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11 juil. 2012
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Brunello Cucinelli: le segment moyen de gamme n’est plus de la compétence de l’Italie

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11 juil. 2012

Brunello Cucinelli fait le point après le succès sans précédent de l’introduction à la Bourse de Milan, le 27 avril dernier, de sa marque spécialisée dans le cachemire haut de gamme. L’entrepreneur donne son point de vue sur les nouveaux marchés ainsi que sur l’Italie, qui devrait se recentrer, à son avis, sur des produits de très haute qualité.


Brunello Cucinelli

FashionMag : Qu’est-ce qui a changé pour vous depuis votre introduction en Bourse ?
Brunello Cucinelli : A vrai dire pas grand-chose. Je m’étais juré de ne regarder le cours du titre que deux fois par jour. Mais je ne peux m’empêcher de le suivre quatre fois par jour ! En réalité, j’ai décidé en 2010 de coter mon entreprise, gérée de manière familiale depuis 33 ans. Dès l’an dernier, je me suis donc préparé à cette introduction en suivant les règles de gouvernance des sociétés cotées. Cela a été une très belle expérience. C’était la première fois, que le monde nous regardait de l’extérieur.

FM : Quels sont vos objectifs aujourd’hui ?
BC : La cotation ne doit pas nous pousser à croître de manière exagérée. Nous voulons rester une seule et unique marque située dans la partie haute du segment en continuant à produire avec une très grande qualité. Je ne crois pas au luxe accessible. Un vrai produit de luxe doit être très bien fait et peu distribué. Nous produisons tout en Italie, à 80% dans notre région de l’Ombrie, où 8000 personnes âgées de 39 ans en moyenne travaillent pour nous, mais aussi en Toscane, Vénétie et dans les Marches. Et nous exportons 75% de nos produits dans 54 pays.

FM : Comment voyez-vous l’avenir ?

BC : Nous attend une période de grande splendeur. Ce sera un siècle d’or ! C’est ce que l’on respire en fréquentant les nouveaux marchés comme la Chine, l’Inde, le Brésil, le Mexique, où un nombre grandissant de consommateurs a désormais un pouvoir d’achat équivalent à celui d’un occidental. Il y a largement la place pour les très belles entreprises du Made in Italy. Le monde entier est fasciné par notre savoir-faire. Et l’Europe dans son ensemble reste le premier marché au monde avec ses spécificités que tout le monde nous envie: les voitures allemandes, les champagnes français, le goût italien, etc.

FM : L’Italie est en crise pourtant…
BC : Depuis six, sept mois, l’Italie a complètement récupéré en crédibilité. Mais il est vrai que le pays est touché par la crise économique. Question mode et textile, force est de reconnaître, que le segment moyen de gamme n’est plus de la compétence de l’Italie. Notre pays a sa propre identité. C’est sa grande capacité artisanale qui est appréciée à l’international. Il est clair qu’à court terme, beaucoup de PME italiennes identifiées avec ces produits positionnés dans un segment moyen vont se retrouver en difficulté.

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