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Francis Palombi (CDF): "Le prolongement des soldes a permis d'atténuer l'impact du couvre-feu"

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7 mars 2021

Pour les commerçants, ce début 2021 est sans nul autre pareil. Si les boutiques sont, pour celles qui n'étaient pas dans les plus grands centres commerciaux, restées ouvertes, leurs propriétaires et leurs équipes ont dû composer avec les couvre-feux et les contraintes sanitaires. Alors que la période de soldes, décalée puis prolongée, s'est conclue mardi soir dernier, Francis Palombi, président de la Confédération des commerçants de France (CDF), revient pour FashionNetwork.com sur ce contexte particulier.


Francis Palombi - DR



FashionNetwork.com : L'Alliance du Commerce, qui représente les enseignes et les grands magasins, a annoncé un recul de l'activité par rapport à l'an dernier. Qu'avez-vous observé pour les commerçants indépendants et ces changements de dates pour les soldes étaient-il négatifs ?

Francis Palombi :
Tous les secteurs et toutes les régions n'ont pas vécu une période si négative. Et malgré le contexte sanitaire et les couvre-feux certains se portent très bien. Cela a en effet été plus complexe pour le secteur de l'habillement. Si on regarde au global, nous sommes dans cet ordre d'idée d'un recul entre 20% et 25%. En revanche, nous estimons que le report des soldes a évité aux commerçants de perdre la dernière semaine du mois de décembre. Alain Griset (ministre délégué aux PME) a également permis les ouvertures le dimanche ce qui a permis de travailler bien plus. Au final les soldes se sont faits. Et le fait d'avoir prolongé leur période nous a évité d'avoir un trou d'air en termes d'activité durant la période de vacances scolaires.

FNW : Quelles sont les régions les plus affectées?

FP :
Bien sûr les mesures ont un impact. Le renforcement des couvre-feux nous a fait perdre 20% à 25% d'activité. C'est un impact encore plus fort pour ceux qui ont le couvre-feu et le confinement week-end. Nous le redoutons sur d'autres villes et en particulier à Paris. Sur un plan humain et commercial ce serait très douloureux. Nous voyons déjà que les gens craignent cette période. L'achat d'habillement mais aussi le coiffeur ne sont pas des dépenses prioritaires. Il y a ces mots du président de la République "Résistons". Je préfère rester ouvert du lundi au vendredi plutôt qu'avoir un confinement total comme au mois de mars 2020. Sur Paris, il y a cet impact, l'absence des touristes et les innovations sur les sens de circulation sur certains axes comme la rue de Rivoli et d'autres mesures qui depuis trois ou quatre ans pénalisent le commerce. En régions, la baisse a été globalement moins forte. Le Covid nous a prouvé à quel point les consommateurs sont attachés au centre-ville et aux commerces de proximité.


FNW : On voit que les stocks sont une question forte sur laquelle Bercy semble vouloir avancer. Les commerçants indépendants sont-ils aussi concernés par ce sujet?

FP :
Globalement, après le premier confinement, il y a eu une réaction de prudence concernant les commandes. Il y a eu des arrangements, des collaborations entre les fournisseurs et les commerçants. Mais il n'en reste pas moins qu'Il y a des commerces indépendants qui ont du mal à écouler leurs stocks. Et nous avons fait part à Alain Griset de nos préoccupations. C'est un ministre qui est très à l'écoute. On peut imaginer l'accompagnement de la liquidation des stocks, un ré-étalement des échéances de remboursement, un soutien renforcé aux commerçants fermés.

FNW : Mais le prolongement des soldes n'a pas permis d'écouler ces stocks?

FP :
Le prolongement a été une bonne chose. Il a clairement permis d'atténuer l'impact du couvre-feu du mois de février. Quelque 25% à 30% de stocks supplémentaires ont pu sortir durant ces deux semaines. Les consommateurs restent toujours à la recherche du bon prix. Mais cela n'a pas permis de contrer un effet général de ralentissement de la consommation. Les soldes restent un moment important. Il ne faut pas les supprimer. Ce rendez-vous a été galvaudé à cause des promotions. Je crois que nous voulons retrouver une certaine vertu du commerce et retrouver le prix. Nous avons l’intention de contribuer de cette grande réforme qui résultera de l’effet Covid.

FNW : Malgré le contexte, vous semblez optimiste. Vous ne craignez pas les défaillances d'entreprises?

FP :
Les commerces de moins de 11 salariés souffrent, bien sûr, mais ils s'appuient sur des principes vertueux. Notre coefficient multiplicateur est entre 2,5 et 3 alors que chez certaines grandes enseignes cela va de 7, voire 15 parfois. Actuellement c'est forcément délicat, il y a du stock, des questions sur les loyers, la concurrence des géants de l'e-commerce qui ne sont pas soumis aux mêmes contraintes que le commerce physique. Mais les indépendants savent faire preuve d'une grande force d'adaptation et démontrent leur capacité à résister. Nous allons continuer à soutenir des actions, appuyer pour avoir des règles du jeu plus équitables sur le plan du numérique. Et nous maintenons notre engagement dans le plan "Action coeur de ville" pour accompagner le développement des petites villes en nous impliquant dans les sociétés coopératives d'intérêt collectif. Je ne vois pas que des points noirs actuellement. Et nous pouvons redéfinir les bases d'une distribution et d'un commerce plus vertueux.

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