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Publié le
4 mars 2023
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5 minutes
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De la robe en spray aux robots, Coperni explore l'innovation scénique

Publié le
4 mars 2023

Confronté à l'épreuve de dépasser le succès médiatique et les millions de vues sur Instagram de l'inoubliable robe en spray réalisée sur le corps de Bella Hadid la saison dernière, Coperni a eu fort à faire. Vendredi 3 mars au soir, tous les regards de la mode étaient tournés vers le duo créatif de Sébastien Meyer et Arnaud Vaillant, confronté au débat complexe entre générer toujours plus d'engouement ou décevoir après leur dernier défilé, que beaucoup ont qualifié d'"historique".


Un dialogue entre humain et technologie - Coperni


La barre placée très haut n'a pas semblé décourager les créateurs de la marque fondée à Paris en 2013, qui ont réuni une poignée d'invités triés sur le volet dans une salle obscure du Théâtre National de Chaillot, au pied de la Tour Eiffel. Une présentation audio déconcertante de la fable de Jean De La Fontaine "Le loup et l'agneau" a ouvert le spectacle, devant un public prêt à découvrir des surprises qui ne se sont pas fait attendre.

En lieu et place d'un mannequin, l'ouverture du spectacle était réalisée par un robot jaune à quatre pattes en forme de chien futuriste, portant le logo de la société d'ingénierie américaine Boston Dynamics, venu rendre visite à l'un des invités du premier rang. Quelques secondes plus tard, une armada de robots identiques a fait son apparition, se déplaçant de manière dynamique, quelque part entre la danse et le jeu.

Le premier look ? Un costume noir sobre, légèrement cintré à la taille et au caractère discret, ne voulant pas voler la vedette aux robots "Spot" qui captent alors encore l'attention de tous les téléphones portables de la salle. Suivent des silhouettes sobres en noir strict, avec des mini-robes à volants ou à capuche, ainsi que des blazers ou des jupes crayon en gris marbré ou des looks minimalistes composés de chemisiers blancs décolletés ou de chemises retroussées sous des pulls en maille noirs à manches courtes. Et quelques longues robes drapées en noir et blanc, décorées de mini-sculptures argentées en forme d'"emoji", qui servent également de broches sur la poitrine de nombreux mannequins, toujours munies d'un sac à main.

Ainsi, les modèles ont agi comme des agneaux dociles dans une première partie du défilé pleine de sobriété jusqu'à l'un des moments forts du show: l'un des cinq robots a dialogué étroitement avec le modèle à l'éclatante chevelure rousse Rianne Van Rompaey. Une séquence chorégraphiée, sous l'œil attentif des flashs, s'est terminée par l'arrachage par le robot de la veste noire. La conversation entre la technologie et les humains s'est poursuivie lorsque le mannequin Lila Moss, fille de l'emblématique top model britannique Kate Moss, a remis son sac à main au même robot, qui le lui a rendu en repassant devant elle.


Coperni - Fall-Winter2023 - 2024 - Womenswear - France - Paris - © ImaxTree


Fidèles à leur style techno et minimaliste, les designers Sébastien Meyer et Arnaud Vaillant ont proposé des looks plus audacieux et décontractés dans la deuxième partie du défilé, accompagnés d'une musique au rythme plus rapide: manteaux structurés oversize, jeans déchirés, robes et tops argentés ou jupes et mini-robes en fourrure blanche. Pendant ce temps, la botte "Bridge" dans une version en caoutchouc revisitée ou une nouvelle interprétation du sac viral "Swipe", précédemment fabriqué en verre "instagrammable", cette fois créé à partir d'une météorite tombée dans le sud de la France il y a 55.000 ans, faisaient partie des accessoires viraux.

La collection automne-hiver 2023 comprenait également une silhouette réfléchissante créée en collaboration avec l'école de mode Les Arts Décoratifs et une veste peinte à la main à partir d'une image créée par une intelligence artificielle. Celle de Coperni était un oui retentissant à l'innovation, trouvant le difficile équilibre entre viralité, potentiel commercial et design commercial dans l'une de ses collections les plus matures à ce jour.

"Contrairement à la fable originale, écrite au XVIIe siècle, qui soulève des questions sur l'équilibre des pouvoirs entre les groupes humains qui composent la société, Coperni réinterprète l'histoire et la déplace en 2023 avec une vision positive de l'avenir", a expliqué la marque à propos de sa révision moderne pour approfondir "la relation entre les êtres humains et la technologie". Pour la firme parisienne, "il n'y a pas de dominant ou de dominé, mais l'homme et la machine peuvent vivre en harmonie". Une philosophie positive et ouverte à l'innovation que Coperni applique depuis ses origines.


Coperni - Fall-Winter2023 - 2024 - Womenswear - France - Paris - © ImaxTree


Le spectacle du soir s'est terminé par un "carrousel" de mannequins autour des cinq robots, qui se sont agenouillés à la sortie du couple de designers. Les humains à l'origine de leurs mouvements ont révélé leurs visages de l'ombre et ont été applaudis par le public, qui est néanmoins resté sur ses sièges pendant plusieurs minutes, incertain que Coperni avait encore d'autres surprises en réserve.

"C'est notre première collaboration dans le secteur de la mode. Nos robots sont habituellement utilisés dans le domaine des industries technologiques et nous sommes contre l'armement ou les applications militaires de robots similaires", a déclaré l'un des responsables de Boston Dynamics à FashionNetwork.com, révélant qu'il est possible d'obtenir un des robots contrôlés à distance via un écran pour le prix modique de 100.000 dollars.

L'idée était bonne et a réussi à séduire les personnes présentes, ainsi que les milliers de likes qui se sont succédé sur les réseaux sociaux, encore loin de l'effet Bella Hadid de la saison dernière. Cependant, si l'on devait ajouter un "mais" à la performance, ce serait l'inévitable froideur de l'impact médiatique prémédité avec des "moments" créés pour la viralité sur les réseaux et calculés au millimètre près. Le jour où Coperni parviendra à allier talent visionnaire et spontanéité, son charme sera fatal.
 

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