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Broussaud : la petite fabrique de chaussettes qui grimpe façon "start-up"

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AFP
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15 oct. 2013

LES CARS (France), 15 oct 2013 (AFP) - Aymeric Broussaud, héritier de la fabrique de chaussettes éponyme aux Cars (Haute-Vienne), près de Limoges, a repris en 2006 l'entreprise familiale aux méthodes vieillissantes pour surfer avec succès, en pleine crise du textile, sur la vague du retour du "made in France" et l'explosion de l'e-commerce.

Photo Broussaud.


C'est ainsi que cette fabrique d'une trentaine de salariés vient d'être choisie par le chanteur Stromae pour créer une ligne de chaussettes haut de gamme et branchée. Sous quelques semaines elle en livrera près de 5.000 paires.

Une commande comme une autre pour ce patron de 38 ans au style de grand ado, qui connaît l'histoire de chacun de ses salariés et fabrique aussi pour Jean Paul Gaultier ou Stella McCartney .

Chez Broussaud, il développe depuis sept ans une sorte d'esprit start-up appliqué à l'industrie.

"Comme tous les autres, mes parents n'ont rien vu venir, eux aussi ont cassé les prix pour remporter les marchés en misant sur les volumes plutôt que la qualité", analyse-t-il. Ainsi, dans les années 80, l'entreprise produit près de 2,5 millions de chaussettes par an.

Aymeric, rentré chez Broussaud à la fin des années 90 avec un diplôme en force de vente, a tôt fait d'anticiper ce que va engendrer la mondialisation. "Dès 2004, lors de mes premiers voyages professionnels, je leur ai dit que nous allions droit dans le mur. Mais les bénéfices étaient encore confortables, ils n'ont pas compris".

En prenant sa retraite en 2006, le père d'Aymeric liquide l'héritage des grands-parents.

La rencontre qui a tout changé

Le jeune homme s'apprête à racheter une toute petite partie de l'entreprise, lorsqu'il rencontre Alain Berest, une personnalité qui va changer le cours des choses.

Ingénieur de formation et fin connaisseur de l'économie mondialisée, celui-ci s'est mu, à l'âge de la retraite, en une sorte de Pygmalion. "Après avoir détruit des emplois pendant une bonne partie de sa carrière, il juge désormais que le monde va en dépit du bon sens et il n'a qu'un but : promouvoir le maintien du savoir-faire 'made in France' et de l'emploi qui va avec, en réinventant l'entreprise", précise Aymeric Broussaud.

"Il m'a proposé de s'associer. Il a racheté l'intégralité de l'entreprise, et m'a laissé la direction", poursuit-il.

Le duo entre l'aîné à l'approche décapante et le cadet grand connaisseur d'internet fait aujourd'hui des étincelles.

"Nous avons décidé de recentrer la production sur des marchés de niche qui conçoivent la chaussette comme un accessoire de mode à part entière, sur le made in France et la qualité,", et "nous avons été les premiers sur le net", se félicite-t-il.

Entre 2006 et 2013 l'usine est ainsi passée de 10.000 paires de chaussettes par an à près d'un million. L'entreprise, qui affichait l'an dernier un chiffre d'affaires de 3 millions d'euros, devrait doubler celui-ci en 2013.

Aymeric veut "continuer à développer la production française actuellement à 40%, pour réduire l'importation, malgré tout difficile à supprimer totalement", certains clients privilégiant le coût. L'objectif est d'inverser ces 40/60 au profit de la production française à l'horizon 2015.

Le tout en "évitant de devenir trop gros". "La clé du succès, affirme-t-il, c'est d'avoir une petite structure où l'information circule, où l'on a la souplesse de répondre immédiatement à n'importe quelle demande, même la plus farfelue, et où l'on peut maintenir un rapport direct avec le client".

Pour Emmanuelle Plescoff, cofondatrice de la marque de chaussette dandy chic, "Royalties", dont tous les modèles sont fabriqués aux Cars, "Broussaud a su instaurer avec ses clients des rapports de confiance et une collaboration proche du partenariat", un mode de rapport qui "n'a pas de prix, ou plutôt si, mais beaucoup plus modique que ce que l'on pourrait croire".

Elle se rappelle aussi que, lorsque son associé et elle ont voulu lancer leur marque made in France, "de grands industriels du textile français nous ont répondu que ça ne serait pas viable sans passer par leurs filiales délocalisées. Aymeric nous a prouvé le contraire".Par Julie CARNIS

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