Matthieu Guinebault
17 mars 2016
Dentelle : Sophie Hallette veut sauver Desseilles Laces et Codentel
Matthieu Guinebault
17 mars 2016
La maison-mère de l’entreprise Sophie Hallette, le groupe Holesco, annonce avoir déposé une offre de reprise pour les entreprises nordistes Desseilles Laces et Codentel, en mauvaise passe. Offre passant par l’investissement de 1,7 million d’euros et une reprise « conséquente » des effectifs portant sur les métiers garants des savoir-faire. Soit 58 % du total, selon la presse locale, qui parle de 65 emplois sauvés sur 78 chez Desseilles, et d’une reprise de 46 salariés de Codentel, toujours selon la presse locale.
Les repreneurs avaient jusqu’au 15 mars pour déposer leurs dossier. Et la proposition émise par Sophie Hallette vient notamment s’inscrire en opposition à celle émise par un grand groupe chinois. Spécialiste des dentelles et tulles, Holesco voit dans cette dernière issue un nouveau coup porté à un savoir-faire de la dentelle tricolore déjà durement éprouvé.
« Je veux offrir une pérennité à ces deux belles entreprises », explique ainsi le PDG de Sophie Hallette, Romain Lescroart. « C'est aussi un nouveau défi, alors que l'arrivée de nouveaux investisseurs étrangers se présente pour moi comme un risque de plus pour la pérennité d'une filière quasi artisanale. Une filière de haute technicité, fortement exportatrice, où je suis persuadé que beaucoup est à faire au plan technique et sur le terrain. »
Faute de repreneur désigné par le tribunal de commerce, Desseilles Lace pourrait sous quelques jours être placée en liquidation judiciaire. Institution de la dentelle nordiste, l’entreprise a été condamnée à l’issue d’un précédent plan de départ à réintégrer cinq salariés protégés. Un surcoût de 700 000 euros pour l’entreprise, qui affichait déjà l’an passé un déficit de 600 000 euros, sur un chiffre d’affaires de 7 millions d’euros.
La Direction des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte) de la région a, comme Desseilles, fait appel de la décision. Appel qui ne suspend cependant pas l’application de la réintégration. Le tribunal de commerce de Boulogne avait par deux fois en 2014 entériné le bien-fondé de ces licenciements.
« Nous aspirons à un nouveau départ pour ces deux entreprises sur des bases saines et entre interlocuteurs qui se comprennent car baignant dans le même métier depuis toujours », indique Romain Lescroart. « Nous voulons proposer une alternative 100 % Hauts-de-France pour la pérennité de la dentelle de Calais-Caudry. Mon groupe est une entité économique régionale 100 % familiale et 100 % investie dans le métier (…). Comment pourrions-nous être comparés à un investisseur chinois coté en bourse à Shanghai ? »
Le groupe Holesco emploie 297 personnes pour un chiffre d’affaires de 29,4 millions d’euros, réalisés à 85 % via l’exportation vers 60 pays. Il détient le dentellier Sophie Hallette à Caudry et Riechers Marescot à Calais. En 2010, le groupe s’était porté acquéreur du groupe dentellier Noyon. Un plan de continuation avait finalement été préféré à l’offre.
Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 FashionNetwork.com