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7 déc. 2018
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Des consignes de fermeture des commerces étendues à Paris pour samedi

Publié le
7 déc. 2018

La plus grande prudence est de mise en vue de la nouvelle journée de manifestation des gilets jaunes ce samedi 8 décembre à Paris. Si les commerçants du secteur des Champs-Elysées se sont rapidement vu notifier la nécessité de fermer, les recommandations se sont élargies au fil des jours. C'est ainsi que, par précaution, les grands magasins parisiens des groupes Galeries Lafayette et Printemps ont annoncé que leurs portes seront closes samedi.


Printemps boulevard Haussmann - AFP


Les magasins d'Haussmann donc, mais aussi le BHV Marais de l'Hôtel de ville, les Printemps Nation, Italie et Louvre, les Galeries Lafayette Montparnasse ainsi que les enseignes Citadium de Caumartin, Champs-Elysées, Beaubourg et Nation garderont le rideau baissé samedi. Certains ouvriront en revanche dimanche, pour tenter de compenser un peu la perte d'activité d'un samedi clé.

A moins de trois semaines de Noël, le groupe Kering, propriétaire de Gucci, Saint Laurent, Balenciaga, Bottega Veneta ou Boucheron, fermera l’ensemble de ses magasins parisiens. « Pour la sécurité de nos salariés et de nos clients, nous avons prévu de fermer toutes nos boutiques parisiennes », a déclaré une porte-parole du groupe de luxe à Reuters. Selon l'agence, Hermès fermera ses deux boutiques de la rive droite - son magasin historique de la rue du Faubourg-Saint-Honoré et celui de l’avenue Georges-V - tandis que celui de la rue de Sèvres, sur la rive gauche de la Seine, restera ouvert. Pour compenser là encore, les deux magasins fermés samedi seront ouverts dimanche, a précisé une porte-parole d’Hermès.

Les vitrines parisiennes de toutes les marques du groupe LVMH , dont Louis Vuitton, Dior, Fendi ou Givenchy, resteront closes elles aussi, tout comme celles de Chanel. Le magasin Bucherer sera aussi fermé.

Dans la grande distribution, Casino a indiqué qu’il se conformerait aux recommandations de fermetures émises par la préfecture. Pour les magasins qui seront ouverts, les directeurs de magasin ont été préparés à pouvoir fermer en urgence, en cas de nécessité.

Une réunion s'était tenue ce vendredi à l'initiative de la préfecture de police de Paris pour informer les représentants des milieux économiques des mesures de sécurité prises pour la journée. Celle-ci a permis de préciser le périmètre de protection mis en place, avec un filtrage sur les Champs-Elysées, mais aussi un quadrillage des quartiers identifiés comme sensibles.

A la suite de cette réunion, la CCI Paris Ile-de-France a publié une note qui « recommande à ses ressortissants de fermer leurs établissements situés au sein et à proximité du périmètre de protection ainsi que de protéger leurs biens en mettant en place des protections pour les vitres et façades notamment ». « Dans les autres quartiers de Paris, moins exposés a priori à des risques, il est recommandé toutefois en cas d’ouverture de protéger les locaux et de filtrer les entrées. En tout état de cause, la préservation des personnes et des biens doit être une priorité », a-t-il été précisé aux entreprises concernées.

« A titre préventif, la CCI Paris Ile-de-France diffusera ces recommandations aux associations de commerçants par contact téléphonique, e-mail, sites et réseaux sociaux. Il est également préconisé aux entreprises de commerce et service de s’abonner dès cet après-midi au dispositif "cespplussur" disponible sur le site de la préfecture de police de Paris, ce qui leur permettra de recevoir des messages en temps réel sur les risques liés à cette manifestation », a ajouté l'institution.

La préfecture de police avait déjà adressé dans la semaine un avis aux commerçants pour les mettre en demeure de fermer « portes et accès » et de protéger à nouveau leurs enseignes « contre d'éventuelles dégradations en apposant des panneaux de protection sur les vitres ».

La semaine dernière, des milliers de « gilets jaunes » ont manifesté sur les Champs-Elysées et la situation a dégénéré dans plusieurs quartiers de la capitale, donnant lieu à des scènes de guérilla urbaine avec d'impressionnants dégâts, de l'Opéra à la prestigieuse avenue Foch, en passant par la rue de Rivoli et aux abords de l'Arc de Triomphe.

L'Élysée redoute de nouveau une « très grande violence » samedi, et les services de renseignement ont fait passer tous les voyants au rouge en alertant sur la mobilisation des mouvements « d'ultra-droite » et « d'ultra-gauche ».

« Normalement, on utilise les planches de protection pour le 31 décembre », raconte un agent de change des Champs-Elysées. « Pendant la deuxième manifestation, on ne pensait pas que ça allait être si chaud, on a juste fermé et la porte a été brisée. La troisième semaine, on a reçu un e-mail de la police, on s'est mieux protégé. »

Même constat au Bistrot 25, un peu plus bas sur l'avenue : « On a ouvert à 9h samedi dernier, sans terrasse, parce qu'on était obligé de l'enlever, mais on a dû fermer à 16h car il n'y avait pas de clients », regrette Anthony Sebag, directeur d'exploitation du restaurant. En temps normal, il réalise un chiffre d'affaires de 15 000 à 20 000 euros par jour. « Samedi dernier, on a fait 200 euros (...) alors que normalement le mois de décembre est l'un des plus forts de l'hiver », soupire-t-il.

Après avoir perdu un quart de sa terrasse au cours de la deuxième manifestation, il a contacté ses assureurs, mais peine désormais à leur faire reconnaître les pertes d'exploitation. Pour les limiter, il fermera samedi son restaurant.

Après les heurts qui ont ponctué le week-end dernier « l'acte III » du mouvement des « gilets jaunes » et fait 133 blessés à Paris, les commerçants redoutent surtout l'impact à long terme des manifestations sur l'image et l'économie de « la plus belle avenue du monde ».

« C'est une catastrophe : ce que voient les touristes à l'étranger, ce sont presque des images de guerre civile... il y a beaucoup d'annulations dans les hôtels », se lamente la gérante d'un magasin de souvenirs qui préfère rester anonyme.

L'« acte IV » sera « sûrement encore plus violent vu ce qu'on entend », estime pour sa part Bruno Vincent, directeur du cinéma Mac Mahon, situé à quelques pas de l'Arc de Triomphe. « Je fais du cinéma de réédition, ce sont des vieux qui viennent chez moi... Là ils ont peur, ils ne vont pas venir ». Il évalue ses pertes, « liées aux casseurs, pas aux gilets jaunes », à environ 2 000 euros par jour de fermeture, mais relativise : « J'ai déjà 15 % de chiffre d'affaires en moins de manière globale car les gens n'ont plus d'argent. »

La rédaction avec agences

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