Cambodge: nouvelle enquête sur un responsable blanchi de tirs sur des ouvriers

PHNOM PENH, 08 jan 2013 (AFP) - Les autorités au Cambodge vont rouvrir une enquête contre un ex-gouverneur, suspecté d'une fusillade contre des manifestants l'an passé et récemment blanchi dans une décision de justice controversée, a indiqué mardi le gouvernement.

"Le ministre de la Justice a envoyé une lettre au procureur général de la cour d'appel lui demandant d'enquêter à nouveau sur cette affaire pour parvenir à la justice pour tous", a indiqué le porte-parole du ministère Sam Pracheameanith à l'AFP.

En réponse, le procureur s'est joint à l'appel déposé par les avocats des victimes, a-t-il ajouté.

Trois ouvrières d'un fournisseur du géant mondial de la confection Puma avaient été blessées le 20 février 2012 lorsqu'un homme avait ouvert le feu sur des milliers d'employés d'usines textile de la province de Svay Rieng (est) qui réclamaient de meilleures conditions de travail.

Le gouverneur de la ville de Bavet, Chhuk Bundith, avait été limogé puis inculpé en avril pour blessures involontaires. Mais le dossier a été clos sans suite en décembre, provoquant la colère des victimes et des groupes de défense des droits de l'Homme qui dénonçaient la culture de l'impunité dans le pays.

"Je suis contente de cette évolution. Je veux que justice soit rendue", a commenté Bout Chinda, dont le poumon avait été perforé par une balle.

En décembre, Puma s'était déclaré "déçu que justice n'ait pas été rendue près d'un an après le crime" et avait espéré que le gouvernement ferait "tous les efforts possibles pour condamner l'auteur".

L'industrie textile, source très importante de devises pour la fragile économie cambodgienne, emploie quelque 400.000 personnes, en majorité des femmes. Le secteur avait été secoué en 2010 par un grand mouvement social portant sur les conditions de travail dans l'ensemble de la filière.