AFP
12 nov. 2013
Cambodge : un ouvrière textile tuée par balles lors d'une manifestation
AFP
12 nov. 2013
PHNOM PENH, 12 nov 2013 (AFP) - Une femme a été tuée mardi au Cambodge lors d'une manifestation d'ouvriers du textile fournissant de grandes marques internationales qui a été réprimée à balles réelles par la police, ont dénoncé des ONG.
"Ma mère a reçu une balle en pleine poitrine alors qu'elle vendait du riz sur le bord de la route", a témoigné auprès de l'AFP sa fille, Vong Voleak, qui a assisté au drame.
La police a fait usage de tirs à balles réelles, ainsi que de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes, ont dénoncé des défenseurs des droits de l'Homme.
"La violence d'aujourd'hui et la mort d'une passante innocente est un nouvelle exemple de la brutalité policière", a dénoncé l'ONG respectée Licadho.
Le Cambodian Center for Human Rights a "fortement condamné la tournure violente prise par les évènements" et a appelé les autorités à enquêter sur cette mort.
Celles-ci ont confirmé la mort de la femme, sans souhaiter commenter l'usage de balles réelles. "La police va enquêter pour déterminer si la femme est morte d'un tir de balle réelle ou d'autre chose", a déclaré à l'AFP le porte-parole de la police militaire Kheng Tito.
Des témoins ont évoqué plusieurs blessés. Un journaliste de l'AFP a vu des policiers frapper des manifestants après leur interpellation, certains en sang.
La manifestation a dégénéré quand plusieurs centaines d'ouvriers de cette usine fournissant de grandes marques occidentales ont décidé de marcher sur la résidence du Premier ministre Hun Sen, en plein centre de la capitale Phnom Penh.
Des pierres ont été lancées par les manifestants sur la police, selon le porta-parole de la police militaire.
Plusieurs moines bouddhistes étaient venus gonfler les rangs des manifestants, qui réclament de meilleures conditions de travail.
Plusieurs centaines de policiers anti-émeutes avaient été déployés dans Phnom Penh pour cette manifestation organisé par les ouvriers de l'usine du groupe singapourien SL Garment Processing, qui fournit des marques comme Gap ou H&M.
Cet été, les ouvriers de l'usine avaient cessé de travailler après une visite d'inspection menée par un responsable flanqué de policiers armés, une mesure destinée à intimider les travailleurs, selon les syndicats. Et 4 000 d'entre eux avaient défilé.
Le secteur textile, crucial pour l'économie cambodgienne, emploie quelque 650 000 ouvriers, dont 400 000 pour des sociétés exportatrices.
Les manifestations se sont multipliées pour dénoncer les conditions de travail. Les syndicats se plaignent notamment d'évanouissements collectifs, attribués à la sous-alimentation et au surmenage.
Dans une étude publiée en juillet dernier, l'Organisation internationale du travail (OIT) soulignait que les conditions du travail des ouvriers cambodgiens s'étaient détériorées.
Le royaume a échoué à faire des progrès dans des secteurs clés comme la sécurité des ouvriers, la sécurité incendie et le travail des enfants, précisait l'organisation.
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