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AFP-Relaxnews
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19 déc. 2022
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De la difficile réalisation d'un premier ballon de foot 100% made in France

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AFP-Relaxnews
Publié le
19 déc. 2022

Cela fait plus de deux ans que le Français Lionel Bordeaux planche sur un projet ambitieux : fabriquer le premier ballon de foot 100% made in France, dans le but de sensibiliser le grand public à l'empreinte carbone du sport le plus populaire au monde. Un véritable défi.


DR


Le football est décrié pour l'importante empreinte carbone qu'il génère, de la construction de ses infrastructures à la mobilité des supporters et des joueurs, en passant par l'entretien des terrains. Mobilité douce, gourdes dans les vestiaires, stade en bois avec panneaux solaires… Depuis ces dernières années, le football opère toutefois peu à peu sa mue écologique. L’un des exemples les plus emblématiques de cette transition est sans doute le club anglais de Forest Green Rovers, élu club le plus "écologique du monde". Mais il y a un objet trop souvent écarté de l’équation, pourtant central dans la pratique de ce sport: le ballon. À l’exception de quelques projets (notamment un porté par l’association Football Écologie France), cette question n’a jamais été vraiment mise sur la table.

Jusqu’à ce que Lionel Bordeaux, secrétaire général adjoint lors de la COP21 et ancien directeur de la communication de la Mairie de Paris, se lance dans un pari un peu fou: concevoir un ballon de foot entièrement écologique et 100% made in France!

"L’idée m’est venue lors d’un apéro avec des amis. On parlait foot et je me suis dit que le ballon associé au sport le plus populaire au monde était un objet universel et pouvait donc être un bon vecteur pour sensibiliser à l’écologie, si on prenait la peine d’en fabriquer un de la façon la plus éthique possible. J’ai tout de suite pensé que c’était un défi de taille et cela m’a donné envie de le relever", raconte-t-il à ETX Studio.

Un objet inédit qu’il espérait finaliser avant le début du Mondial qui se joue actuellement au Qatar? "C'était une sorte de poil à gratter pour interpeller la FIFA sur l’énorme décalage qui subsiste entre les fondements de cette fédération internationale qui reposaient sur des valeurs humaines et solidaires et ce que l’on observe un siècle plus tard alors que cette Coupe du monde est sans doute la plus problématique de l’histoire du football d’un point de vue humain et environnemental", précise Lionel Bordeaux.

Malheureusement, ce ballon de foot hors du commun n’aura pas vu le jour à temps pour le Mondial. Il faut dire que Lionel Bordeaux, rapidement rejoint par la designer Diane Barbier dans cette aventure, a découvert tous les rouages (ou presque) et les ressorts nécessaires de la production made in France. "Je ne pensais pas que cela était si compliqué", avoue-t-il.

Du lin pour les panneaux, des ligaments de moule pour la mousse



À l’origine, les ballons de foot étaient fabriqués à partir de cuir. Problème : ils n’étaient pas étanches et devenaient trop lourds par temps de pluie, menaçant d'assommer les joueurs s’ils se le prenaient sur la tête ! Dès les années 80, les ballons ont commencé à être plastifiés pour protéger le cuir, jusqu’à ce que le plastique remplace totalement le cuir, la plupart du temps du polyuréthane.

Majoritairement assurée par la marque allemande Adidas, la fabrication du ballon de foot contemporain a été délocalisée dans des usines en Asie au fur et à mesure des années, notamment au Pakistan et en Chine. Tant et si bien que la fabrication du ballon de foot est devenue totalement inexistante en Europe.

Pour Lionel Bordeaux et son associée, le premier défi a donc consisté à trouver des entreprises pour travailler avec eux et réimporter un savoir-faire local. "Cela prend du temps car il faut réaliser des tests avec chacun des entrepreneurs et des fournisseurs, qui sont eux-mêmes confrontés à un nouveau challenge, puisqu’on leur demande de faire des choses qu’ils n’ont jamais faites avant", explique celui qui en connaît désormais un rayon sur les ballons de foot.

Chaque étape de fabrication va faire appel à des artisans différents: la matière première, du ballon (du lin) provient de Normandie, tandis que l’assemblage et les panneaux de l'objet sont réalisés dans une usine située à Montauban. La mousse du ballon est quant à elle conçue à partir de filaments de moule (byssus), récupérés par le biais d'une start-up nantaise.… En tout, sept entreprises sont nécessaires pour ce beau projet. "Nous nous sommes dirigés exclusivement vers des artisans français", précise Lionel Bordeaux. Compte tenu du coût de la main-d'œuvre dans l'Hexagone, un ballon de cette envergure pourrait atteindre un prix de vente unitaire d'environ... 50 euros !

Le premier prototype, espère Lionel Bordeaux, devrait "rouler" dans les mois à venir. Celui qui a quitté la Mairie de Paris et s'est engagé dans plusieurs ONG pro-environnementales finance le projet de sa poche. “Pour l’instant, j’y ai mis toutes mes économies, dans la grande incertitude propre à la recherche et au développement expérimental… Pour la suite, on se laisse différentes portes ouvertes, dont une campagne de crowdfunding. Mais on veut savoir ce que donne notre ballon numéro zéro avant de se décider!", confie Lionel Bordeaux.


(ETX Daily Up)
 

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