Baiser pape-imam de Benetton: une publicité "plutôt ironique" (Mitterrand)

PARIS, 17 nov 2011 (AFP) - Frédéric Mitterrand a affirmé jeudi 17 novembre ne pas avoir été "choqué" par le photomontage montrant le pape Benoît XVI embrassant sur la bouche un imam du Caire, présenté puis retiré mercredi par Benetton, le ministre de la Culture y voyant plutôt une publicité "ironique".

"Je ne suis pas du tout choqué. (...) Benetton a toujours fait des publicités chocs, il y en a eu des un peu plus choquantes que celle-là, celle-là est plutôt ironique", a estimé le ministre sur iTélé.

"Il y a une régression incroyable. Il y a 30 ans, Luis Bunuel faisait un film, "La Voie lactée" (réalisé en 1969, ndlr), où on fusillait le pape... Des gens étaient choqués, d'autres pas, et voilà", a-t-il rappelé.

"Les artistes sont dans leur rôle qui est d'assurer la contestation de l'ordre établi", a ajouté le ministre, soulignant que la "religion est une affaire privée qui jouit heureusement de l'absolue tolérance de l'Etat laïc".

Pub Benetton: l'Eglise "pas dupe" d'un "buzz assez indigne"

"La ficelle Benetton est grosse, vraiment grosse", a estimé Mgr Podvin le porte-parole de la Conférence des Evêques de France, déplorant "cette façon de monter une pub qui se veut réconciliatrice du monde". "On trouve que c'est quand même gros de dire nous voulions réconcilier la planète", mais "on n'est pas dupe". "Et curieusement, paradoxalement, dès que cela offense, c'est à 20H00 qu'on retire le projet, c'est quand même gros", a-t-il analysé. "Pour nous, c'est du buzz, on veut faire du buzz, et la preuve c'est que cela marche", a-t-il jugé.


"Nous prenons acte du retrait. C'est une information qui soulage beaucoup de monde (...), mais nous ne sommes pas dupes de ce retrait. Nous sommes convaincus que ce retrait était déjà lui-même dans un plan de Com", a-t-il ajouté, considérant que ce "buzz est assez indigne".
"Beaucoup de gens nous ont dit depuis hier soir avoir été très choqués. On a eu des retours de nombreuses personnes, des gens souvent humbles, qui ne comprennent pas pourquoi on s'amuse comme ça", a-t-il poursuivi.

Mgr Podvin a précisé que, pour les évêques de France, "la question n'est pas seulement religieuse". "Dans cette affaire, on est en train de s'en prendre à ceux qui sont quand même des leaders, des référents de la planète", a-t-il souligné.

"Dans la Bible, il y a un texte fondamental qui dit "Honore ton père". Et quand il y a un guide, spirituel ou politique, je trouve qu'il faut faire très attention à ce qu'on fait de son image. C'est ça que nous déplorons", a-t-il ajouté.

Baiser pape-imam Benetton: Christine Boutin appelle à boycotter la marque

La candidate à la présidentielle du Parti chrétien-démocrate, Christine Boutin, a appelé jeudi sur Europe 1 au boycott de Benetton, jugeant que sa campagne de pub montrant notamment un baiser amoureux entre le pape et l'imam du Caire "ne fait que provoquer la haine".

Benetton, qui a intitulé sa campagne "Unhate" ("non-haine"), "s'était un peu calmé et voilà ça recommence", a déploré Christine Boutin. "Figurez-vous que je suis allée la semaine dernière acheter deux robes chez Benetton", mais désormais "ça suffit, il faut boycotter Benetton", a-t-elle ajouté.

Se disant choquée par "l'ensemble" de la campagne, Mme Boutin trouve cependant que le photomontage entre le pape Benoît XVI et l'imam sunnite de l'université égyptienne Al-Azhar, Ahmed el Tayyeb, c'est "le dépassement de tout".

Connue pour ses combats contre le PACS ou l'avortement, Christine Boutin est également consulteur du Conseil pontifical pour la famille au Vatican, un rôle d'expert.

"Aujourd'hui, on est dans un monde qui est très chahuté, où chacun cherche ses repères et je pense que cette campagne qui prétend lutter contre la haine ne fait que l'attiser, entre les peuples et les communautés, et je pense qu'on n'a pas besoin de cela en ce moment", a expliqué Mme Boutin.

Selon elle, "on ne peut pas rire avec la religion", "les religions ne vont plus supporter cela", et la campagne publicitaire, loin d'appeler à l'amour, "ne fait que provoquer la haine".

"Toutes les personnes qui sont choisies sont des personnes d'autorité. Ce sont des chefs d'Etat, ce sont des responsables, ils représentent des peuples et donc ce sont les peuples qu'on ridiculise en même temps", a ajouté Christine Boutin.