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1 févr. 2019
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François-Xavier Chupin (Kappa Europe): "Tous les marchés européens sont à terme susceptibles d’être repris"

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1 févr. 2019

Depuis plus d'une décennie, Sport Finance distribue en France la marque de sport italienne Kappa. Treize années au cours desquelles les liens entre l'entreprise française, basée à proximité de Nantes, et BasicNet, propriétaire de Kappa, se sont densifiés, Sport Finance reprenant progressivement plusieurs marchés en direct au niveau européen. Fin janvier, les deux sociétés ont annoncé leur rapprochement, BasicNet, via sa filiale BasicItalia, réalisant l’acquisition de 61 % du capital de la société française. Celle-ci est rebaptisée Kappa Europe et affiche son ambition de renforcer ses positions sur le Vieux Continent. Allesandro Boglione est le président de l’entité et François-Xavier Chupin, fondateur de Sport Finance, reste aux commandes de la direction de l’entreprise. Le dirigeant détaille pour FashionNetwork.com les enjeux de ce rapprochement et sa vision pour atteindre un chiffre d’affaires de 120 millions d’euros, à périmètre comparable, à l’horizon 2024.
 

François-Xavier Chupin, dirige Kappa Europe - DR


FashionNetwork.com : Vous travaillez de longue date avec BasicNet, propriétaire de la marque Kappa. Quel est l’enjeu de ce rapprochement et de la création de Kappa Europe ?

François-Xavier Chupin :
Pour nous, c’est un beau moment. Cela fait 13 ans que nous avons démarré avec Kappa en la relançant sur la France. Le propriétaire de la marque a confiance en nous pour piloter un projet plus européen. C’est important car tous nos clients majeurs, les JD, Intersport, Sport 2000, Courir, Decathlon, Foot Locker, ont des structures européennes. Nous devons pouvoir leur parler à cette échelle.

FNW : Aujourd’hui, vous ne travaillez pas sur tous les marchés européens. Allez-vous reprendre d’autres marchés ?

F-XC :
 Nous travaillons aujourd’hui sur la France, l’Espagne, le Portugal, le Royaume-Uni, la Suisse et le Benelux. BasicNet fonctionne avec des licenciés par marché, mais qui peuvent avoir des difficultés à s’adresser à des succursales de grandes enseignes continentales. Il y a autant de cas particulier que de licenciés. Le modèle est d’envisager un grand licencié européen. Tous les marchés sont à terme susceptibles d’être repris. Avec ce rapprochement avec BasicItalia, la volonté est d’agréger un peu les deux. Ce serait la première étape.
 
FNW : Concrètement, comment s’est déroulée l’entrée de BasicItalia dans le capital de la société ?

F-XC :
Nous avons des partenaires financiers, BNP Paribas développement et Sodero, une entité de capital-investissement régionale de la Caisse d’Epargne, qui sont sortis du capital. BasicItalia a repris leur participation. Et il y a eu une augmentation de capital qui nous permet de viser plus haut. Cela permet de montrer notre solidité pour financer notre besoin en fonds de roulement. Alessandro Boglione est président de l’entité. Je continue de piloter avec Olivier Tanneau la structure opérationnelle de Kappa Europe. Seule la stratégie corporate est décidée par le propriétaire, nous l’activons localement. Nous, nous travaillons du développement produit jusqu’à la livraison au réseau de distribution.

La boutique Kappa du Real Betis à Séville - Kappa


FNW : Vous annoncez vouloir doubler le chiffre d’affaires de Kappa Europe (la société communique sur 60 millions d’euros, ndlr) à périmètre constant d’ici cinq ans. Quelles sont les opportunités ?

F-XC :
Sur la partie performance, nous avons l’outil, le stock, le service et l’échange de données informatisé avec nos partenaires. Nous devons à présent pousser le développement sur certains territoires. Nous allons annoncer de nouveaux accords de sponsoring en Angleterre et en France (la marque compte déjà le Napoli en Italie, le SCO d'Angers, l'Estac de Troyes et le FC Lorient en France en football, et Montpellier, Grenoble, Castres et Bayonne en rugby). En Angleterre, nous avons débuté avec Leeds et nous allons avancer avec un autre club de football, mais aussi dans le rugby. Nous avons aussi posé un pied en Afrique du Nord et nous équipons la sélection tunisienne et le club de l’Espérance de Tunis. Nous nous renforçons aussi sur le retail car nous gérons les boutiques du Real Betis à Séville. C’est une valeur ajoutée et nous permet de travailler avec les partenaires dans la durée.

