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30 janv. 2019
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Christèle Merter (La Gentle Factory) : « Prouver qu’une autre mode, durable, est possible »

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30 janv. 2019

Christèle Merter est désormais seule à la tête du label qu’elle a fait naître en 2013 en interne chez Happychic. Le groupe nordiste, qui se restructure, vient en effet d’annoncer la cession de cette jeune marque de mode à vocation durable à sa fondatrice, épaulée d’investisseurs. L’occasion de questionner l’ambition de cette ingénieure textile et entrepreneuse, qui a du même coup levé un million d’euros pour faire grandir La Gentle Factory. Un label qui habille l’homme et la femme, et s’est fait connaître grâce à ses tee-shirts et sweats à message (et en coton bio).


gée de 43 ans, mariée et mère de trois enfants, Christèle Merter est diplômée de l’ENSAIT et a occupé durant 10 ans la direction qualité et développement durable d’Happychic, avant d’y fonder La Gentle Factory - DR


Fashionnetwork.com : Vous quittez le groupe Happychic avec la marque que vous avez lancée en son sein. Pourquoi opérer cette séparation ?

Christèle Merter :
Il était assez naturel de prendre notre envol. La construction de nos collections s’inscrit hors du calendrier classique et tant notre business model, que notre positionnement prix et notre stratégie de développement sont aujourd’hui différents des autres enseignes du groupe. Au départ, en lançant La Gentle Factory comme la quatrième marque d’Happychic, il était question d’ouvrir un réseau de magasins : or, nous nous sommes rendus compte que ce n’est pas adéquat pour une marque positionnée sur ce créneau, notamment en termes de rentabilité. Avec la cession, nous avons arrêté totalement notre collaboration avec le groupe, même si nous continuerons à nous donner des nouvelles !

FNW : Quel est le modèle de distribution de La Gentle Factory et quel est votre objectif ?

CM :
C’est de construire autour de nous un véritable écosystème de revendeurs indépendants qui nourrissent un positionnement commun : l’écoresponsabilité comme la boutique « Front de mode » à Paris ou « Les Curieux » à Lyon, ou l’aspect made in France avec par exemple « Léon et Augustine » à Périgueux. Je n’imagine pas La Gentle Factory comme une simple marque, mais plutôt le rouage d’un écosystème (fournisseurs, produits, revendeurs…) qui prouve qu’une autre mode - durable - est possible. Pour produire 400 000 pièces l’an dernier, nous avons fait appel à 60 partenaires dans l’Hexagone (tricotage, tissage, teinture, confection…). Cela fait aussi sens de réaliser des collaborations avec des personnes qui portent les mêmes valeurs, à l’instar de notre récente capsule avec la marque de jeans 1083, qui est un vrai succès business. Notre but cette année est de doubler notre réseau multimarque, qui se compose aujourd’hui d’une soixantaine d’adresses, et de réaliser un chiffre d’affaires supérieur à un million d’euros.


« Clientèle plus urbaine, pouvoir d’achat plus élevé, consommation moins impulsive », sont les caractéristiques des adeptes de la marque - La Gentle Factory


FNW : Qui vous épaule dans cette nouvelle étape ?

CM :
Cette reprise s’accompagne de l’arrivée de plusieurs business angels au capital de l’entreprise et du soutien du fonds d’investissement local Finorpa, permettant d’opérer une levée de fonds à hauteur d’un million d’euros. Parmi ces investisseurs se trouvent deux experts du digital et la marque pourra bénéficier de leur expérience car c’est un canal de vente majeur (un tiers de ses ventes, ndlr).

FNW : Côté produit, allez-vous faire évoluer votre offre ?
 
CM :
Nous confirmons le cycle que nous avons choisi de mettre en place il y a neuf mois, c’est-à-dire de proposer une ligne d’intemporels pour homme et femme, disponibles tout le temps, pour fidéliser la clientèle, à laquelle s’ajoute une capsule mensuelle appartenant à un thème qui change chaque saison. Pour le printemps-été 2019, c’est la préservation de l’eau qui a guidé notre réflexion, et la gestion des déchets est le thème choisi pour l’automne-hiver 2019/20. Nous sommes contre l’obsolescence programmée des vêtements !

FNW : Vous ambitionnez à terme de « devenir la première marque de mode française responsable et engagée ». Qu’est-ce que cela signifie ?

CM :
Gagner en notoriété. Si un jour, en demandant à des consommateurs vers quelle marque ils se tourneraient pour acheter un vêtement durable et français, ils citent La Gentle Factory, alors on aura gagné. Je pense que nous avons un boulevard devant nous. Notre écosystème doit grandir et nous répondons à toutes les questions que se posent des personnes qui souhaiteraient se lancer ou transformer leur activité. Je ne vois pas les autres labels écoresponsables comme des concurrents, au contraire, je suis convaincue que plus on sera nombreux, mieux ce sera !

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