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20 janv. 2006
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Dans la mode, l'éthique devient une tendance obligée

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20 janv. 2006

LONDRES, 20 jan 2006 (AFP) - Les industriels de la mode sont de plus en plus contraints de prouver que le joli vêtement à prix doux n'est pas le produit d'une main d'oeuvre outrageusement exploitée, pour ne pas risquer l'opprobe de consommateurs devenus sourcilleux.


Présentation d'un ensemble de la collection "Per Una", par Marks & Spencer - Photo : John D McHugh/AFP

Nike, Reebok, Gap ont vu ces dernières années leur réputation entachée par des accusations d'exploitation de leurs ouvriers dans des pays en voie de développement.

Depuis, les industriels de la mode continuent certes à chercher le moindre coût de production à l'autre bout de la planète, mais ils s'efforcent en même temps de rassurer les consommateurs sur les conditions de fabrication de leurs achats.

"Il y a maintenant entre 8 et 12 saisons (par an) dans le milieu de la mode", explique Julia Hawkins, porte-parole de l'Ethical Trading Initiative ("Initiative pour un commerce éthique", www.ethicaltrade.org).

"Et cet appétit des consommateurs pour cette mode qui change tout le temps engendre des violations des normes de travail, notamment en termes de travail temporaire", ajoute-t-elle.

La tentation est forte, dans une industrie aussi cyclique que celle de la mode, de tirer le maximum d'une main d'oeuvre au moindre coût en période de forte demande, pour s'en débarrasser ensuite sans trop de ménagement.

Mais l'ETI est à la fois témoin et acteur d'un certain changement: cette association créée il y a huit ans regroupe une quarantaine d'organisations non gouvernementales, de syndicats et d'entreprises afin de mettre en oeuvre des codes de bonne conduite en relations sociales.


Vitrine du magasin de vêtements "Gap" sur les Champs Elysées, à Paris - Photo : Jean-Pierre Muller/AFP

L'industrie de la mode y voit bien sûr son intérêt en terme d'image. "Dans ce secteur extraordinairement concurrentiel, les sociétés tentent de trouver un moyen de se distinguer", analyse Craig Smith, professeur en marketing et éthique à la London Business School.

La chaîne britannique de grands magasins Marks and Spencer a senti le vent du boulet en 1996, quand un documentaire télévisé l'a accusée de recourir au travail d'enfants.

"Nous avons attaqué en justice et nous avons gagné", se souvient Rowland Hill, directeur du groupe chargé de la "responsabilité sociale".

"Mais l'important n'est pas là. On nous a réclamé des documents stipulant nos exigences à l'égard de nos fournisseurs (sur les conditions de travail de la main d'oeuvre locale) et nous ne les avions pas", poursuit M. Hill.

Marks and Spencer se targue depuis d'avoir depuis développé un code de conduite valable sur l'ensemble de ses chaînes de fabrication.

Le géant américain Gap, mis en cause dans le passé, se veut aujourd'hui inattaquable. "Nous avons une équipe de plus de 90 personnes à travers le monde qui surveillent les usines et travaillent avec des partenaires, au sein des gouvernements, dans le secteur privé et dans les ONG, pour améliorer les conditions de travail", fait valoir Dan Henkle, vice-président chargé de la "responsabilité sociale" chez Gap.

"Nous nous sommes rendu compte que nous devions davantage communiquer sur nos efforts, et nous avons publié notre premier rapport sur notre responsabilité sociale en 2003", poursuit M. Henkle.

Les sceptiques voient dans cet affichage de bonne volonté une simple prise en compte du politiquement correct d'aujourd'hui.

M. Smith est plus nuancé. "Un grand groupe n'a pas de conscience, mais nous croyons que les gens qui le composent en ont une, eux", indique-t-il.

Par Maggie ROSEN

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