Carlo Giordanetti (Swatch) : « La montre connectée nous sert à réactiver le dialogue avec le public »

Auteur :

Dominique Muret

Publié le
30 juil. 2015

A l’occasion de ITS (International Talent Support), le concours pour la jeune création de Trieste, dont Swatch est l'un des principaux sponsors depuis trois ans, le directeur de la création, Carlo Giordanetti, raconte à FashionMag.com la stratégie du groupe suisse autour de l’art avec son intention de créer une collection d’art dans son futur nouveau siège de Bienne.

Carlo Giordanetti dévoile par ailleurs les détails du projet de sa toute première montre connectée, la Touch Zero One, dont le lancement officiel a eu lieu ce jeudi 30 juillet… La montre est disponible dès ce 31 juillet en Autriche, à Klagenfurt, puis en Suisse début août, pour arriver dans le reste de l’Europe fin août.

FashionMag.com : Après Apple, vous proposez vous aussi une montre connectée…  

Carlo Giordanetti :  Nous avons lancé notre montre connectée, la Touch Zero One, ce jeudi 30 juillet. Mais il n’est pas question pour nous de supplanter l’Apple Watch ou tout autre montre du genre ! Nous restons une société horlogère, pas de produits électroniques. Il s’agit donc d’une vraie montre, pas d’un gadget électronique. Nous ne la considérons pas comme une montre intelligente. L’homme doit rester intelligent, pas l’objet !

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FM : A quoi ressemble la Touch Zero One ?

CG : Ce type de projet nous sert à rafraîchir nos liens avec les consommateurs et à réactiver le dialogue avec le public à travers de nouveaux langages. Avec la Touch Zero One, nous avons opté pour le sport, qui constitue l’un des deux piliers de Swatch avec l’art. Nous avons choisi en particulier la communauté du beach-volley, puisqu’une application permet aux utilisateurs de la montre de se connecter avec d’autres amateurs de ce sport. Elle intègre par ailleurs des fonctions de compteurs de pas, un suivi de la consommation de calories, etc.

FM : Quel objectif souhaitez-vous atteindre avec cette montre ?

CG : C’est une manière fun de nous connecter avec les pratiquants de ce sport. Un moyen qui nous permet aussi d’être présents sur les réseaux sociaux. A travers l’application spécifique de la montre liée à l’univers du beach-volley, les utilisateurs vont s’échanger des informations, par exemple sur les matchs effectués et leurs résultats. Tout cela va circuler sur le Web et attirer de nouveaux adeptes. Avec une information venant directement de l’utilisateur, il y aura probablement de la part du public une réponse émotionnelle plus forte autour de Swatch.

FM : Comment avez-vous développé cette montre connectée ?

CG : L’idée est venue d’une manière assez naturelle, en raisonnant par rapport au marché. La montre a été développée en huit mois. Notre démarche a été celle de mettre ensemble des éléments concrets. Au final, la Touch Zero One ressemble beaucoup à notre montre tactile Swatch Touch, dont le premier modèle a été lancé en 2011. L’important pour nous était de tout maîtriser en interne.  Microcomposants, senseurs, etc. tout est fait à l’intérieur du groupe.

FM : Avec le sport, l’art est l’autre axe de communication prioritaire pour Swatch. Vous sponsorisez ainsi pour la troisième année consécutive le concours de la jeune création ITS à Trieste, avec un prix spécial dédié à l’art…

CG : C’est la troisième année en effet que nous participons à ITS, où nous avons institué deux prix concentrés sur le talent purement artistique. Le prix Swatch, notamment, permet au vainqueur d’effectuer un stage rémunéré dans notre Creative Lab de Zurich.

Le premier vainqueur en 2013 a intégré notre équipe créative. La gagnante de l’an dernier est partie quant à elle après son stage chez Dries Van Noten, mais elle a laissé des traces dans notre équipe, qui se nourrit de ces nouveaux talents.

Aux 10 finalistes, choisis parmi les candidatures envoyées à ITS pour participer aux autres concours de mode, accessoires et bijoux, nous disons : « Oubliez le produit et votre expertise ! Montrez-nous votre capacité à explorer un univers différent. »

FM : Quels autres projets avez-vous dans le domaine artistique ?

CG : Nous sommes en train de créer une collection Swatch Art avec toutes les pièces collectées jusqu’ici. Comme vous le savez, depuis 1985, nous multiplions les éditions limitées de montres imaginées par des artistes. Nous recevons aussi des œuvres d’art en cadeaux. A cela s’ajoutent les projets d’art réalisés dans le cadre du concours ITS, et les œuvres réalisées par les résidents du Swatch Art Peace Hotel, notre atelier d’artistes créé à Shanghai en 2011 dans un vieil hôtel restauré. Les artistes y restent entre trois et six mois. En partant, ils nous laissent une trace de leur passage. Nous comptons aujourd’hui 150 œuvres.

FM : Où allez-vous exposer cette collection ?

CG : Cette collection est en train de se construire au fur et à mesure avec des parcours différents. L’idée est de l’installer dans un espace qui lui sera dédié au sein du nouveau bâtiment conçu par l’architecte japonais Shigeru Ban, qui accueillera le siège du groupe Swatch en 2017 à Bienne.