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Publié le
22 déc. 2022
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9 minutes
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Elsa Janssen (musée Yves Saint Laurent): "Ce qui m’inspire, c’est d’inventer l'idée de l'exposition de mode"

Publié le
22 déc. 2022

A l’occasion de l’exposition Gold, les ors d’Yves Saint Laurent, inaugurée le 14 octobre au musée d’Yves Saint Laurent à Paris, et qui restera ouverte jusqu’au 14 mai 2023, FashionNetwork.com a rencontré la directrice du musée, Elsa Janssen. En poste depuis mars 2022, après avoir été pendant dix ans directrice des expositions au sein des Galeries Lafayette, elle nous raconte ce qui se cache derrière le musée du légendaire couturier et nous dévoile ses projets pour 2023.


Elsa Janssen - musée Yves Saint Laurent


FashionNetwork.com : Comment est née l’idée de cette exposition Gold, dont vous êtes la commissaire, que vous avez organisée pour le musée Yves Saint Laurent?  

Elsa Janssen :
Cette idée est née d’une sensation que j’ai eue en observant les réserves de nos collections. J’ai vu de l'or scintiller partout. Avec l’équipe en charge de la conservation du musée, nous avons commencé à explorer les textiles et accessoires où était présent l’or, et nous sommes tombés sur une immensité de possibilités et de choix. Quand on est directrice du musée Yves Saint Laurent, on enquête, on fouille, on lit, on rencontre, on fait beaucoup de recherches. Ce qui m'a plu dans ce thème "gold", c'est que cela me permettait d'aborder sa facette la plus solaire, la plus belle, la plus joyeuse, la plus glorieuse d'Yves Saint Laurent. Cela me permettait aussi de me pencher sur son lien avec l'histoire de l'art.

FNW : La manière dont est présentée cette exposition est nouvelle, il y a de la mode, mais aussi de l’art. Quelle est votre démarche?

EJ :
Ce qui m'inspire beaucoup, c'est continuer à imaginer, inventer l'idée de l'exposition de mode. Comment on présente la mode et surtout comment on célèbre la modernité et le génie d’Yves Saint Laurent. Pour moi, il faut l'inscrire dans la modernité parce qu'un génie transcende les époques. Ce qui nous importe, c'est d'inscrire Yves Saint Laurent dans le temps et donc de le faire converser avec les talents d’aujourd’hui. Ce qui nous motive aussi, c'est le visiteur et son expérience, qu'il vive de vraies émotions en voyant cette exposition.

FNW : Comment vous y êtes-vous prise?

EJ :
J’ai essayé de rehausser, de placer cette exposition dans une vraie expérience du beau. D’un côté, en cherchant à présenter au mieux les œuvres d’Yves Saint Laurent et, de l’autre, en faisant appel à de nouveaux métiers, expertises ou talents qui, peut-être, n'étaient pas forcément convoqués auparavant dans les musées de mode, comme la set designer (en charge de la mise en scène autour du sujet, ndlr) Valérie Weill, l’éditrice Anna Klossowski et l’artiste Johan Creten. Ce n’est ni une rétrospective ni une exposition didactique. On est vraiment dans une exposition avec la dimension plastique et visuelle. J’essaie de créer des tableaux, de créer des cadres et d'élever au maximum l'exposition de mode au rang d'une exposition visuelle et plastique, de tirer vers une exposition d'art.

 "Je pense qu’un grand couturier est un esthète"



FNW : Etes-vous parvenue à attirer un nouveau public?

EJ :
L'idée c'est d'avoir une programmation exigeante, mais qui soit intelligible pour le grand public. Par exemple, l’exposition Yves Saint Laurent aux musées initiée par notre président Madison Cox, où ont été présentées notamment cent-vingt pièces parmi les collections permanentes du Centre Pompidou, du musée d'Orsay, du musée d’Art Moderne, du musée Picasso et du Louvre, a attiré beaucoup de monde. Tous ces musées nous ont confirmé à quel point cette invitation avait dynamisé le public de leur exposition permanente.

FNW : La mode a-t-elle attiré davantage de visiteurs?

