AFP
19 oct. 2005
Colère des salariés de la chaussette de Romilly-sur-Seine
AFP
19 oct. 2005
PARIS, 19 oct 2005 (AFP) - Les salariés de l'usine de chaussettes Jacquemard de Romilly-au-Seine (Aube), victimes de leur quatrième plan social en sept ans, sont montés mercredi à Paris "voir le Ministre" de l'Emploi, crier leur colère et demander "un plan d'urgence" pour sauver le "textile" des périls d'Asie.
En cette saison d'automne où plans sociaux, liquidations et redressements judiciaires tombent dans ce secteur au rythme des feuilles mortes, les salariés de dizaines d'autres établissements textiles auraient pu se joindre à eux.
Guillaume Sarkozy, président de l'Union des Industries textiles (UIT) et lui-même patron d'une PME - Tissage de Picardie - placée en redressement judiciaire depuis, avait annoncé ce désastre économique dès le 23 septembre, indiquant que chaque mois neuf entreprises textiles en moyenne déposent le bilan en France.
D'environ 100.000 aujourd'hui, le nombre d'emplois dans le secteur devrait passer "à entre 50.000 et 60.000 d'ici cinq à six ans", avait estimé le frère de Nicolas Sarkozy, en qualifiant ce processus d'"absolument inéluctable".
Le patron du textile avait mis en cause la concurrence chinoise, qui repose selon lui sur des "bases inéquitables" parce que "la monnaie chinoise est trafiquée et que la Chine a le droit de copier nos créations".
Depuis, sa sombre prophétie se réalise chaque jour, touchant des établissements installés souvent depuis des lustres dans des villes et gros bourgs de province, telle la fermeture annoncée le 12 octobre dernier du fabricant de toile à matelas "Les Coutils", installé depuis le XIXème siècle à Laval.
D'autres à Echirolles (Isère), Châteauroux (Indre), Bonnetable (Sarthe), Castres (Tarn), Lavelanet (Ariège) ont été "liquidés", "redressés" où "victimes de plans sociaux" depuis le 23 septembre, sans oublier ces marques renommées comme "Petit Boy", "Coq Sportif" et "Dim", redressés ou cédés.
"Ca fait 10 ans qu'on connaît les quotas chinois et rien n'a été préparé par nos gouvernants pour nous en prémunir", se révolte François Robert, délégué CGT de l'usine de Romilly-sur-Seine.
"Ici dans l'Aube on nous appelait Romilly-la-Chaussette. Aujourd'hui, nos effectifs sont passés de 1.000 à 259 salariés après le 4ème plan social depuis 1998", explique Marie-José Fresse secrétaire (CGT) du Comité central d'entreprise.
Et de regretter la "faiblesse des mesures" d'accompagnements des salariés licenciés puisque, selon elle, "3 ans après le 3ème plan social de 2002 seuls 18 salariés sur 215 ont été reclassés".
Des reclassements rendus d'autant plus difficiles "par le fait que fabriquer des chaussettes pendant 25 à 30 ans de sa vie ne les facilite pas", reconnaît Philippe Crindal, délégué CFE-CGC de l'usine installée depuis 1918 à Romilly-sur-Seine.
Pourtant en avril dernier le PDG, Gérard Labouze, s'était félicité de l'achat d'une usine en Roumanie. "Si l'on n'avait pas notre usine roumaine, on ne serait plus là": face à la déferlante du textile chinois, le fabricant de chaussettes Jacquemard, garde un pied en France, l'autre en Roumanie, mais, prudent, ne pose qu'un orteil en Asie, avait-il déclaré.
L'intersyndicale (CGT, CFDT, FO et CFE-CGC) de Romilly reçue mardi après-midi au ministère de l'Emploi, a demandé pour le texte un "plan d'urgence national" identique à celui dont la sidérurgie a bénéficié dans les années 80, a indiqué le responsable de la CGT-Textile, Maurad Rabhi.
Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 Agence France-Presse
Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. L'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.