AFP
17 janv. 2014
Des chantiers suédois au mannequinat, Anthon Wellsjo vit son "équilibre"
AFP
17 janv. 2014
PARIS, 17 jan 2014 (AFP) - Debout dans sa kitchenette, Anthon Wellsjo, 25 ans, blond filiforme aux yeux bleus, se prépare des flocons d'avoine: dans un instant, ce mannequin sillonnera Paris de castings en essayages, une vie aux antipodes de son passé de démolisseur sur les chantiers suédois. "Je n'ai jamais rêvé d'être mannequin. J'ai été démolisseur un moment. Un boulot très dur. Quand je suis arrivé chez Yves Saint Laurent, j'ai eu droit à une manucure et à une pédicure et je me disais: c'est quoi ce monde ?!", raconte à l'AFP cet homme, originaire de Göteborg (Suède), où il a vécu jusqu'à ses 19 ans avec ses quatre frères et sœurs et ses parents, nourrice et ouvrier d'usine.
Avec son visage anguleux qui accroche la lumière, sa silhouette fine et athlétique et son sourire ravageur, Anthon n'a rien d'une diva : en jeans et chemise à carreaux, il avoue que "les vêtements, les boîtes, les appartements de luxe" ne sont pas sa tasse de thé. Il vit dans le XXème arrondissement de Paris, "un quartier populaire qu'il aime parce qu'il y rencontre des gens du monde entier". Dans son studio, un futon, une table, quelques étagères et un meuble-radio années 50 qu'il aimerait bien "faire réparer" constituent son seul mobilier.
Yoga, Gröt
Fashion week ou pas, Anthon a sa routine : huit heures de sommeil, yoga au lever, petit déjeuner au "gröt (porridge en suédois), fruits de saison, raisins secs et thé vert", "un peu de crème hydratante", pas de cigarettes, peu d'alcool. Ce qu'il aime, confesse-t-il, ce sont "les voyages", "la musique" qu'il compose, "la nourriture japonaise", "danser", mais surtout "être bien". Il rêve du "sud" et de découvrir le Moyen Orient, la Chine, l'Inde et s'est acheté "une ruine" à rénover dans les Pouilles (Italie) pour son "équilibre". Autant de désirs devenus accessibles avec ses revenus de mannequin travaillant pour les plus grandes marques et maisons de couture de la planète, un travail qui le fait constamment voyager mais lui laisse "beaucoup de temps libre".
Après être passé à son agence, Premium (ex-Ford) où il a récupéré son planning, il a rendez-vous chez Yohji Yamamoto, la maison Berluti, qui le retiendra pour son défilé, Y3, Tom Browne et Agnès B. Un marathon et un timing serré "à respecter", qu'il enchaîne à scooter, sous la pluie, en souriant.
Chez Y3, des dizaines de jeunes hommes sur les 200 qui passeront dans la journée, attendent en file indienne: une photo, de face, de profil, quelques pas et ils sauront, plus tard, s'ils sont retenus pour un essayage et peut-être, à la clef, un défilé.
Avec son 1,87 m et ses 75 kg, Anthon semble à l'aise. Il retrouve un copain, Christopher Michaut, 24 ans, étudiant en histoire de l'art, qui confesse: "la pression est moins forte que pour les filles, plus nombreuses et qui décident, jeunes, qu'elles vont devenir mannequin, ce qui est rarement le cas des hommes". Une semaine de la mode rapporte à Anthon "entre 5.000 et 10.000 euros". C'est la publicité qui lui permet de bien gagner sa vie, "grâce aux royalties", explique-t-il. Il a réalisé celle d'un célèbre parfum Cacharel et plusieurs autres pour Garnier.
Son parcours, il le doit à sa passion des voyages: à 19 ans, il quitte tout pour l'Amérique du Sud, tombe "éperdument amoureux" d'une Française au Guatemala et la suit à Paris. "C'est elle qui m'a encouragé à envoyer une photo à l'agence et j'ai commencé chez Saint Laurent !", se souvient-il. Hermès, Lanvin, Gil Sander, Gucci suivront, puis Berluti, célèbre bottier de luxe racheté par LVMH, qui s'est diversifié dans le prêt-à-porter. "En juin et janvier, je fais parfois 17 défilés à la semaine puis ça s'arrête d'un seul coup et il y a un grand vide, dit-il. C'est à ce moment là qu'il est important d'avoir d'autres centres d'intérêt, des projets, car c'est un travail dans lequel on peut se perdre".
Par Sandra LACUT
Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 Agence France-Presse
Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. L'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.