FNW : Vous êtes fort sur les sports collectifs. Mais si le marché global du sport est en progression, les croissances pour les pratiques collectives ne sont pas les plus dynamiques. Vous voyez tout de même un potentiel ?

F-XC :
Ce n’est pas simple car les clubs associatifs ne sont pas les plus riches. D’autant que les communes peuvent donner un peu moins à leurs petits clubs locaux. Mais c’est un marché qui reste en croissance avec une problématique de prix forte. Il faut l'intégrer. Sport Finance, maintenant Kappa Europe, est un des gros acteurs européens du « Sport Team », avec une capacité de pouvoir distribuer de Malaga à Edimbourg en travaillant avec un partenaire tiers, cela peut être un Intersport ou un spécialiste indépendant local. Nous avons pris des positions importantes sur ce marché avec un stock de 12 millions d’euros. Nous proposons une collection avec une durée de vie de trois ans, la capacité de livrer en 24 heures et du service. C’est un ticket d’entrée conséquent qui nous permet de nous démarquer de nos concurrents. Nous proposons déjà ce service sur d’autres territoires avec d’autres licenciés qui viennent vers nous pour apporter cette solution à leurs clients. Le modèle est performant. Nous allons le développer.

FNW : Et la prise en main de nouveaux territoires vous permettrait aussi des économies d’échelle…

F-XC :
Cela nous permettrait en effet d’avoir une homogénéisation de l’offre à l’échelle du continent et d’aller voir les usines avec des volumes plus importants.

FNW : Donc c’est ce segment « Sport team » qui va porter votre développement ?

F-XC :
En fait, les opportunités se situent un peu sur tous les segments. Le sport représente aujourd’hui 40 % de notre activité, les ventes de chaussures et textiles dans les réseaux sport généralistes, type Intersport Sport 2000 viennent ensuite. Nous développons une offre entraînement. Sur la chaussure, nous étions très mass market et nous allons vers une proposition plus pointue, plus mode. Sur la mode justement nous ne savons pas quand le soufflet sur les marques sport pourrait retomber, mais nous avons posé un pied sur ce marché, avec par exemple une présence chez Asos ou Urban Outfitters en Angleterre. Nous allons trouver des relais.


Silhouette Kappa Authentic Printemps-été 2019 - Kappa


FNW : Vous avez des ambitions de développement, mais dans les grands réseaux d’enseignes et sur le marché du sport des marques sont déjà très fortes. Comment comptez-vous progresser ?

F-XC :
En ce qui concerne l’offre sport et performance, les marques dominantes se concentrent sur leur propre distribution physique et en ligne. Nous sommes en mesure d’offrir aux réseaux d’enseigne une offre adaptée. Les marques de taille moyenne vont être en concurrence chez ces distributeurs et dans les marques de second plan, certaines ont des parcours assez chaotiques. Nous avons une opportunité forte. Nous allons privilégier l’accompagnement de ces enseignes, mais aussi des indépendants. Dans la mode, nous développons notre offre, notamment avec la chaussure. Nous sommes chez Foot Locker, nous entrons chez Courir.

FNW : Avez-vous une enveloppe d'investissements pour accompagner ce projet de croissance?

F-XC :
Notre budget communication et marketing représente 8 % de notre chiffre d'affaires. Nécessairement, son montant va augmenter avec la progression de l'activité. Nous devons aussi mettre à niveau notre présence sur Internet.

FNW : Sport Finance réalise aussi une dizaine de millions d’euros avec d’autres licences. Qu’en est-il ? Arrêtez-vous ces activités ?

F-XC :
Nous avions la licence des Voiles de Saint-Tropez qui n’a pas été reconduite. Nous continuons de développer Canterbury, qui est notre deuxième marque et pour laquelle nous avons la licence pour les trois prochaines années sur le marché français. Kappa et Canterbury n’entrent pas en conflit car l’une est généraliste et l’autre est vraiment une marque historique du rugby. Nous avons aussi d’autres licences plus mass market comme MLB. Nous les conservons.

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