Fashion Week de Londres: Labrum London, Molly Goddard, KNWLS et Edeline Lee
Peu de défilés mais beaucoup d’idées ce week-end à la Fashion Week de Londres, marquée samedi par le défilé explosif de Labrum London.

Labrum London: une diaspora fringante
Au moment où l’on croyait assister à une énième petite chose, voici que débarque Labrum London avec un défilé sensationnel, fusion de l’élégance de l’agbada (robe fluide à manches larges portée par les hommes, ndlr), du chic ouest-africain, de la couture britannique et de l’audace des silhouettes africaines.
L’inclusivité est LA problématique centrale de la mode aujourd’hui, et le défilé présenté ce samedi par Labrum London en était le meilleur témoignage depuis l’ouverture de la Fashion Week de Londres.
Le fondateur de Labrum London est Foday Dumbuya, qui a récemment créé l’uniforme olympique de l’équipe de la Sierra Leone, conçu pour s’adapter à plus de seize disciplines. L’objectif de Foday Dumbuya: mêler le panache ouest-africain et l'héritage britannique dans une forme puissante d’affirmation de soi. Le nom l’explique bien : Labrum signifie lisière en latin. Le slogan de la marque ? "Créé par un immigrant".
L’attente était intense et palpable à l’Old Selfrides Hotel pour ce défilé, lancé par un fabuleux concert de Baliyama Project, un orchestre de treize musiciens fusionnant jazz et funk à la Fela Kuti. Emmenée par des percussionnistes fantastiques et des cuivres tonitruants, c’était la bande son parfaite pour cette collection.
Foday Dumbaya se révèle être un tailleur ultra-classe, qui coupe de fringants ensembles veste-pantalon aux épaules montées bas, dans des rayures audacieuses, associés à des chemises col montant et manches tulipes. Son idée la plus marquante: travailler avec des imprimés complexes dessinés à la main, illustrant la vie dans les villages de la Sierra Leone, une création de The Sound of Movement – sur des costumes bleu électrique ou des robes sans manches majestueuses, pour ce défilé mixte.
Parmi les autres pièces tendance, on peut noter les manteaux longs et blazers tie & dye portés sur des shorts et avec des coiffures fabuleuses, dont une série de turbans imposants dans des tissus somptueux. Un contrepoint par rapport au décor, qui comprenait des paravents graphiques des années 1970, et même une série d’ottomanes réalisées par l’artiste Yinka Ilori.
Molly Goddard: des soutanes dans une usine de parapluies
Pas de défilé cette saison pour la créatrice la plus en vue de Londres ces cinq dernières années, mais une courte présentation accompagnée tout de même d’une vidéo. Techniquement, Molly Goddard est toujours en congé maternité.
Pas de grand virage créatif non plus, mais beaucoup de volumes sophistiqués, le leitmotiv de la créatrice: des robes à smocks rose barbe à papa ou jaune pâquerette, des corsages en mousseline froncée ou des robes du soir en superpositions de tulle, portées sur des jeans aux jambes évasées, des pantalons à rayures tennis ou des joggings, pour un défilé mixte.
Les hommes Molly Goddard de la vidéo arboraient même des soutanes oversized tels des enfants de chœur malicieux filmés dans une ancienne usine de parapluie qui fut autrefois le studio de Wolfgang Tillmans.
Cool et malin, mais pas très aventureux.

KNWLS: romance d’aventure “bodice-ripper” à Cavendish Square
C’est surprenant de voir le nombre de créateurs qui aiment les parkings - et plus ils sont miteux, mieux c’est. Partout, les propriétés cinématographiques des parkings, des piliers et des panneaux réfléchissants séduisent énormément.
Exemple concret: KNWLS, dont le défilé était présenté au troisième sous-sol d’un parking situé sous la place Cavendish Square. Intitulée "Adrénaline", c’est une collection idéale pour les femmes fatales qui osent s’affirmer. Des briseuses de cœur capables de se pavaner partout vêtues de corsages ornés de fleurs abstraites, ajustés par des cordons pour révéler des kilomètres de peau; de pantalons taille basse en cuir rustique; de corsets insolents; de robes froufroutantes à petites fleurs coupées en biais, pas plus longue que les hanches; ou encore de minuscules robes du soir décolletées en cuir patiné, sur des leggings en mousseline. Leur meilleure idée: l’association d’un cycliste, d’un corsage et d’un blouson de cuir gonflé, dont la bande élastique en maille prenait tout le dos.
Les filles KNWLS ont également défilé en bottines de cowboys en peau de serpent, d’énormes boucles en perles d’imitation pendues aux oreilles. Voilà des looks singuliers qu’on repère à des kilomètres, autre raison pour laquelle cette collection fonctionnait bien dans un parking. A la fin du défilé, les tops se sont toutes évanouies dans l’obscurité.
Lancée en 2021, la griffe KNWLS est née de l’imagination de Charlotte Knowles et de son compagnon, Alexandre Arsenault.
Porter du KNWLS requiert une sacré dose d’audace et de culot, en plus d’une ligne parfaite, mais pour celles qui possèdent ces attributs, c’est une collection fantastique. Et ça marche, parce que Charlotte Knowles et Alexandre Arsenault ont vraiment le coup de main côté design, et croient manifestement à ce qu’ils font. Si vous cherchez une griffe authentique à Londres, vous ne trouverez pas mieux que KNWLS.
Edeline Lee: réunion à Harley Street
Après dix-huit mois très confinés, un peu de surréalisme est le bienvenu. C’est en tout cas le point de vue d’Edeline Lee, créatrice d’origine canadienne installée à Londres.
Edeline Lee est connue pour ses défilés un peu déjantés, mais cette saison elle a dévoilé une vidéo somptueuse de mannequins filmés dans de vastes paysages oniriques, qui mettent parfaitement en valeur son sens subtil de l’élégance en mouvement.
"J’ai d’abord eu envie d’un décor façon paysage de Dali, et on est partis de là", expliquait la créatrice qui, à cause du Covid, n’a jamais rencontré Matt Gabzdyl, le petit génie qui a réalisé les formidables effets de découpage en post-production.
Edeline Lee a présenté sa collection printemps/été 2022 dans un pied-à-terre élégant de Harley Street. Bien que tout soit produit à Londres, la créatrice déniche ses matières luxueuses – jacquard bulle, crêpe georgette froufroutante et popeline de coton à la robustesse impeccable - sur le salon Milano Unica, son marché au tissu préféré.
Jeune mère à l’emploi du temps chargé, Edeline Lee fait l’aller retour de l’aéroport de Londres City à la capitale italienne de la mode sur la journée. Tout comme la clientèle professionnelle et raffinée qu’elle habille, Edeline Lee est une femme très occupée.
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