EJ :
Pas la mode. C'est cette dynamique qui s’est créée en termes d'expérience. On ne met pas n'importe quoi en face d'un Picasso, d’un Fernand Léger ou d’un Bonnard! Il y a une telle évidence de geste artistique chez Yves Saint Laurent et de cette conversation avec l’art. Certes, le styliste est connu. D’un autre côté, la mode rend plus à l'aise le grand public et peut-être que les gens ne seraient jamais allés visiter les collections permanentes du musée d’Art Moderne, qui sont pourtant, je le rappelle, gratuites. Et là, grâce à Yves Saint Laurent, ils ont été attirés, et ils ont pu, par ce prisme, j’espère, faire l’expérience aussi de l'art moderne.

FNW : Que pensez-vous du rapport entre les stylistes de mode et l’art ?

EJ : 
Je pense qu’un grand couturier est un esthète. Il connaît l'histoire de l'art, aime l’art, et il est fort de ce vocabulaire plastique. L'art a toujours constitué une forme d'inspiration, que ce soit l'art contemporain ou un art plus ancien. Un grand couturier peut se nourrir de l'histoire de l'art, mais aussi de la nature et de la beauté. Je pense que ce sont des esthètes qui sont cultivés et qu’il y a une vraie sincérité dans ce regard sur l’art.


L'une des pièces phares de l'exposition sur les ors d'Yves Saint Laurent - © David Bailey / Vogue Paris


FNW : Que recouvre le rôle de directrice du musée ?

EJ :
On est à la fois responsable d'une collection qui est constituée aujourd'hui de 8.500 pièces couture, de 4.000 pièces Rive Gauche, de plus de 55.000 croquis originaux, ainsi que des milliers de photos et documentations d'archives visuelles, sonores etc. Tout se trouve ici. Notre métier, c'est de prendre soin de cette collection, de faire en sorte qu’elle soit visible aujourd’hui et dans le futur. En termes de conservation préventive, ces pièces textiles ont besoin d'obscurité, d'un niveau d'humidité extrêmement précis. Nous devons faire en sorte qu'elles ne se détériorent pas dans le temps, tout en procédant à des restaurations. Par ailleurs, nous devons bien entendu la valoriser. 

FNW : Comment valoriser de telles archives?

EJ :
A travers une programmation d’expositions in situ, donc dans le musée, mais aussi via des expositions hors les murs. Celles-ci peuvent être organisées en coproduction avec des institutions culturelles. Nous préparons actuellement avec la Cité de la dentelle et de la mode de Calais une exposition sur la transparence dans l’œuvre d’Yves Saint Laurent. Elle se tiendra en juin prochain à la Cité, puis en janvier 2024 chez nous à Paris. Dans ce cas, on travaille ensemble avec un commissariat collégial. Nous faisons aussi de grandes rétrospectives à l'étranger. En 2023 seront présentées 150 pièces textiles au centre national des Arts (National Art Center) de Tokyo. Cela va être la plus grande exposition d’Yves Saint Laurent jamais vue au Japon. Nous valorisons la collection aussi à travers de nombreux ouvrages.

FNW :Avez-vous des projets en cours?

EJ :
Yves Saint Laurent est une figure qui continue à inspirer énormément d'auteurs. Un projet de bande dessinée est en cours par exemple. Tout est sujet dans l'œuvre du couturier à des approfondissements. Le masculin/féminin, les voyages imaginaires, les formes, la couleur, les hommages aux artistes… Nous avons aussi des partenariats scientifiques avec des universités, ainsi qu'avec des écoles de mode. On accueille des chercheurs qui viennent travailler et rencontrer les chargés de collections textiles, d’art graphique et de photographie.

"Dès 1966, Yves Saint Laurent met un M, M comme musée, sur toutes les pièces qu'il veut inventorier pour les archiver"



FNW : Comment se caractérisent les archives du musée?

EJ :
Ce que je note, c'est la particularité et le caractère protéiforme des archives d’Yves Saint Laurent. Il dessinait de manière compulsive, jusqu'à 200 dessins par jour! Des dessins de mode bien sûr, mais aussi des dessins liés à sa relation avec le spectacle vivant, des dessins personnels. Il y a par exemple toute la série des Paper Dolls, ou encore des dessins un peu satiriques. Aujourd'hui ses dessins ont pris beaucoup de valeur et dans les ventes ils sont devenus très chers. Ils sont malheureusement pour nous plus difficiles à acquérir. Mais on a la chance d'en avoir beaucoup.

FNW : Ces trésors ont pu être conservés grâce à la clairvoyance d’Yves Saint Laurent et de Pierre Bergé. On peut parler de pionniers pour les archives de mode?

