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9 déc. 2020
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Ces marques horlogères qui voudraient remettre les pendules à l'heure française pour Noël

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AFP-Relaxnews
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9 déc. 2020

(AFP) - Pour Noël, des marques horlogères mettent en avant leurs montres aux composants majoritairement tricolores, une gageure dans un marché dominé par la Suisse et la Chine, mais aussi un atout alors que la crise rend les consommateurs plus regardants sur l'origine des produits.


Un modèle de la marque Pequignet - Site internet Pequignet


"Le premier déconfinement avait engendré une belle augmentation des ventes sur les montres de manufacture et le haut de gamme, les gens voulaient du +français+. Et pour Noël, on espère aussi avoir une flambée de consommation", souligne Aymeric Vernhol, un des quatre dirigeants de Pequignet. Cette maison horlogère est la seule dans l'Hexagone à fabriquer son propre mécanisme, pièce maîtresse d'une montre dont la Suisse et la Chine sont les plus gros fournisseurs.

"Le Calibre Royal, c'est notre pépite. Une idée fixe qui a nécessité six années de développement. Et on lancera début 2021 notre deuxième mouvement maison, Initial, plus simple et moins cher", indique à l'AFP le responsable de Pequignet, basé à Morteau en Franche-Comté, berceau de l'horlogerie hexagonale.

Les modèles équipés du Calibre Royal sont vendus plusieurs milliers d'euros. "On a pris tout ce qu'on pouvait prendre en France, où il y a encore le savoir-faire mais plus les machines ni les investisseurs", déplore Aymeric Vernhol, en référence au déclin de la filière horlogère française dans les années 1970 avec l'avènement des montres à quartz.

Rareté, la production hexagonale mérite donc, selon lui, d'être mise en avant: "le but n'est pas de taper sur la concurrence, mais d'essayer de faire comprendre au consommateur l'importance du fabriqué français."

"Aujourd'hui, on peut vite mettre du bleu-blanc-rouge sur une montre qui est seulement assemblée en France, le Made in France c'est un code douanier et le consommateur n'en est pas toujours conscient", renchérit Florian Chosson, fondateur des montres Routine, reconnaissables à leur tête d'aiguille ornée d'une petite cocarde tricolore.

"Assembler des composants, ça ne fait pas vivre une filière: ce que je cherche à faire, c'est valoriser des polisseurs, des graveurs, des tanneurs, des fabricants de cadran, d'aiguilles, de couronne, de fermoirs, etc.", détaille-t-il.

Miser sur le "revenge shopping"



Les garde-temps Routine intègrent 86% de composants français et 14% suisses. Vendus entre 395 et 525 euros, ils sont les seuls à être certifiés Origine France Garantie.

Même si les ventes 2020 ont été freinées par la crise sanitaire, cette dernière aura "eu le mérite de pointer du doigt l'impact du travail à l'échelle locale", estime Florian Chosson, qui reste confiant car "il y a de plus en plus de projets qui émergent autour des produits français. Et les distributeurs disent que quand des marques françaises sont bien identifiées en boutique, les clients vont tout de suite vers elles".

"Enormément de groupes Facebook ou de forums dédiés à l'horlogerie française ont émergé ces six derniers mois", confirme Emeric Delalandre, cofondateur d'Hegid. La marque propose des montres "évolutives" - d'un montant moyen de 3.000 euros - qui changent d'apparence grâce à différents cadrans se clipsant à volonté sur le coeur mécanique.

"Comme le confinement a touché la Chine avant l'Europe, les retards de livraison ont braqué les projecteurs sur les chaînes d'approvisionnement: beaucoup de gens qui achetaient des montres suisses se sont rendu compte que certains produits étaient certes assemblés en Suisse, mais provenaient d'Asie. Et des marques comme la nôtre ont ainsi eu des opportunités incroyables: cet été, on a pu lancer de nouveaux produits car nos fournisseurs sont français à 85%, suisses à 15%, alors que d'autres marques n'avaient plus de pièces", met en avant Emeric Delalandre.

Pour décembre, Hegid "mise grandement sur le 'revenge shopping'", des dépenses de rattrapage qui viendront compenser une période sans achats, souligne Henrick Gauché, autre cofondateur de la marque.

"Entre l'envie de se faire plaisir, l'animosité contre les marketplaces, sans oublier des paniers moyens qui vont être assez élevés, on est assez confiants. Ce sentiment qu'il faut soutenir notre économie, ça ne va pas tout révolutionner mais ça va peut-être permettre à l'horlogerie française de faire son trou", estime Henrick Gauché.
 

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