Carbios prépare pour 2025 son site de biorecyclage des textiles

A l'occasion de la présentation de ses résultats 2021, Carbios se montre clair en ce mois d'avril: le spécialiste de bio-recyclage des PET (polyéthylène téréphtalate) se donne cette année pour priorité de finaliser son partenariat avec l'indonésien Indorama Ventures. Via un investissement de 150 millions d'euros, les deux structures vont développer en Meurthe-et-Moselle un site à même de bio-recycler 50.000 tonnes de textiles techniques par an, via le procédé développé par Carbios.

A l'heure où la filière textile travaille à retransformer en fil les matières naturelles ou synthétiques en fin de vie, Carbios a cependant choisi une autre direction. Il y a un an et demi, via son procédé de décomposition enzymatique des tissus, "C-Zyme", la structure est parvenue à produire une bouteille réalisée à 100% à partir de déchets textiles colorés. Là où l'approche mécanique du recyclage limiterait encore le recyclage en boucle fermée aux plastiques clairs. Financé par l'Ademe à hauteur de 827.200 euros, le projet a retenu l'attention de l'indonésien Indorama Groupe, qui compte parmi les leaders mondiaux du PET recyclé.

"Notre priorité de finaliser les modalités de notre partenariat avec Indorama Ventures, qui hébergera sur son site français, à Longlaville, la première usine au monde opérant notre procédé de recyclage biologique", explique Emmanuel Ladent, qui a pris la direction générale de Carbios au 1er décembre. "Il s’agira également cette année d’optimiser notre stratégie de commercialisation, tout en poursuivant nos efforts d’innovation sur la fin de vie d’autres polymères".

Le futur site de Longlaville, qui devrait générer 150 emplois directs et indirects, devrait être opérationnel pour 2025. Le futur dispositif serait alors à même de retraiter annuellement 50.000 tonnes de déchets, représentant l'équivalent potentiel de deux milliards de bouteilles produites. Parmi les clients futurs se sont déjà manifestées des sociétés comme le groupe L'Oreal, qui était entrée au capital de l'entreprise en 2019, et mise sur la structure pour de futurs flacons 100% recyclés.

Mais les bouteilles et flacons ne seraient qu'une première étape. "Grâce à notre procédé enzymatique, il sera bientôt possible de fabriquer, à grande échelle, des tee-shirts ou des bouteilles en utilisant comme matière première des déchets textiles en polyester", promet le directeur général. Ce dernier pointe que le dispositif pourra s'appuyer sur les 60 millions de tonnes de matières premières potentielles générées par an dans le monde.

Le projet de Carbios se dévoile progressivement, avec en toile de fonds d'autres vastes projets industriels touchant au recyclage des PET. En début d'année, les groupes Eastman et Loop Industries annonçaient deux projets massifs de recyclage des plastiques et polyester en France, avec notamment pour but de produire de nouveaux fils.

Selon l'éco-organisme Refashion, financé par la filière française du textile-habillement pour piloter la fin de vie des produits textiles, 517.200 tonnes de TLC (textile, linge et chaussures) ont été mises sur le marché en France en 2020. Mais seulement 204.291 ont été collectées sur l'année via les 44.633 points d'apport volontaire (PAV) et triés par 64 centres spécialisés répartis sur le territoire. La même année, les matières synthétiques avaient représentés 62% des 109 millions de tonnes de fibres produites mondialement, dont 52% pour le seul polyester. Sur le marché de ce dernier, le recyclage ne pesait encore que 15% des quantités produites (relire notre dossier dédié aux matières).

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