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9 sept. 2019
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Comment aider les marques à accélérer leur transition écologique ?

Publié le
9 sept. 2019

Dans le cadre de sa série de conférences sur le thème d'une mode plus responsable, le salon Who’s Next, qui s'est tenu à Paris jusqu'au 9 septembre, a fait appel à Maéva Bessis pour aborder le sujet de la transition écologique des marques. La directrice générale de La Caserne, le futur accélérateur de la mode responsable qui ouvrira ses portes en janvier 2021, a fait réagir sept acteurs du secteur sur cette problématique.
 

Mirae choisit des tissus naturels pour ses collections - Mirae


A ses côtés étaient présents Camille Le Gal et Laure Betsch de l’entreprise de sourcing et confection écoresponsable Fairly Made, Edith Cabane, co-fondatrice de la joyeuse griffe Mirae, Caroline Rey, co-fondatrice de la marque de tailleurs féminin 17h10, Christèle Merter, directrice de la Gentle Factory, Jérôme Malavoy, la plateforme de modélisation de la chaîne d’approvisionnement Transparency One, et Sandrine Pannetier, directrice générale du cabinet de prospective LeherpeurParis. Articulée autour de trois points, la conférence abordait le sourcing des matières premières, la traçabilité de celles-ci et les volumes de production.
 
Le sourcing
Camille Le Gal et Laure Betsch, de Fairly Made, ont réussi à mettre au point une bibliothèque de matières recensant quelque 800 tissus écoresponsables, dont elles ont utilisé certains pour leur toute récente collaboration avec la griffe Des Petits Hauts. Pour séquencer ces centaines d’étoffes, les deux entrepreneures ont mis au point un découpage entre matières naturelles, synthétiques et cellulosiques. « En général, les matières responsables sont 10 à 15% plus chères que les classiques, mais sur les grandes quantités, cette hausse peut être lissée », précisent les fondatrices de Fairly Made.

Une problématique que la griffe Mirae a rencontré. A cause de ses productions en petites éditions et ses matières le plus responsables possibles, la marque a été contrainte d’augmenter ses prix quelques mois après son lancement, pour des raisons de rentabilité. Les créatrices, Edith Cabane, Camille et Tara Jarmon ont choisi de ne pas communiquer sur le sujet mais ont expliqué leur démarche à chacune des clientes qui les ont contactées à ce sujet. « Quand nous sélectionnons nos tissus, le choix se porte sur des matières certifiées Oeko-Tex et nous excluons le synthétique. Mais surtout, il faut que l’étoffe soit désirable », souligne Edith Cabane.
 
La traçabilité
La Gentle Factory, elle, fait le choix de remonter toute la filière, afin d’être certaine que tous ses critères éco-responsables sont respectés. Car maîtriser sa chaîne de valeur n’est pas chose facile. C’est pour cette raison que Jérôme Malavoy a monté Transparency One. « La plateforme fonctionne comme un réseau social. La marque demande à ses fournisseurs de rang 1 de donner des informations bien ciblées sur ses matières, qui demandent à leurs fournisseurs de rang 2, etc. En moyenne, nous constatons sept rangs de fournisseurs de pénétration sur le marché », explique l’entrepreneur, qui travaille depuis 9 mois avec l’Américain Macy’s et s’est associé à hauteur de 20% du capital de Transparecy One à la multinationale suisse SGS, spécialiste du contrôle, de la vérification et de la certification.
 

La Gentle Factory maîtrise sa chaîne de valeur - Gentle Factory


Une plateforme qui pourrait s’avérer plus qu’utile puisque, remarquent Edith Cabane et Caroline Rey, il est parfois difficile d’obtenir les certifications de ses fournisseurs, qui manquent souvent de temps pour répondre aux requêtes des jeunes griffes.
 
Les volumes de production et la durabilité
Dernier enjeu de taille pour les acteurs présents : la durabilité des produits. « Nous avons construit notre offre là-dessus, avec des produits simples et intemporels. Nous avons notre propre petit laboratoire interne où nous testons les matières puis les produits finis. Et si nous avons un problème avec un modèle, comme cela nous est arrivé avec une chemise qui rétrécissait, nous organisons des ateliers d’up-cycling pour que le produit ne meurt pas », détaille Christèle Merter.
 

17h10 fait appel à des drapiers parisiens - 17h10


Une démarche qui va dans le sens des changements de consommation que constate Sandrine Pannetier : « Socialement, la mode est très critiquée depuis quelques années. On est sur un changement sociétal de fond. Au départ, la fast fashion démocratisait la mode. Aujourd’hui, nous sommes dans une proposition boulimique. Alors désormais, quand on produit, il faut produire bien à tous les endroits, tout en proposant des vêtements intégrant les vestiaires pour longtemps. Nos clients nous interrogent sur ce sujet depuis un moment et certaines marques, en avance, ont déjà trouvé des réponses, souvent des jeunes griffes, qui sont libres et engagées ».
 
L'engagement, donc, mais cela sans pour autant oublier que : « Les vêtements, ce n’est pas fonctionnel, il y a toujours une charge émotionnelle, qu’il faut impérativement recréer ». Edith Cabane abonde en ce sens : « Avec Mirae, nous voulions faire des vêtements qui nous plaisent, la robe que l’on va garder, la jupe que l’on va reporter, pour remettre du sens de la valeur dans l’acte d’achat ».

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