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2 mai 2011
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Festival de mode de Hyères: une 26e édition très européenne

Publié le
2 mai 2011

"C’est un vrai melting-pot de talents", a déclaré Raf Simons, président de la dernière édition du Festival qui s’est tenu du 29 avril au 2 mai dans le cadre idyllique de la Villa Noailles, sur les hauteurs de la commune d'Hyères. Dimanche 1er mai, le Grand Prix (15 000 euros) a été remis à la Française Léa Peckre, récompensée parmi dix finalistes, tous Européens, et succédant à Alexandra Verschueren.

Festival de Mode et Photographie de Hyères
De gauche à droite, collection Léa Peckre, Céline Méteil, Emilie Meldem

Pépinière de talents en herbe qui a notamment salué Viktor&Rolf, Gaspard Yurkievich, Romain Kremer, Anthony Vaccarello ou encore Richard René, le Festival d’Hyères a cette année encore compté avec un jury mode de haut vol.
Aux côtés de Raf Simons, qui a souhaité composer un "jury au maximum international", étaient rassemblés le styliste britannique Christopher Kane, le duo américain de Proenza Schouler, Lazaro Hernandez et Jack McCollough, la critique mode du New York Times Cathy Horyn, ou encore Carla Sozzani fondatrice de Corso Como à Milan qui retrouvait le Festival après six ans d’absence. "C’est très bien d’avoir d’autres stylistes dans l’assemblée pour confronter les points de vue", a précisé Raf Simons, directeur artistique de Jil Sander et également à la tête de sa propre marque.

Lui qui participait pour la première fois au Festival a salué la qualité des dix candidats sélectionnés, "Hyères est à ce titre un lieu très intéressant" a-t-il ajouté, même s’il a regretté l’absence de Japonais ou d’Américains dans la sélection des finalistes. Une "incohérence" selon lui, d’autant que "les écoles de mode en sont remplies. Alors pourquoi ? Personne ne sait vraiment le dire." Reste que l’opération ne manque pas d’intérêt, y compris pour un créateur établi. "Cela permet d’être en relation avec la jeune génération, d’avoir un feedback sur l’époque", souligne le président du jury. Un avis partagé par les créateurs présents sur place, comme Rabih Kayrouz, Maurizio Galante ou encore Art/c. Car, à l’instar de Raf Simons, nombre d’acteurs du secteur viennent prendre le pouls de la jeune garde.

Cette saison, quelques voix se sont élevées contre leur "nouveau sérieux". Y compris celle du président du jury. En effet, c’est presque surpris que Raf Simons a fait remarquer l’aboutissement des dix collections présentées. "Les nominés nous présentent leur dernière collection d’école, normalement c’est celle où ils peuvent encore faire ce qu’ils veulent." Or, la manière dont l’aspect commercial est globalement bien intégré par les stylistes en herbe a de quoi surprendre. "A ce point, le commercial n’est pas la question", insiste Raf Simons, plus sensible à la personnalité des étudiant(e)s, même s’il sait que la présentation devant un jury de cet acabit n’est pas une sinécure. Reste qu'elle participe de l’ensemble. Et dans la mode comme ailleurs, il n’est pas seulement question de savoir-faire, mais aussi de faire-savoir. Certains l’ont bien compris, comme Mads Dinensen avec sa collection "Pain is felt by all …". En coulisse comme sur scène, "il faut se distinguer", explique le Danois diplômé de l’Ecole des Arts de Berlin et qui concourait avec une collection Homme. Au-delà des silhouettes, le jeune homme a concocté une scénographie bien trempée qui a eu le mérite de faire parler le public.

N’empêche, dans ce bouillonnement créatif, le "portable" s’est finalement imposé en toile de fond, avec quelques écarts d’aspect "conceptuel". A l’instar de la collection présentée par la gagnante Léa Peckre. Diplômée de l’école de La Cambre et assistante d’Isabel Marant sur le prêt-à-porter, la gagnante a remporté l’adhésion générale de cette 26ème édition. Jury, presse et visiteurs ont dans l’ensemble salué les sept looks composant la collection "Cemeteries are fields and flowers", les silhouettes graciles et harmonieuses, contrastées entre les jeux de voiles, les broderies sur dentelles, les couleurs taupe, cuivre, gris et autre pastel rose. "Entre 5 et 6 mois m’ont été nécessaires pour réaliser cette collection", confie à FashionMag.com la jeune lauréate qui aime Muccia Prada et Azzedine Alaïa. Avec son prix de 15 000 euros en poche et un accompagnement, elle a un an pour monter une petite collection commerciale qu’elle présentera l’an prochain à l’occasion du 27ème Festival dont le nom du futur président est encore en suspens.

Saluée également, la collection de Céline Méteil. Autre Française en lice, diplômée de L'institut supérieur des arts appliqués (Lisaa), elle a remporté le Prix Première Vision (10 000 euros) et le Prix du public et de la Ville d’Hyères. Se qualifiant comme "ces gens que l’on ne voit pas", ces petites mains des ateliers, et pour elle, ceux de Galliano et Balenciaga, Céline Méteil a présenté avec la timidité de circonstance une collection sur fond blanc, s’amusant de l’épure et de l’immaculé à travers des propositions audacieuses, avançant en transparence. Conçue à partir du vêtement "enveloppe", sa collection intègre le rythme des femmes qui parcourent le monde, entre deux avions, la valise soudée à la main. Autrement dit, plis, coutures, volumes et matières reprennent vie une fois sortie du sac. Enfin, la mention spéciale du jury mode a été décernée à la Suissesse Emilie Meldem pour ses silhouettes minutieuses comme celle faite de lanières de cuir végétal ou, plus spectaculaire, la robe architecturale réalisée à partir de petits bouts de bois. Reste que, portable ou pas, une collection avec un "vrai propos mode trouvera toujours un public" conclut Raf Simons, et d'ajouter en observateur avisé que "pour durer, il ne faut pas grossir trop vite"...

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