AFP
28 oct. 2009
Crème solaire, pansements: des nanoparticules à même la peau
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28 oct. 2009
ORLEANS, 28 oct 2009 (AFP) - Crème solaire au dioxyde de titane, pansements ou chaussettes aux nanoparticules d'argent : des produits issus des nanotechnologies se retrouvent, parfois à notre insu, sur notre peau. Comment s'assurer de leur innocuité? Comment informer le consommateur?
Ces questions étaient mardi soir au coeur du troisième débat public sur les nanotechnologies organisé à Orléans, après ceux de Strasbourg et Toulouse.
Un nanomètre, c'est un milliardième de mètre. A l'échelle d'une dizaine ou d'une centaine de nanomètres, la matière acquiert des propriétés nouvelles que de nombreux produits tentent d'exploiter.
En cosmétique, "on utilise des nanoparticules pour vous protéger", a plaidé le président de la société française de cosmétologie Gérard Redzinak. Pour éviter les UV sans "ressembler à un Pierrot" tout blanc, le consommateur est invité à utiliser des crèmes solaires aux nanoparticules de dioxyde de titane, un produit "transparent".
Les crèmes aux nanopigments de dioxyde de titane (TiO2) seraient "beaucoup plus efficaces pour arrêter les UV que le produit qui rend tout blanc", selon Francis Quinn (l'Oréal).
Pascal Courtellmont (LVMH), qui fait état d'études en ce sens, a assuré que si la crème solaire est appliquée sur une peau saine (intacte, sans irritation, ni éraflure), "il n'y a pas de pénétration" des nanoparticules dans la peau.
Si le profil toxicologique du dioxyde de titane est connu, "nous n'avons aucune information sur les formes nanos" de cet élément chimique, a rétorqué un toxicologue de l'Agence française de Sécurité sanitaire et des Produits de Santé (Afssaps) Mostafa Ould Elhkim.
Or, comme l'a souligné Aria Pochet, au nom du ministère de la Santé, il y a plus d'une centaine de dioxyde de titane ayant des propriétés différentes, selon la forme ou la taille des nanoparticules.
Les produits "nanos" se révèlent un "monde immense". D'où la nécessité d'études toxicologiques "au cas par cas" pour analyser le mécanisme d'action biologique d'une forme précise de nanoparticule, a expliqué un expert du ministère de la Santé Claude Lambré.
Des études sont en cours, notamment au sein de l'OCDE, la France étant chargée de l'analyse d'un type de nanomatériau au dioxyde de titane, avec de premiers résultats prévus en 2011.
Faute de pouvoir interrompre la production de "toutes les nanos" dans le monde, l'association France Nature Environnement (FNE) exige au moins un étiquetage mentionnant leur présence, pour prévenir le consommateur. "C'est le minimum qu'on puisse exiger", selon Dominique Proy, de FNE
Un règlement européen imposant de mentionner la présence de nanoparticules dans les crèmes à bronzer doit être adopté prochainement.
Mais Anne Dux, de la Fédération des entreprises de la beauté, met en garde contre un étiquetage "anxiogène" qui "risquerait d'induire des refus d'achat", car, dit-elle, "les produits solaires de haut grade contiennent tous des nano-matériaux". Elle met alors en avant le risque de "cancers de la peau".
Encore plus largement utilisées que le dioxyde de titane, les nanoparticules d'argent posent à la fois des problèmes pour la santé et pour l'environnement, a insisté Mme Proy.
Sur une plaie infectée, les propriétés biocides du nano-argent sont d'une "efficacité immédiate" pour tuer les bactéries, mais la plaie peut ensuite tarder à cicatriser, a-t-elle mis en garde.
Quant aux chaussettes sans odeur grâce aux nanoparticules d'argent, elles restitueraient, dès le premier lavage, jusqu'à 80% de ces particules qui peuvent ensuite détruire les bactéries nécessaires à la transformation des déchets dans les stations d'épuration.
Par Annie HAUTEFEUILLE
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