EJ :
Oui. Ils ont tout de suite été précurseurs dans la conservation des pièces. Dès 1966, Yves Saint Laurent met un M, M comme musée, sur toutes les pièces qu'il veut inventorier pour les archiver. Ce que beaucoup de maisons n'ont pas fait et essaient de rattraper à présent. Ce qui fait notre force, c’est cette rigueur héritée des deux fondateurs de la maison, avec l'admiration de Pierre Bergé pour Yves Saint Laurent et sa conviction que les pièces créées par le styliste étaient assimilables à de l'art, avec un statut d'œuvre. Lorsque la fondation est créée, ils mettent en place tout un système de conservation avec des linéaires de  compactus (rayonnages coulissants). Les installations sont donc là, et aujourd’hui le principal investissement, ce sont les équipes. Le musée emploie quinze personnes.


Les Papers Dolls -Musée Yves Saint Laurent - DR


FNW : Comment est financé ce musée?

EJ :
Il est financé pour moitié par des recettes propres, notamment par notre billetterie. Nous avons la chance d'avoir un public nombreux et très fidèle. Et pour moitié du privé.

FNW : Comment s’est-il structuré?

EJ :
La Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent a été créée en 2002, peu après l’annonce du retrait du couturier, et s’est installée dans l’hôtel particulier de l’avenue Marceau, qui abritait la maison de couture depuis 1974. Elle détient les actifs de la maison, à savoir la collection, le bâtiment, le patrimoine, et a délégué à l'Association Musée Yves Saint Laurent Paris, lors de la création du musée en 2017, la conservation, l’exploitation et le rayonnement de la collection. La fondation, elle, se concentre désormais sur des actions de mécénat dans le domaine de la formation textile. Surtout, en 2017, Pierre Bergé a fait en sorte que la collection obtienne l’appellation "Musée de France", c’est-à-dire, au sens du Code du patrimoine, une collection inaliénable et imprescriptible. Elle bénéficie du régime juridique protecteur de Trésor national et est protégée par l’Etat.

"Anthony Vaccarello et ses équipes viennent observer les collections au musée"



FNW : Avez-vous un lien avec le musée Yves Saint Laurent à Marrakech?

EJ :
Le musée de Marrakech appartient à une structure qui est au Maroc. Il s’agit d’un pôle qui abrite trois entités, le jardin Majorelle, le musée Pierre Bergé des arts berbère et le musée Yves Saint Laurent. Nous travaillons étroitement avec ce musée et son directeur Alexis Sornin. Actuellement, Olivier Saillard prépare une exposition intitulée Traits Portrait, qui sera inaugurée en mars à Marrakech.

FNW : Quels sont vos rapports avec la marque Saint Laurent, qui appartient depuis 1999 au groupe Kering?

EJ :
Nous avons de très bonnes relations. Anthony Vaccarello et ses équipes viennent observer les collections et ils nous prêtent des pièces pour nos expositions. Nous avons un héritage commun qui est Monsieur Yves Saint Laurent. J’imagine que pour l’actuel directeur artistique, l’idée c'est d'être conscient de cet héritage, tout en continuant à faire avancer la marque.

FNW : Quel a été votre parcours?

EJ :
Pendant plus de dix ans, j’ai été directrice des expositions au sein des Galeries Lafayette. Je dirigeais un lieu d'exposition qui était la Galerie des Galeries, boulevard Haussmann. J’ai monté une quarantaine d'expositions et je me suis beaucoup interrogée sur les liens entre l’art et la mode et sur ce qu'était qu'une exposition dans un grand magasin. Ça m'a donné une forme de liberté. Je suis allée rechercher une inventivité, où j'ai pu inviter des talents issus de différents mondes de la création contemporaine.

FNW : Avec qui avez-vous travaillé en particulier?

EJ :
J'ai eu la chance de travailler avec des créateurs de mode comme Christian Lacroix, Kris Van Assche, Jean-Paul Lespagnard. Mais aussi avec des musiciens comme Philippe Katerine et des grands artistes comme Alex Prager ou Xavier Veilhan. Je me suis beaucoup amusée dans l'exercice de l'exposition, à faire converser toujours ces mondes, ne jamais cloisonner en fait. Considérer l'expérience de l'exposition comme une expérience qui pouvait être pensée par différents auteurs, dans laquelle on peut trouver de la musique, du son, de l'art et de la mode.

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