9 965
Fashion Jobs
CHANTAL BAUDRON S.A.S.
Coordinateur de Projet / Bras Droit du Ceo H/F
CDI · PARIS
KSI RETAIL
Responsable de Stock Luxe
CDI · PARIS
SINTEL RECRUTEMENT
Responsable Achats Tissus Production PAP h&f Luxe (H/F)
CDI · PARIS
CHRISTIAN DIOR
Chef de Produit - bu Femme
CDI · PARIS
CHRISTIAN DIOR
da/Chef de Projet Image Digitale F/H
CDI · PARIS
CONFIDENTIEL
Directeur/Rice Régional/e -Rhone Alpes Est
CDI · DIJON
SINTEL RECRUTEMENT
Responsable Achats Tissus Production PAP h&f Luxe (H/F)
CDI · PARIS
ANNE FONTAINE
Coordinateur/Trice E-Commerce Allemagne / Suisse
CDI · PARIS
PACO RABANNE MODE
Acheteur/se Matières PAP et Accessoires - H/F
CDI · PARIS
MICHAEL PAGE / PAGE PERSONNEL
Commercial Packaging France H/F
CDI · PARIS
LACOSTE
IT Project Manager F/H
CDI · PARIS
CHANTAL BAUDRON S.A.S.
Responsable Des Opérations et du Produit H/F
CDI · PARIS
NINA RICCI
HR Business Partner
CDI · PARIS
JEAN PAUL GAULTIER
HR Business Partner
CDI · PARIS
MERCI
Acheteur Maison (H/F)
CDI · PARIS
DECATHLON
Marketing Job(s) Leader- Skills Development Manager
CDI · VILLENEUVE-D'ASCQ
DECATHLON
Product Marketing Manager - Shopping App (F/M/D)
CDI · PARIS
VEEPEE
Responsable de Comptes Stratégiques Secteur Home F/H/x
CDI · SAINT-DENIS
CARTIER
CDI - Responsable Micro-Atelier Polissage (H/F)
CDI · PARIS
VAN CLEEF & ARPELS
Chef de Projet Digital Senior (H/F)
CDI · PARIS
GROUPE ETAM
Contrôleur.se de Gestion Supply Chain H/F
CDI · CLICHY
SHOWROOM GROUP
Juriste Droit Commercial - H/F
CDI · SAINT-DENIS
Par
AFP
Publié le
24 févr. 2016
Temps de lecture
4 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

Crête, sapes et photos : les ados égyptiens pauvres rêvent de célébrité

Par
AFP
Publié le
24 févr. 2016

Torse nu sur une place verdoyante d'un quartier huppé du Caire, Islam, 15 ans, hésite entre une chemise turquoise et un pull noir pour sa séance photos. « Je mets la cravate ou c'est pas la peine ? » demande-t-il, réajustant sa crête de légers coups de peigne.


©Khaled Desouki / AFP


Séance de « shooting » par un photographe de mode ? Casting pour une super-production égyptienne ? Non : derrière l'objectif, un de ses copains va figer Islam sous son meilleur jour, puis l'adolescent va diffuser la photo sur les réseaux sociaux, en quête de commentaires flatteurs et de « like ».

Dans un pays à l'économie en berne, où l'ascenseur social ne fonctionne pas pour ceux qui ne sont pas « bien nés », les ados des quartiers pauvres rêvent aussi d'être « repérés » de cette manière dans un casting pour s'extirper d'un avenir bien sombre.

Arborant des tenues à la dernière mode mais bon marché, la coiffure sophistiquée de Justin Bieber ou de Cristiano Ronaldo, des centaines d'entre eux arpentent chaque jour en petits groupes les beaux quartiers du Caire, pour se faire photographier devant voitures et villas de luxe.

Sur Facebook et Instagram, c'est tout un vaste réseau qui s'est mis en place en quatre ans entre initiés, avec des dizaines de comptes spécialisés souvent appelés « Famous people », permettant à chacun d'exhiber ses clichés.

Conflit générationnel

Avec leur style vestimentaire parfois provocant, ces garçons brisent des tabous dans une société conservatrice, soulignent des experts.

Pour Ziad Akl, sociologue au centre Al-Ahram pour les études politiques et stratégiques, le phénomène est représentatif du « conflit » entre une jeunesse « dont les moeurs et les valeurs sont en train d'évoluer » et une société « qui refuse le changement et la diversité », qu'il s'agisse de la majorité musulmane ou de la minorité chrétienne orthodoxe. « On est en train de redessiner les limites des libertés personnelles », explique le chercheur. Pour ces jeunes, « chacun peut s'habiller comme il veut, se coiffer comme il veut, avoir des tatouages ».

Dans un pays où les 10-24 ans représentent un tiers des quelque 90 millions d'habitants, ces jeunes sont souvent perçus comme un défi car ils investissent l'espace public que le pouvoir tente de verrouiller en interdisant rassemblements et manifestations.

Parcourant les rues ombragées du quartier riche de Maadi, Islam est accompagné d'une dizaine de garçons de 15 à 17 ans originaires d'une banlieue industrielle. Baskets flashy, jeans slim et coupes de cheveux tendance, ils sont vite remarqués quand ils posent adossés aux imposants portails en bois ou en fer forgé des villas de luxe. Chacun a un sac à dos bourré de vêtements, qu'il prête volontiers aux autres pour les photos. Très souvent, un gardien d'une villa cossue leur ordonne de déguerpir.

« A la maison, ils n'aiment pas mes pantalons, ils disent que les vêtements moulants c'est pour les filles, et mon père déteste ma coiffure », glisse timidement Islam. Deux policiers arrivent, confisquent brièvement l'appareil-photo, demandent aux jeunes leur carte d'identité, mais finissent par repartir.

Contrôler les moeurs

Car cette nouvelle tendance n'est pas sans inquiéter l'Etat qui, « comme tout pouvoir autoritaire, veut contrôler la société et ses moeurs », ajoute Ziad Akl. « La police va continuer à résister à ces phénomènes, en ayant recours à des moyens répressifs et aux intimidations du type "où sont tes papiers ? que fais-tu ici ?" », souligne-t-il.

Le public des quartiers riches n'est pas forcément bienveillant, lui non plus. « Les gens nous engueulent, menacent d'appeler la police », témoigne Ahmed Amin, 16 ans, fier de sa page Facebook suivie par 1.300 personnes.

Certains finissent même au commissariat. « Pourtant on ne fait rien de mal, on prend des photos, c'est notre passion et on va continuer », lance cet adolescent, qui a multiplié les petits boulots pendant trois ans pour pouvoir s'offrir un appareil reflex. Aujourd'hui, comme d'autres, il fait payer la séance photos.

Les résistances rencontrées ne dissuadent toutefois pas ces ados, encouragés par la « success story » de Sonek Diab, 21 ans, l'un des précurseurs du phénomène. En se faisant photographier au lycée, ce jeune homme est rapidement devenu une idole. Contacté sur Facebook par une marque de fast-food, il a déjà tourné deux publicités.

Ses dreadlocks étaient sa marque de fabrique. « Dans les centres commerciaux, on m'arrêtait pour se prendre en photo avec moi », se souvient le jeune homme qui veut faire carrière dans la mode et est suivi par plus de 75.000 personnes sur Instagram.

Son parcours fait rêver le groupe d'Islam, et notamment Ahmed Zein, 16 ans. « J'aimerais devenir acteur, mannequin ou présentateur à la télévision », annonce-t-il. En attendant, il suit un atelier de théâtre, dans son quartier populaire.

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 Agence France-Presse
Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. L'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.