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21 mai 2010
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Comment les entreprises brésiliennes font face à la chute de l’euro ?

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21 mai 2010

Le rêve de la plupart des entreprises brésiliennes est de pénétrer le marché européen. Mais depuis quelques mois, le rêve d'avoir ses produits en vitrine à Paris vire au cauchemar, le glamour coûte cher.


Victor Dzenk: problèmes avec les fluctuations des taux de change


Le Real, la monnaie brésilienne, est flottant et s'apprécie par rapport aux autres. Il y a trois mois, par exemple, l'euro valait 2,61 Reais. A la mi-mai, l'euro était vendu pour 2,31 Reais. En comparaison, l’année passée l'euro valait 2,91 Reais.

Quand l'euro se dévalorise, les produits brésiliens sont vendus en Europe plus chers. Alors que le grossiste européen achetait une robe à 100 Reais pour 38 euros ; aujourd’hui la même pièce lui coûte quelque 43 euros. Cette oscillation a encouragé les entreprises à chercher des alternatives pour éviter de décourager les clients étrangers ou de baisser leurs propres marges.

Pendant le salon Minas Trend Preview, l'un des plus importants salons professionnels du Brésil, qui a eu lieu en avril dans la ville de Belo Horizonte, dans l'état de Minas Gerais, plus de 200 marques de chaussures, accessoires, vêtements et bijoux ont exposé leurs collections.

La marque Victor Dzenk (mode féminine) a commencé à exporter il y a trois ans. Ses ventes à l'international bondissent chaque année de quelque 30 %.
Aujourd'hui, elle dispose de 18 clients étrangers dans des pays comme l'Angleterre, l'Australie, Singapour, Qatar, Koweït et Dubaï. Dans ces trois derniers pays la monnaie d'affaires est parfois l'euro.

En livrant la collection d'été (soit l'hiver) pour le Moyen-Orient en août dernier, l’entreprise a eu une désagréable surprise: au moment de la commande, l'acheteur a payé 30 % d'acompte et réglé la différence une fois livré.
Or, entre le jour de la demande et celui de la livraison, l'euro est passé de 2,85 reais à 2,2 reais, ce qui a représenté une diminution de 19 % de la vente totale. "J'avais des vêtements prêts qui ont été arrêtés à l'usine, en espèrant que l'euro augmente", a déclaré Ana Elisa Dzenk, Directrice de l'entreprise.

Pour contourner le problème, elle fait une estimation de la valeur minimale que l'euro pourrait atteindre sur une période donnée et, après, elle fixe un prix d'achat pour limiter les risques liés au cours de la monnaie. "Le problème est que mon produit arrive chez les Européens plus cher", dit-elle. "Mais je ne peux rien faire".

L'entrepreneur Piacini Wolner, propriétaire de la marque brésilienne Wolp (chaussures) est également confronté au même problème. Actuellement, l'entreprise exporte en Allemagne, en Grèce, en Turquie, au Portugal, en Italie, en Russie et d'autres pays. Bien que les exportations ne représentent que 5 % du total des ventes, celles-ci sont stratégiquement importantes pour la visibilité de la marque sur le marché international. Pour contourner le problème, il a investi dans deux domaines différents. "D'un côté, nous avons changé certains matériaux qui sont moins chers, sans la perte de la qualité, et d'autre part, nous investissons sur certains produits pour avoir un design plus audacieux qui permet de rivaliser sur les marchés étrangers avec un prix plus élevé", explique-t-il.

C'est exactement ce que le Directeur d’ApexBrasil (Agence Brésilienne de Promotion des Exportations) suggère lorsqu'on les interroge sur la façon dont les Brésiliens devront affronter la concurrence des produits étrangers plus chers. Sans donner beaucoup de détails, il recommande que les entreprises se concentrent sur le différentiel. "Nous ne pouvons pas fabriquer des produits qui sont en concurrence uniquement sur le prix. Nous avons besoin de développer les parties qui ont la technologie et le design pour la concurrence extérieure", affirme Mauricio Borges.

Les affaires entre le Brésil et l’Europe dans le secteur de l’habillement ont un grand potentiel de développement, puisque les exportations de l’Union Européenne vers le Brésil ne représentent que 7 %. Les exportations françaises représentent 0,4 %, ce qui signifie 25 millions d’euros, selon l’Institut Français de la Mode. La plupart du marché d’habillement brésilien est fourni par la Chine, c’est-à-dire 78 %.

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