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Cheynet & Fils placé en liquidation judiciaire avec effet immédiat

Publié le
3 avr. 2019

Le spécialiste des tissus élastiques pour la lingerie-corseterie Cheynet & Fils a été placé en liquidation judiciaire le 2 avril par le tribunal de commerce de Lyon. Aucun repreneur ne s’est manifesté pour reprendre les 180 emplois de la société, basée à Saint-Just-Malmont, en Haute-Loire.


L'entreprise comptait dernièrement 180 salariés - Cheynet & Fils


L’entreprise avait été placée en redressement judiciaire le 5 décembre dernier pour une durée de trois mois, par la suite prolongée jusqu’au 19 mars. Une situation qui intervenait après que l’entreprise a divisé par 2,5 le nombre de ses salariés lors des deux exercices précédents et tandis que le chiffre d’affaires était tombé l'an passé à 9,5 millions d’euros contre les 11 millions attendus. Pour le directeur général, Kerim Hellali, contacté par FashionNetwork.com, trois grands facteurs ont contribué aux difficultés grandissantes de l’entreprise.

« Il y a d’abord nos clients, qui, dans leur choix d’approvisionnement, ont progressivement privilégier l’Asie à l’Euromed », estime le responsable. « L’autre problème est la conjoncture, qui fait que toute la filière du textile-habillement a eu une année 2018 difficile. Si votre entreprise est en bonne santé, vous pouvez survivre à une mauvaise année. Or, Cheynet & Fils lutte depuis 2015. Et un dernier facteur est lié à la mode : la demande de lingerie-corseterie a énormément évolué. Nos principaux clients ont du mal à s’adapter et leurs ventes se répercutent sur notre chiffre d’affaires... L’an passé, la lingerie, qui représente environ la moitié de notre activité, a chuté de 24 % en chiffre d’affaires, causant une chute de 14 % sur l’ensemble de notre activité. Et tous nos confrères connaissent ce phénomène. Ce problème dépasse Cheynet et Fils. »

Kerim Hellali cite notamment le concurrent direct de l’entreprise altiligérienne, l’autrichien Alga Elastic, lui-même placé en cessation de paiement en janvier et liquidé par la justice locale le 28 février dernier. « C’est un gros problème pour la filière, car si les donneurs d’ordres se retrouvent contraints de chercher leurs composants ailleurs, ils risquent de chercher des pays concentrant l’ensemble de leurs besoins : c’est un cercle vicieux pour l'industrie européenne », déplore le dirigeant.


L'entreprise a connu une chute de 24 % du chiffre d'affaires de son activité lingerie en 2018 - Cheynet & Fils


Pour tenter de dépasser ses difficultés, Cheynet et Fils avait entrepris en 2017 de regrouper ses deux usines sur un seul site, dont les murs seraient vendus pour n’en être que locataire. Faute d’acheteur et de soutien des banques, c’est la communauté de commune qui avait repris le bâtiment pour 1,9 million d’euros. Sur ce montant, 350 000 euros avaient été investis dans l’intégration des machines du second site. Quelque 600 000 euros devaient ensuite être investis dans des machines. Mais les difficultés ont interrompu ces investissements après l’acquisition d’une seule des deux machines de teinture prévues (200 000 euros), d’un bobinoir dédié à la préparation de fils (80 000 euros) et d’un adoucisseur d’eau pour les teintures (20 000 euros).

Dans les derniers jours de l’activité, les salariés de Cheynet & Fils avaient demandé une prime supra-légale, basée sur une partie des revenus générés par la dernière partie du carnet de commandes qu’ils prenaient en charge, pour les dernières semaines. Une demande rejetée par l’administrateur judiciaire, dont la fonction prioritaire est de rembourser les arriérés. Un refus que déplore Kerim Hellali. « Les employés ont tous été exemplaires, jusqu’au bout », insiste-t-il. « La fin de la société s’est faite dans un calme et une dignité extraordinaires au regard de la situation. »

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