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Dans l'Ain, la revanche dans la lingerie en soie pour d'ex-Lejaby

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21 déc. 2012

BOURG-EN-BRESSE (France), 21 déc 2012 (AFP) - Tout juste un an après la liquidation du fabricant de lingerie Lejaby, son atelier de Bourg-en-Bresse revit: avec 13 de ses ex-salariés, déterminés, Assya Hiridjee, une "pro" du secteur iconoclaste et frondeuse, y a lancé un atelier "de fabrication française" dédié à la soie. "C'était dommage de laisser filer ce savoir-faire dans la lingerie", explique cette entrepreneuse de 47 ans, parrainée par le chantre de la démondialisation Arnaud Montebourg. Elle se dit "fière d'avoir lancé cette aventure humaine", en investissant sur ses propres deniers avec deux associées.

Assya Hiridjee, repreneuse de l'ex atelier Lejaby de Bourg en Bresse. Photo AFP.


Sur seulement un quart du grand plateau anciennement occupé par 88 employés de Lejaby, des machines à coudre ont été réinstallées à l'été. Derrière, des femmes qui y mettent "tout leur cœur et leur âme", selon la chef d'atelier, Françoise Névoret, ex-agent de maîtrise Lejaby, qui salue "une très belle revanche".

Le personnel recruté grâce aux contacts qu'elle avait conservés, qui comprend un seul homme, est ravi d'avoir réinvesti son domaine. "J'ai dû faire des ménages pendant six mois, je ne croisais personne", relate Sylvie, 49 ans, soulagée de retrouver une ambiance "familiale". Patricia, 49 ans dont 30 passés chez Lejaby, a quitté le poste qu'elle occupait depuis un an chez un artisan en literie pour revenir "tenter l'aventure car la lingerie c'est (son) métier". "J'y crois... mais revenez dans cinq ans!", glisse-t-elle, prudente.

Persuadées que leur ancienne marque était rentable, les ouvrières Lejaby de Bourg, mais aussi de Bellegarde-sur-Valserine (Ain) et du Teil (Ardèche), deux autres sites fermés également fin 2010, un an avant la liquidation de l'ensemble du groupe, s'étaient battues pour conserver leur emploi, allant jusqu'à camper devant le siège social près de Lyon durant deux semaines. Elles n'ont pas bénéficié du même élan de mobilisation que l'usine Lejaby d'Yssingeaux (Haute-Loire), menacée de baisser le rideau en pleine campagne présidentielle début 2012.

Le retour d'une poignée de ces femmes laissées sur le carreau a donc un goût amer, d'autant que "nous n'en avons pas fini avec Lejaby", explique Valérie, 44 ans, dont le recours aux prud'hommes doit être examiné avec d'autres au printemps. "L'ancien propriétaire, le groupe autrichien Palmers, a mis la boîte en faillite et n'a pas réglé les indemnités promises", d'après elle.

"Pas rater le coche"

Cette responsable technique, qui s'emploie aussi à la coupe, retrouve les gestes passés. "On fait de belles choses, il ne faut pas rater le coche de la fabrication française", tournant du moment, ajoute-t-elle. Gladys, 23 ans, est la seule couturière à n'avoir pas connu l'époque Lejaby, puisqu'elle se trouvait au lycée pour une formation en lingerie, disparue depuis faute de débouchés. Elle est admirative devant ses collègues: "elles sont hyper rapides, ça me rend dingue...".

En août, cinq ont fabriqué la première collection "Monette Paris" pour le printemps-été 2013, qui combine sous-vêtements chics, à 200 euros l'ensemble, et prêt-à-porter coordonné, à destination des plus de 40 ans. La modélisation se fait à Paris, ainsi que les démarches commerciales, avec une dizaine de personnes. Les matières premières sont européennes, la soie vient d'un fournisseur réputé de la Loire. Entre les productions Monette, l'atelier se consacre à une licence Nina Ricci et à une collection "made in France" pour les super et hypermarchés U, afin d'atteindre le million d'euros de chiffre d'affaires, seuil de rentabilité.

Assya Hiridjee, sœur des co-fondatrices de la marque de lingerie Princesse Tam Tam, avec elle-même 27 ans dans le métier, portait son concept depuis un moment. Arnaud Montebourg, qui était début 2012 le "Monsieur Industrie" du candidat François Hollande, l'avait d'abord conduite à l'usine Lejaby d'Yssingeaux en péril. Mais le géant du luxe LVMH, soutenu par Laurent Wauquiez alors ministre, l'avait emporté et a reconverti les quelque 90 salariés dans la maroquinerie. Ironie du sort, les shortys, jupons et autres bodys chemisiers Monette seront proposés à partir de janvier à Paris au Bon Marché, propriété de LVMH, dont la jeune marque est l'invitée d'honneur.

Par Anne Pascale REBOUL

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