Gaz: "l'amère déception" du textile face au plafond proposé par Bruxelles

La Commission européenne propose d'instaurer un plafonnement à 275 euros le mégawatt/heure pour les approvisionnements en gaz. Une "amère déception" pour l'industrie du textile. La confédération Euratex avait en effet prévenu Bruxelles qu'un prix supérieur à 80 euros mettrait en jeu la survie de la filière.

Dans un communiqué effectivement amer, Euratex rappelle que le prix de gros du gaz était encore de 30 euros du megawatt/heure en juillet 2021, contre 127 euros actuellement. Si l'on est désormais loin du pic à 320 euros connu en août dernier, la confédération pointe que cela demande une hausse supérieure à 300%. Pour la filière textile, c'est une autonomie stratégique dans la production de biens que le Vieux Continent pourrait perdre.

"Si nous continuons sur cette voie, l'UE deviendra bientôt totalement dépendante des importations étrangères, sans aucun levier pour mettre en œuvre son programme de durabilité, et encore moins pour mener la transition vers une économie circulaire sur la scène internationale", prévient Euratex. "En outre, ces concurrents bénéficient de subventions faramineuses de la part de leurs propres gouvernements: le déploiement du programme de subventions industrielles de 369 milliards de dollars américains n'en est que le dernier exemple".

La confédération industrielle souligne que les coûts de l'énergie en Europe accentuent une concurrence internationale "féroce". L'instance représentative cite nommément la Chine, l'Inde et les États-Unis, où seraient pratiqués des coûts approchant les 10 dollars du megawatt/heure. Une situation face à laquelle le directeur général d'Euratex Dirk Vantyghem indiquait au printemps à FashionNetwork.com que certains fabricants européens préféraient suspendre les productions, faute de marges sur lesquelles renier pour amortir la hausse des coûts.

"Alors que l'industrie européenne subit une pression immense et sans précédent, un plafonnement des prix à 275€/MWh n'aurait aucun sens", insiste aujourd'hui Dirk Vantyghem. "L'industrie européenne serait définitivement évincée du marché. L'industrie est au cœur du mode de vie européen et joue un rôle fondamental de notre économie sociale de marché. L'UE doit sauver son industrie pour sauver l'Europe. C'est maintenant qu'il faut agir".

L'ensemble de la filière européenne du textile-habillement représente à ce jour 1,3 million de travailleurs officiant pour quelque 143.000 structures. Le secteur a exporté l'an passé hors-UE pour 58 milliards d'euros de marchandises, dépassant ainsi les niveaux connus avant la crise sanitaire.

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