Hacina Gablin (Barbara): "La Chine s'ouvrira bientôt à la lingerie moyen-de-gamme"

Auteur :

Matthieu Guinebault

Publié le
29 oct. 2013

Dans un pays où lingerie et sous-vêtements sont définis par un mot commun, la lingerie occidentale haut-de-gamme a du se montrer pédagogue auprès d'une clientèle fortunée toujours plus dense. Mais, pour l'export manager de la marque Barbara Paris, Hacina Gablin, il convient désormais de surveiller les aspirations de la classe moyenne. Comme elle l'a expliqué à FashionMag sur le salon Shanghai Mode Lingerie (Eurovet).

FashionMag - Comment définir le marché chinois, pour les marques occidentales de lingerie ?
Hacina Gablin - On parle du marché chinois comme l'Eldorado de la lingerie. Pour Barbara, qui est déjà bien implanté en Corée et au Japon, c'est effectivement un marché important. L'approche est tout de même différente par rapport aux autres pays de la zone. Stratégiquement, cela implique de trouver le bon distributeur, en exclusivité ou non. Une seule catégorie de Chinoises peut se permettre d'acheter des produits de lingerie importés. Elles vont mettre le prix, mais elles veulent un produit qui soit remarquable.

FM - Le fitting demeure-t-il l'aspect le plus recherché par les Chinoises ?
HG - Le fitting est prédominant dans la lingerie dans toute l'Asie. La question est de savoir si c'est à la marque de s'adapter à la cliente, ou l'inverse. Nous essayons de concilier les deux, chez Barbara. Mais la tendance reste axée sur la mode occidentale. Avant, on voyait beaucoup de coques et plunges qui donnent un certain volume aux poitrines, assez menues en Asie. Mais, de plus en plus, on voit apparaitre des produits plus fins, avec des coupes classiques et balconnets qui deviennent à la mode. C'est une façon pour ces clientes de se différencier des Chinoises qui ne peuvent se permettre d'être à la mode. On cherche la fonction du produit, qui doit donner une belle silhouette, et donc être agréable. Une marque qui ne sera pas agréable au porter ne percera jamais ici.

FM - Faut-il s'attendre à voir émerger une offre de lingerie plus accessible ?
HG - Dans un avenir proche, les études montre que le pouvoir d'achat des riches Chinois va se stabiliser, et que la classe moyenne va se tourner vers des marques plus accessibles. Pour la marque, il est donc important de proposer d'ici quelque temps des produits de lingerie adaptés à cette catégorie. Ces gens ont un fort pouvoir d'achat, mais veulent acheter des choses plus accessibles mais quand même belles. Cela pourrait en faire un produit d'appel pour le haut-de-gamme : les classes moyennes veulent déjà s'acheter des marques étrangères.

FM - Cette lingerie importée mais accessible aura donc besoin d'un réseau, pour l'heure inexistant ?
HG - Très certainement, la Chine s'ouvrira bientôt à la lingerie moyen-de-gamme. Après, est-ce qu'il faudra adapter les canaux de distribution, passer par Internet... Tout reste à définir. Pour les marques importées sur ce niveau de gamme, je n'ai pour l'heure vu aucun réseau en Chine. Mais les Chinois auront toujours cette attrait pour les marques occidentales. Le marché évolue, et peut-être que l'on n'aura plus à aller dans ces malls de luxe pour accéder à de la lingerie. Cela restera malgré tout des clients exigeants.