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13 déc. 2021
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Etats-Unis et Europe veulent mieux encadrer les livraisons par bateaux cargos

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13 déc. 2021

Les législateurs américains mènent actuellement la première réforme du fret maritime en près de vingt ans, resserrant le contrôle des transporteurs en termes de pratiques commerciales ou RSE. L'Union européenne prépare de son côté pour 2023 un contrôle des émissions de dioxyde de carbone du secteur. Des mesures suivies de près par les filières du textile-habillement, qui espèrent surtout un soutien face à la flambée actuelle des prix.


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L'Ocean Shipping Reform Act of 2021 voté au Capitole vise notamment à mettre fin aux frais de détention (utilisation du matériel de chargement) et surestaries (dépassement du temps de chargement/déchargement prévu) imputés par les transporteurs. Le texte empêcherait en outre ces derniers de limiter l'accès des commanditaires aux équipements de chargement, et limiterait la possibilité des transporteurs de refuser des chargements de façon "déraisonnable".

Des pratiques dopant les prix qualifiées de déloyales par certains représentants des deux partis politiques outre-Atlantique. Le texte impose aussi aux transporteurs de s'aligner sur un seuil de "meilleures pratiques", ainsi que d'améliorer leurs standards et la transparence des données. Destiné notamment à défendre la balance commerciale, le texte est accueilli à bras ouvert par le secteur industriel, qui réclame cependant également des mesures immédiates au regard de l'explosion actuelle des prix du fret.

"Nous demandons à l'administration Biden de réunir toutes les parties prenantes (…) afin de débloquer les embouteillages actuels et d'exiger de la FMC (federal maritime commission ou commission maritime fédérale, ndlr) qu'elle remplisse son rôle de surveillance pour s'attaquer aux prix abusifs et autres mauvaises pratiques", a réagi l'American Apparel & Footwear Association, qui représente plus d'un millier de marques.

"Notre industrie a été durement touchée par la crise du transport maritime. Les longs retards, les ruptures de contrat, les prix abusifs et les frais excessifs et injustes des transporteurs, ainsi que le manque d'accès à l'équipement pour transporter nos produits se sont traduits par des rayons vides et des prix beaucoup plus élevés à la caisse pendant la période des fêtes."

Jusqu'à 15.000 euros pour un conteneur partant de Chine pour rejoindre l'Union européenne



Une position qui se rapproche de celle de la filière européenne du textile-habillement, dont l'instance représentative Euratex avait très tôt alerté Bruxelles sur les conséquences de la flambée des prix du transport par bateaux. Membre de la commission des transports et du tourisme, le député européen d'Espagne José Ramon Bauza Diaz interpellait le 4 octobre dernier ses confrères, évoquant "des fabricants rencontrant d'énormes difficultés à trouver conteneurs et bateaux disponibles", et des prix grimpant à 15.000 euros pour un conteneur Chine-UE. La prochaine réunion du comité, prévue le 12 janvier, entend apporter des réponses au problème.

Car si le fret maritime était en 2021 sous la loupe de l'UE, c'est surtout son caractère polluant qui était au centre de l'attention. Le secteur est en effet en train d'être intégré au "système d'échange de quotas d'émission" de l'UE, qui impose de fait un meilleur contrôle des niveaux de rejets par les transporteurs. Destiné à être progressivement déployé d'ici à 2026, le système forcera les transports à acheter les fameux "crédits carbone" pour compenser 100% des déplacements intra-UE, et 50% pour les trajets entre l'UE et le reste du monde.

L'UE estime que la mesure va toucher 90 millions de tonnes de CO² ou équivalent, et forcera le secteur du fret à débourser quelque 5 milliards d'euros par an. Avec notamment comme objectif de pousser les transporteurs à moderniser leurs équipements. Le récent rapport de l'association Climate Chance déplorait cependant que les dispositifs "verts" pour l'heure privilégiés sont souvent plus polluants que le CO² lui-même (lire notre article dédié). Se posera par ailleurs la question d'une répercussion de ces coûts carbone sur le prix du transport. Pour rappel, au premier semestre 2021, pas moins de 71% des importations européennes d'habillement venaient d'Asie, selon l'Institut français de la mode.

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