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19 sept. 2022
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Crise énergétique: l'industrie textile demande à Bruxelles d'aller plus loin

Publié le
19 sept. 2022

A l'occasion d'un discours, la présidente de la commission européenne Ursula Von der Leyen a le 14 septembre indiqué des initiatives destinées à faire face à la flambée des coûts de l'énergie. Des annonces en partie saluées par les professionnels de l'industrie textile.


La Présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen - Shutterstock


A l'heure où la filière textile européenne a dû faire face aux prix records de 340 euros le mégawatt/heure pour le gaz il y a quelques jours, la confédération Euratex formule une réaction partagée aux réponses proposées par l'UE. La présidence de l'Union a notamment suggéré une prise de distance de l'Union avec le TTF, indice néerlandais servant de référence pour les coûts de l'énergie, mais qui n'a pas été adapté à un marché privé des gazoducs russes et se tournant vers du gaz naturel liquéfié. L'UE souhaite également remettre en cause le principe de "merit order" (ou préséance économique), qui donne priorité au recours aux énergies renouvelables, avant centrales nucléaires, puis centrales à gaz, puis à charbon et fuel.

Une annonce accueillie positivement par Euratex, qui voit dans ce système de préséance un dispositif "qui ne sert plus l'objectif pour lequel il a été conçu". La confédération salue par ailleurs la proposition faite de modifier le cadre des aides d'État. Cadre qui, pour Euratex, devrait inclure l'ennoblissement textile, les services textiles et le secteur des non-tissés, et connaitre une simplification des exigences d'application. La Confédération réclame par ailleurs, de nouveau, une application uniforme de ce cadre dans l'UE, afin d'éviter un déséquilibre concurrentiel.

"Cependant, nous relevons que la proposition de la Commission manque d'ambition et - si elle est confirmée - elle se fera au prix d'une perte de capacité industrielle et d'emplois européens", pointe Euratex. "En fin de compte, l'Europe devrait faire sans son écosystème textile intégré, tel que nous le connaissons aujourd'hui, et sans moyen de traduire dans les faits la stratégie textile de l'UE, pour des produits textiles plus durables et circulaires".

"De nombreuses entreprises ont suspendu leur production "



Euratex tire par ailleurs à nouveau la sonnette d'alarme concernant la survie du secteur. L'instance estime qu'instaurer un plafonnement des prix de l'énergie supérieur à 100 euros le mégawatt/heure va causer l'effondrement des entreprises du secteur.

"Un plafonnement européen ambitieux et significatif du prix de gros du gaz naturel est absolument nécessaire" estime l'instance. Elle ajoute que "L'Europe n'a plus beaucoup de temps pour sauver sa propre industrie (…). Actuellement, de nombreuses entreprises ont suspendu leurs processus de production pour éviter la perte de dizaines de milliers d'euros chaque jour. Nous espérons que cela ne deviendra pas la nouvelle norme".


Shutterstock


Pour souligner le risque encouru par la filière européenne face à ses concurrents internationaux, la filière textile rappelle plusieurs chiffres: aux Etats-Unis et en Chine, les fabricants peuvent compter sur un prix du gaz à 10 euros le megawatt/heure, contre 25 euros pour la Turquie. Ce qui, face aux 340 euros atteints par l'UE, permettrait à ces pays de très facilement remplacer la filière européenne si les prix devaient se maintenir, entrainant désindustrialisation et dépendance accrue aux importations.

Des besoins énergétiques spécifiques selon les étapes de production



La situation touche de façon diverse la filière textile européenne, selon les étapes de productions ou les typologies de matières travaillées. Le secteur des fibres synthétiques est ainsi particulièrement gourmand en besoins énergétiques. Outre l'accroissement massif des factures, ce segment de la filière doit également faire face aux écueils causés par une pénurie de matériaux, et à une hausse des prix de ces derniers.

Le segment des non-tissés est également fortement impacté, la formation, le liage et le séchage des matériaux réclamant de fortes quantités d'énergie. Un écueil qui dépasse le seul cadre de l'habillement, puisque cette filière produit par ailleurs à destination du marché de l'automobile (batteries) ou des protections sanitaires individuelles (masques). La production des linges de lit, blouses et masque pour hôpitaux est en effet mise à mal par la situation actuelle.

Le secteur de la teinture et de la finition connait un problème bien spécifique: difficile d'y remplacer le gaz par une autre énergie. Pour alimenter les bains, la quantité d'électricité qu'il faudrait mobiliser pour remplacer le gaz serait autrement plus massive que la quantité de gaz nécessaire à la même opération.

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