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1 août 2015
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Cannes : des commerçants aux anges devant la manne saoudienne

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AFP
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1 août 2015

Des palaces aux boutiques de luxe de la Croisette, à pied ou à bord de bolides rutilants, le millier de Saoudiens arrivé dans le sillage du roi d'Arabie saoudite ne passe pas inaperçu à Cannes, où commerçants et hôteliers se frottent les mains.

La villa occupée par le roi Salmane - Valéry Hache/AFP


Si la venue du roi Salmane, en visite privée dans sa villa de la ville voisine de Vallauris Golfe-Juan, fait sur place nombre de mécontents privés de plage, il fait au contraire beaucoup d'heureux dans la cité des festivals.

Au matin, les Saoudiens arpentent déjà, par familles entières, la Croisette, papillonnant d'un palace à un autre en poussant au passage la porte qui de Chanel, qui de Prada, qui d'Hermès, quelques-unes des multiples griffes de luxe présentes sur la célèbre promenade cannoise. Le long des trottoirs, d'innombrables bolides rutilants aux plaques exotiques sont garés en attendant leurs propriétaires qui, en fin de journée, s'amusent à défiler sur la Croisette avant de tracer vers Saint-Tropez et ses boîtes de nuit...

« Nous avons énormément de chance que le roi d'Arabie saoudite, et avec lui une délégation de plus d'un millier de personnes, ait choisi la région pour ses vacances », se réjouit Michel Chevillon, président du syndicat des hôteliers cannois. « Notre mois de juillet va être exceptionnel, avec un chiffre d'affaires en augmentation de 15 à 20 % par rapport à l'an dernier. En termes d'emploi, c'est aussi beaucoup de contrats supplémentaires car il s'agit d'une clientèle exigeante : il faut mettre du monde à son service. »

Pour les hôteliers cannois, les vingt jours de présence des Saoudiens équivalent à 8 à 9 millions d'euros de chiffre d'affaires, uniquement en hébergement.

Tous les secteurs liés au tourisme en bénéficient. « Mon chiffre d'affaires va augmenter de moitié pendant la période estivale grâce aux Saoudiens, témoigne Sander Smids, un fleuriste néerlandais installé dans la cité des festivals. Tous les jours, le palais nous commande des fleurs, et les palaces aussi. Ce qu'ils veulent, c'est que les compositions soient impressionnantes. Parfois, on a même du mal à les faire rentrer dans la voiture ! »

Dans un salon d'esthétique derrière la Croisette, Zoé, la gérante, confirme : « Oui, des Saoudiennes qui débarquent à l'improviste, on en a pas mal depuis une semaine. Elles prennent soin d'elles, et ce qu'elles veulent, c'est que ça se voit, pas du tout un maquillage naturel, il leur faut du sophistiqué. Elles sont exigeantes, elles veulent être prises tout de suite. »

La plupart sont vêtues à l'occidentale, le plus souvent avec un foulard cachant les cheveux.

Une collègue de Zoé a vu débarquer une princesse, chaperonnée par un garde du corps. « Je lui ai recourbé les cils, raconte-t-elle. C'est une clientèle intéressante car elle ne regarde pas à la dépense. À 200 euros, l'extension de cils, sans compter les produits achetés, le panier grimpe vite. »

Confirmation dans un magasin de prêt-à-porter qui ne vend que du haut de gamme. « Depuis quelques jours, on voit beaucoup de Saoudiens, et on espère en recevoir encore plus en août car c'est environ la moitié de notre chiffre d'affaires, indique la vendeuse. Heureusement qu'ils sont là car les Européens, cette année, n'achètent pas. Ce sont les Moyen-Orientaux qui nous font vivre ! »

Son de cloche différent sous l'auvent du marché Forville. « Nous n'avons pas encore eu de grosses commandes, constate Nicole, qui vend sur un étal la pêche de son mari. Mais bon, il y a aussi des pêcheurs à Golfe-Juan, peut-être en profitent-ils plus que nous ? »

Andrée, vendeuse de primeurs, n'a pas encore vu l'ombre d'un Saoudien dans les allées de ce marché provençal mais elle reconnaît l'impact sur sa propre activité, au travers des commandes effectuées par les restaurants étoilés de la Côte.

Dans ce contexte, les professionnels voient d'un mauvais oeil les critiques sur la « privatisation » de la plage publique de la Mirandole, près de la villa royale. La chambre de commerce et d'industrie de Nice-Côte d'Azur a exhorté jeudi à « stopper la polémique », brandissant « le risque d'un séjour écourté de cette délégation et le risque d'hypothéquer des séjours futurs pendant plusieurs années ».

Michel Chevillon reste confiant : « Un client satisfait revient toujours, note l'hôtelier, et tous les retours indiquent que la délégation saoudienne, globalement, est contente de son séjour. »

Par Vincent-Xavier Morvan

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