Carrefour déçoit en France et dans les émergents au 4e trimestre

PARIS (Reuters) - Carrefour a maintenu sa dynamique de ventes au quatrième trimestre 2013 grâce à un redressement en Espagne, tandis qu'un ralentissement en France et au Brésil ainsi qu'une nouvelle contre-performance en Chine ont déçu les attentes et font chuter le titre en Bourse.

Le chiffre d'affaires a atteint 22,2 milliards d'euros, en baisse de 1,5% en données publiées et en hausse de 3,2% en données comparables, hors essence et effets calendaires, après une progression de 3,0% au troisième trimestre.

En France, où le distributeur réalise 40% de ses ventes et où il voit tous ses formats signer des ventes positives pour le deuxième trimestre consécutif, la croissance organique se tasse cependant à magasins comparables (+2,2% après +3,3%) sous l'effet d'un ralentissement dans les hypermarchés (+1,4% après +3,0%).

La tendance se dégrade en Italie, où le recul s'aggrave (-5,8% en comparable après -3,9%), dans un contexte qui reste, aux dires de Carrefour, extrêmement difficile et concurrentiel, mais où le groupe continue d'investir. Il faudra cependant attendre "encore quelques trimestres" pour récolter les fruits du plan de relance dans le pays, a averti Pierre-Jean Sivignon, directeur financier du groupe.

Seule l'Espagne - troisième marché de Carrefour derrière la France et le Brésil - a réellement surpris avec des ventes en croissance (+0,2% en comparable) pour la première fois depuis 2008. Cette amélioration reste cependant à confirmer, le dernier trimestre ayant été dopé dans le non-alimentaire par des bonus de Noël accordés aux fonctionnaires espagnols.

MOINS BIEN QUE CASINO AU BRÉSIL

Dans les pays émergents, la croissance décélère au Brésil, (+5,6% en données comparables, contre +8,8%), une contre-performance qui contraste avec les résultats de Casino dont la filiale GPA a accéléré la cadence à 14,2% au dernier trimestre 2013. A l'heure où Carrefour veut accélérer son développement dans ce pays sans peser sur son bilan, le directeur financier du groupe, Pierre-Jean Sivignon, a réaffirmé qu'une introduction en Bourse des actifs brésiliens comptait parmi les solutions envisagées pour financer la croissance, notamment sur le format du grossiste Atacadao.

La Chine a elle aussi fortement déçu les attentes, avec des ventes retombées dans le rouge (-3,1%), affectées, aux dires de Carrefour, par un environnement de faible consommation.

Ces chiffres, nettement inférieurs aux attentes en France, au Brésil et en Chine, ont été sanctionnés par le marché, où le titre cède 2,8% à 27,5 euros à 11h48, plus forte baisse de l'indice CAC 40 qui limite son recul à 0,17%. "Les chiffres sont assez faibles", soulignent les analystes de la Société générale dans une note, précisant cependant que le groupe va "sans conteste dans la bonne direction" mais qu'"il y a encore beaucoup de chemin à faire".

Le titre Carrefour, qui a grimpé de 49% en 2013 grâce au redressement de ses performances en France, est aujourd'hui bien valorisé et se traite sur des multiples de 17,2 fois ses bénéfices estimés pour 2014, contre 12,7 fois pour la moyenne du secteur de la distribution en Europe selon des données Thomson Reuters. Le distributeur a conforté le consensus des analystes sur son excédent brut d'exploitation pour l'exercice 2013, se disant "confortable" avec une moyenne attendue de 2,19 milliards d'euros.

Avec Raoul Sachs, édité par Dominique Rodriguez