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Traduit par
Paul Kaplan
Publié le
10 janv. 2018
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Chic de survie et nouvelle sensibilité chez les Londoniens

Traduit par
Paul Kaplan
Publié le
10 janv. 2018

Peut-être sous l'influence des conjectures sur l'arsenal nucléaire de Donald Trump et Kim Jong-un qui ont circulé sur les réseaux sociaux ces derniers temps, la semaine de la mode masculine de Londres, qui s'est tenue du 6 au 8 janvier 2018, est apparue survivaliste chic. On a rarement vu autant de mannequins emmitouflés et surprotégés par les créateurs. Cela dit, même dans un monde post-apocalyptique, nombreux sont ceux qui continuent à arborer des logos - le branding à outrance éclaboussait la plupart des podiums. Pourtant, les défilés distillaient une ambiance plus douce, plus agréable que d'habitude, particulièrement incarnée dans la collection la plus réussie de la semaine, celle de Grace Wales Bonner sur la créolité. Nous avons sélectionné cinq tendances majeures au cours de la Fashion Week masculine de Londres, qui a duré quatre jours et accueilli plus d'une cinquantaine de défilés et de présentations.
 
Survivalistes et aventuriers


Craig Green Automne-Hiver 2018 - Archiv


Craig Green a nommé lui-même son audacieux défilé : "Des nomades atteignent les nouvelles frontières de la connaissance de soi". Le créateur a présenté des hommes aux allures de chamanes, avec plusieurs couches de vêtements et des manteaux à capuches en coton gaufré, mais des chamanes britanniques, parsemés de motifs Union Jack.

Belstaff - qui a présenté une incroyable collection de vestes de motards anciennes, notamment une Trialmaster à quatre poches de 1963 ayant appartenu à Steve McQueen - a fait défiler des vestes en nylon stretch à trois couches ultra-techniques, parfaites pour une petite randonnée dans l'Arctique. Quant à Christopher Raeburn, il a choisi des vêtements de vrais durs, réalisés dans des imprimés osés - des salopettes de mécaniciens de la Royal Air Force qui se transformaient en parkas, en manteaux et en pantalons - mais coupés en néoprène orange. Impossible enfin de ne pas adorer la collection Ugly/Boys du nouveau label en vogue Jordan Luca, avec ses pièces uniques en nylon, ses casquettes matelassées et ses foulards.

Encore plus de volumes


Christopher Raeburn Automne-Hiver 2018 - Archiv


Raeburn a présenté des pardessus gigantesques, réalisés à partir de couvertures de la marine russe. Le très surveillé duo chinois Pronounce proposait pour sa part des manteaux immenses en nylon, qui traînaient sur le sol. Sans oublier les parkas gonflantes d'Alex Mullins et ses trench-coats aux faux airs de robes de bal. La drôle de collection cowboy d'Astrid Andersen comprenait des pantalons en jacquard ultra-larges, tandis que sa collection tailleur pour Sag Furs faisait usage de gallons "aériens" techniques, qui donnaient l'impression que les manteaux en renard tricoté se décollaient du torse des mannequins.
 
La nouvelle sensibilité 


Grace Wales Bonner - Automne-Hiver 2018 - Londres - © PixelFormula


Une sensibilité parfaitement incarnée dans le grand moment de mode orchestré par Grace Wales Bonner, inspiré par l'histoire d'un jeune homme retournant sur son île natale dans les Caraïbes après un long séjour à Paris. Le résultat : des silhouettes et des coupes dignes de Yves Saint Laurent. D'élégants mannequins arpentaient avec langueur le podium, vêtus de cabans minimalistes à gros boutons, de blazers désaxés et de pantalons marins évasés. Sa bande-son ? L'Adagio d'Albinoni joué sur des percussions en métal. 

Le défilé de Kiko Kostadinov avait lieu au bureau central des quakers, mouvement religieux épris de paix. Ses invitations : des petites fleurs coupées dans des enveloppes en plastique. Le titre de sa collection : Obscured by Clouds (obscurci par les nuages, ndlr). Et si les vêtements étaient principalement inspirés du sportswear, une grande douceur se dégageait de ses pantalons de jogging en nylon, de ses anoraks amusants et de ses accessoires en formes de mini-camisoles de force.
 
Logomania


Kent & Curwen Automne-Hiver 2018 - Archiv


La griffe la plus en vue du menswear londonien, Kent & Curwen, qui compte David Beckham parmi ses propriétaires, avait mis des logos sur presque toute sa collection - des roses brodées avec l'année de la fondation de la marque, 1926, des chardons, des initiales K&C, des lions...

Les mannequins épiques de Raeburn étaient plastifiés, avec des sangles siglées au nom de la marque. Sans oublier les écussons Ben créés pour la plus importante collaboration de la saison, celle de Ben Sherman et Henry Holland.
 
L'effondrement du tailleur classique


John Lawrence Sullivan Automne-Hiver 2018 - Archiv


La semaine de la mode londonienne suffoquait autrefois sous le poids du tailleur traditionnel, exécuté parfaitement par les vénérables maisons de Savile Row. Cette saison, ces dernières brillaient par leur absence, alors qu'une nouvelle génération de créateurs s'en tirait à bien meilleur compte, de John Lawrence Sullivan avec ses costumes allongés de mafieux japonais à Alex Mullins et ses costumes colorés dignes des zoot suiters. The Crown fait peut-être un tabac sur Netflix, mais le constat est sans appel : le bon vieux tailleur britannique est mort et enterré.

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