Depuis le troisième trimestre 2007, les Etats-Unis voient les signes d’une crise économique latente se multiplier. Ainsi, avant même que ne se déclare la crise financière de ces dernières semaines, le Produit Intérieur Brut en volume avait vu son rythme de croissance sensiblement diminuer : + 2,1 % au second trimestre 2008 en glissement annuel, contre + 2,5 % au premier trimestre. De même, on assiste à une nette décélération de la consommation des ménages : en progression de plus de 2 % en glissement annuel à la fin 2007, elle croît désormais de 1,4 % au second trimestre 2008. Comme en France, les ménages américains ont visiblement « arbitré » au détriment de l’habillement. En effet, les ventes n’ont progressé que de 1,1 % au cours des huit premiers mois de 2008, contre des hausses de 4,8 % en 2007 et 6,8 % en 2006.

Par conséquent, les approvisionnements en habillement marquent sensiblement le pas : les importations sont en recul de 4,2 % sur les huit premiers mois de l’année. Les importations en provenance de Chine, encore régies par un système de quotas, se replient de 4,3 %. Cette diminution s’opère essentiellement au profit du Viêt-Nam, qui jouit d’un meilleur accès au marché américain. On constate donc une nouvelle fois l’effet de vases communicants provoqué par les quotas. Il faut néanmoins relever que d’autres pays pénètrent de mieux en mieux le marché américain : citons notamment le Bangladesh (avec des importations américaines en hausse de 6,2 %), ou encore les pays d’Amérique Centrale (Salvador ou le Honduras). Quoi qu’il en soit, le mouvement général est à la contraction des débouchés américains. En outre, cette situation de crise fait également ressurgir les tentations protectionnistes, qui pourraient conduire à des mesures de sauvegarde à l’heure où les quotas sur les produits chinois s’apprêtent à être levés.



Enfin, s’agissant des exportations, le textile amont américain confirme son dynamisme sur les marchés internationaux (+ 3,4 % en janvier-août). Celui-ci s’explique par des débouchés accrus en Chine et dans les pays d’Amérique Centrale (Salvador, Honduras). Ces derniers s’affirment de plus en plus clairement comme des alternatives à la soustraitance mexicaine. Du côté de l’habillement, la croissance est plus modeste (+ 0,7 % sur les huit premiers mois de 2008).


FRANCK DELPAL