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Des fonds américains conviés par Emmanuel Macron à un "road-show de la French Tech"

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Reuters
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3 déc. 2018

Paris (Reuters) - Emmanuel Macron a convié cette semaine à Paris les plus grands fonds de capital-risque pour deux journées en immersion dans la « French Tech », espérant ainsi les convaincre d’investir dans les start-up « maison » sans les rapatrier dans la Silicon Valley, ont déclaré quatre sources à Reuters.


Photo prise le 12 novembre 2018 - REUTERS/Ludovic Marin


Des dirigeants d’Andreessen Horowitz, Sequoia Capital, General Atlantic, KKR ou encore Goldman Sachs figurent parmi la quarantaine de capital-risqueurs et d’investisseurs attendus mercredi et jeudi pour un « road-show » à la française. Au programme : visite des hauts lieux de la tech française, rencontre avec des figures internationales du secteur installées à Paris, speed-dating et en clôture, échange direct avec le président français, ont dit les sources à Reuters avant les violences qui ont semé le chaos dans la capitale samedi en marge d’une journée de manifestation des « gilets Jaunes ».

L’enjeu pour Paris est double : convaincre ces fonds, à la puissance de feu financière sans équivalent, d’augmenter leurs investissements dans l’Hexagone mais aussi mettre en avant les atouts d’un écosystème mêlant grandes écoles, chercheurs et accélérateurs et incubateurs de jeunes pousses.

« Le gros sujet pour les start-up françaises c’est de grossir. Il faut qu’il y ait des fonds qui soient capables de mettre des tickets de plus de 50, voire de plus de 100 million d’euros », explique une source à l’Elysée. « Mais c’est un écosystème et donc il y a un intérêt à venir ici, à investir dans des sociétés, et à se dire qu’il n’y a pas besoin de les emmener », ajoute la source.

Ces séances de travail, qui n’ont pas de caractère officiel et ne sont pas publiques, ont été programmées avant l’émergence du mouvement des Gilets Jaunes et le cadre des échanges avec Emmanuel Macron reste à arbitrer.

La « French Tech » a décollé au cours de ces dernières années, portée par un meilleur accès aux financements, par un ensemble de mesures gouvernementales favorables et par les incertitudes provoquées par le Brexit au Royaume-Uni, longtemps leader incontesté de la place. Si le nombre de créations de start-up s’est envolé, les champions français et européens peinent toujours à rivaliser avec leurs concurrents américains et asiatiques et nombre de jeunes pousses passent sous pavillon étranger avant même d’avant pu prétendre au statut de « licorne ».

L'opération de charme continue

La France, comme ses voisins européens, souffre de la difficulté à faire grandir ses start-up, handicapée par l’absence de grands fonds dits de « croissance » mais aussi par la frilosité des géants du CAC 40, peu nombreux à prendre le risque d’investir dans la nouvelle économie.

Le nombre de levées de fonds supérieures à 40 millions d’euros a certes plus que triplé entre 2016 et 2018, selon des statistiques de Bpifrance, qui joue un rôle de premier plan dans le financement de la tech.

Mais les financements dépassant les 100 millions d’euros se comptent sur les doigts d’une main, d’après un baromètre établi par le cabinet EY en septembre. Depuis le début de l’année, Voodoo a dépassé ce cap en levant 200 millions de dollars auprès de Goldman Sachs tandis que Green Yellow, filiale de Casino dédiée à l’énergie solaire, a obtenu 150 millions d’euros.

Paris multiplie les opérations de charme alors que les grandes capitales européennes sont en compétition pour tirer partie de la nouvelle donne créée par le Brexit. Dans le cadre fastueux du château de Versailles, Emmanuel Macron avait réuni en début d’année 140 dirigeants de multinationales dans le cadre d’un sommet baptisé « Choose France », réitérant un exercice qu’il avait déjà initié lorsqu’il était ministre de l’Economie.

Cette semaine, les fonds de capital-risque et les « Limited Partners » se rendront notamment dans l’incubateur géant Station F, financé par l’entrepreneur milliardaire Xavier Niel, où ils rencontreront la « crème de la crème » des start-up du cru.

Des figures de l’innovation qui ont investi dans le pays seront également appelées à faire l’article, à l’image de David Gurle, fondateur de la messagerie cryptée Symphony, qui a établi une partie de sa R&D à Sofia Antopolis, dans le sud de la France. Tony Fadell, ancien d’Apple et de Google désormais installé en France et Ian Rogers, responsable du numérique chez le géant français du luxe LVMH, interviendront également. Les investisseurs français seront également représentés en force, l’objectif étant de faire naître des collaborations des deux côtés de l’Atlantique.

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