Défilés à Milan: une fashion week en demi-teinte

Auteur :

Dominique Muret

Publié le
25 sept. 2012

La semaine de la mode milanaise des collections de prêt-à-porter femme pour le printemps-été 2013 s’est achevée mardi par les défilés consacrés aux jeunes talents. Avec 146 collections pour 71 défilés et 53 présentations, la Chambre de la Mode italienne se dit satisfaite. "La semaine s’est bien passée, elle a attiré près de 15 000 opérateurs, dont 2000 journalistes provenant de 45 pays", indique le président de la Camera della Moda, Mario Boselli. Pourtant l’ambiance n’était pas des plus excitantes. Du jamais vu: de nombreux défilés, y compris de grandes marques, ont eu du mal à faire le plein, avec des parterres désertés à quelques minutes du début des shows. Quant aux top models, on pouvait les compter sur les doigts d’une main !

Les polémiques n’ont pas manqué non plus. En particulier concernant l’organisation du calendrier, exagérément surchargé les cinq premiers jours. Durant la conférence de clôture, le président de la Chambre de la mode a déploré cette situation: "Nous sommes présents dans les calendriers internationaux de la mode jusqu’à fin 2014 avec une semaine pleine de sept jours, que nous avons obtenue en dépit de mille difficultés. Il faut que l’on revienne à ces 7 jours complets et qu’ils soient correctement remplis".

Autre point de discorde, l’annonce surprise en pleine fashion week de l’organisation d’un nouveau salon dédié à la mode femme promu par Pitti Immagine et par Fiera Milano. "Les actuels salons féminins, qui se tiennent durant les semaines de la mode, sont inadaptés car trop petits et fractionnés. Ils rassemblent quelques centaines de marques contre 2000 à Paris. Nous avons invité tous les acteurs du système à s’unir et surtout à avancer ces salons à la période des fashion weeks dédiés à l’homme. La nouvelle proposition du Pitti et de la Foire de Milan va dans le bon sens s’il s’agit d’unir ses forces, mais si cette opération se fait sans repositionner les dates, cela servira à bien peu", a commenté Mario Boselli, qui n’a pas tellement apprécié par ailleurs l’attitude de la municipalité milanaise.

Après avoir proposé le "Palazzo delle Scintille", pavillon historique situé dans l’ancien parc des expositions et congrès de Milan, à la Chambre de la Mode pour y abriter son futur centre de formation "Fashion Institute" ainsi qu’un musée de la mode, la ville de Milan semble avoir changé son fusil d’épaule puisque cet édifice devrait désormais accueillir des salons, dont celui de Pitti et Fiera Milano.

Les organisateurs de la fashion week milanaise ne sont pas revenus sur la difficile situation économique que traverse actuellement le secteur. Mais la Chambre de la Mode et la Chambre de commerce de Milan ont annoncé la constitution de "Capital Moda", un fonds d’investissement qui prendra des participations minoritaires dans des petites entreprises de mode émergentes. "Ce n’est pas une année facile, c’est pourquoi nous avons décidé de lancer ce projet sur lequel nous travaillons depuis quelques mois et qui devrait voir le jour en 2013", explique le secrétaire général de la Chambre de commerce de Milan, Pier Andrea Chevallard. Le fonds devrait être doté dans un premier temps de 30 à 40 millions d’euros et souscrit, à hauteur d’un tiers chacun, par les institutions, par les banques et par les opérateurs du secteur, tels les associés de la Camera della Moda.