénées trie ainsi les jeans pour le recyclage de Bonobo. "Pour que les machines de la Filature ne soient pas perturbées, nous devons trier les jeans qui ont au moins 98 % de coton. Puis nous trions entre les clairs, les foncés et les intermédiaires, détaille Pierre Duponchel, le dirigeant de la structure française. Nous coupons ensuite un short pour ne conserver que les jambes. Nous découpons enfin les coutures des jambes pour obtenir des pièces de coton qui seront utilisées par la suite".

La matière est ensuite effilochée selon le procédé mis au point par la Filature du Parc. Il faudra ensuite la mélanger avec du polyester recyclé afin d’obtenir un fil qui servira de fil de trame du futur jeans. Au final, la matière recyclée des deux jeans est nécessaire pour réaliser un nouveau jeans. Le fil de chaîne est lui en coton classique.

Le défi de l'industrialisation
La ligne Rebirth joue d’ailleurs avec l’originalité de ce fil de trame laissant discrètement apparaître son bleu léger sur ses pièces. Bonobo avance toutefois prudemment sur ces nouveaux produits. "Sur septembre, nous allons valoriser cette innovation. C’est un parti pris fort car par le passé les opérations sur l’éco-responsabilité n’ont pas forcément été les plus apporteuses de chiffre. L’idée est de faire toucher du doigt au consommateur ce que nous avons réalisé, appuie Xavier Prudhomme. La série est limitée, avec une quinzaine de pièces, nous allons ensuite utiliser les retours clients et les indicateurs dont nous disposons. Nous allons prendre le temps sur l’été pour envisager les développements".

Car si le projet est intéressant d’un point de vue technique mais aussi écologique (l’économie d’eau en ne produisant pas le jeans est majeure), encore faut-il que les produits séduisent les clients. Pour l’heure, par exemple,  les produits ne contiennent pas d’élasthanne et limitent ainsi la réalisation de coupes slim.

Seule une réponse positive du consommateur incitera les protagonistes à investir pour affiner et industrialiser le process. Et, à l’instar de ce que tente G-star avec sa ligne Raw for the Ocean en plastique recyclé, convaincre d’autres acteurs de se lancer dans ce nouveau sourcing.

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