Publicités
Publié le
1 févr. 2021
Temps de lecture
5 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

Fermeture des centres commerciaux de plus de 20.000 mètres carrés: quel impact?

Publié le
1 févr. 2021

Les Quatre Temps à la Défense, le Forum des Halles dans le centre de Paris, la Part-Dieu à Lyon, Cap3000 à Saint-Laurent du Var, Atlantis à Nantes, Rivetoile à Strasbourg... Partout en France les plus grands centres commerciaux ont fermé leurs portes dimanche suite à l'annonce, vendredi soir par le premier Ministre français Jean Castex, de la fermeture jusqu'à nouvel ordre des surfaces de plus de 20.000 mètres carrés. Seules les pharmacie et surfaces alimentaires ont l'autorisation d'ouverture.


Le centre Atlantis à Nantes - Atlantis


Conséquence directe, plus de la moitié des 858 centres commerciaux que compte l'Hexagone, selon le Conseil national des centres commerciaux, et magasins de grandes surfaces ont stoppé leur activité. Selon les estimations cela représenterait plus de 25.000 points de vente et près de 100.000 salariés. "Pour eux, c'est évidemment une peine extrêmement difficile. Mais cela permet aux autres de rester ouverts, c'est pour cela que nous sommes partagés", a réagi Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du Commerce et de la Distribution, au micro de RTL Matin.

Ikea a ainsi annoncé la fermeture de la quasi-intégralité de son réseau alors qu'initialement il avait annoncé ne devoir fermer que quelques magasins. Mais le décret d'application de la mesure concerne les surfaces commerciales de plus de 20.000 mètres carrés de surface utile, c'est à dire en comptabilisant les espaces de réserves et de bureaux.

Nombre de grands magasins sont aussi contraints de fermer leurs portes. Le décret paru le 30 janvier au journal officiel stipulant que l'interdiction concerne aussi les infrastructures "comprenant un ou plusieurs ensembles de magasins de vente, y compris lorsqu’ils ont un accès direct indépendant, notamment par la voie publique".


Sur les réseaux sociaux, le groupe Galeries Lafayette a communiqué sur ses fermetures de sites - Capture d'écran Twitter



Ainsi, le Bon Marché qui a dû fermer au coeur de la période de soldes d'hiver, invite ses clients à des séances de shopping en ligne. Du côté des Galeries Lafayette, les magasins du Boulevard Haussmann gardent portes closes, à l'exception du Lafayette Gourmet, tout comme le BHV Marais et ses unités de Carré Sénart, Marseille Prado, Montpellier Polygone et Nice Cap 3000, situés en centre commerciaux. Du côté du groupe Printemps, les magasins Printemps et Citadium d'Haussmann sont fermés, mais aussi ceux des centres d'Italie Deux à Paris, de Vélizy, Parly Toulon, Marseille La Valentine, Marseille Terrasses du Port, et Rennes Alma, ainsi que les magasins Citadium Toulon et Marseille Terrasses du Port.

Au final, c'est clairement pour les réseaux d'enseignes que l'impact est majeur. Par exemple Go Sport nous apprend que la mesure l'a contraint a fermer la moitié de son parc de magasins, qui réalisent environ 65% du chiffre d'affaires sur la France.

"Cela représente environ 25.000 magasins de nos adhérents sur 60.000, explique Emmanuel Le Roch, délégué général de Procos. Les situations sont hétéroclites mais pour certains, ce sont les unités où ils réalisent plus de 80% de leur chiffre d'affaires et celles au coût le plus élevé. Dans des secteurs comme le prêt-à-porter ou la beauté-santé, qui ont accusé des replis d'activité de plus de 20% l'an dernier, c'est très lourd. Il faut les accompagner. La décision politique est de sacrifier ces acteurs pour préserver le reste de l'économie. Mais il ne serait pas compréhensible de laisser à ces sacrifiés seuls la charge de ces fermetures".

"Les boutiques concernées font partie de celles qui réalisent les plus gros chiffres, car elles drainent les flux de clients les plus importants, décrit Marcel Nakam, le directeur général de Jonak, dont cinq magasins sur 50 sont situés dans ces centres commerciaux fermés. C’est un moindre mal car nous avons la chance d’être une marque premium qui mise peu sur les centres commerciaux: pour d’autres enseignes, l’impact de ces récentes fermetures sera beaucoup plus marqué".

Une indemnisation pour toutes les enseignes ?



Le ministère de l'Economie et des Finances a semble-t-il saisi l'urgence de cette situation et a dès samedi annoncé des mesures de soutien. Ce lundi, Bruno Le Maire, ministre de tutelle, a ainsi expliqué sur la radio RTL que les indemnisations se chiffraient à 500 millions d'euros mensuels pour l'Etat. Un mal nécessaire pour éviter un confinement dont la facture se monterait à plus de neuf milliards d'euros.

Pour l'heure, les équipes du ministère semblent avancer en priorité sur la compensation de perte de chiffre d’affaires jusqu’à 10.000 euros ou l’indemnisation de 20% du chiffre d’affaires plafonné à 200.000 euros par mois.

« L’indemnisation en vigueur de 20% du chiffre d’affaires mensuel, plafonné à 200.000 euros, est largement insuffisante pour de nombreuses enseignes, juge Yohann Petiot, le directeur général de l’Alliance du Commerce. Même renforcé, le fonds de solidarité ne répond pas aux mesures d’aide demandées par les magasins fermés ». Le cadre de remboursement des frais fixes, qui vient donc d'être élargi par l’Union Européenne, lui paraît plus adapté, et doit selon lui constituer une base pour les discussions à venir.

Reste donc le sujet de l'indemnisation de 70% des frais fixes pour tous les acteurs... mais celle-ci nourrit de nombreuses interrogations. "Bercy n'a pas annoncé de plafond pour les indemnisations, précise Emmanuel Le Roch. Mais l'Europe a rehaussé le plafond à 10 millions d'euros pour la période du 1er janvier à fin juin. Nous attendons le retour des enseignes, mais pour la plupart cela pourrait couvrir un mois de fermeture. Toutefois si la situation perdure, elles seront au-dessus du plafond". Les équilibres des grands réseaux seraient donc forcément menacés si ces fermetures devaient se prolonger, d'autant qu'il restera à savoir quand sera appliqué le nouveau dispositif.

Enfin, le débat sur les loyers semble sur la table. Alors que les relations entre bailleurs et locataires restent complexes, les décisions de Bercy en la matière sont attendues avec circonspection par les différentes parties. La prochaine réunion à Bercy est annoncée pour mercredi.


 

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 FashionNetwork.com