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18 nov. 2022
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Haider Ackermann signe un show ultra énergique pour Fila à Manchester

Publié le
18 nov. 2022

Un ancien dépôt ferroviaire dans le sud-est de Manchester, où la pluie s’infiltre ici et là. Une musique qui cogne dans l’immense espace sombre. C’est le décor choisi par Haider Ackermann pour son retour sur les podiums après plus de deux ans d’absence, à l’occasion de sa collaboration avec Fila, dévoilée jeudi soir lors d’un show énergétique. A l’arrivée, une collection à la forte esthétique sportive dans une palette fun et fraîche, qui décape.


La vision sport et sexy des jeunes pour Haider Ackermann - Fila

 
Avec les shorts de running portés sur des leggings, les survêtements lâches, les petits blousons en nylon, les couleurs flashy qui scratchent entre elles (bleu ciel, vert pomme, rose saumon, jaune acidulé, orange vitaminé), l’esprit est clairement Nineties, comme si le styliste français d’origine colombienne était allé chercher son inspiration dans les raves party de l’époque avec des réminiscences nord-européennes à la Ken Loach, pour les recracher trente ans plus tard dans une version speed et contemporaine.
 
Les premiers modèles déboulent au loin dans un halo de lumière éclatante, en total look blanc. Ils s’élancent sur l’interminable podium candide, habillés en Catwoman avec combinaison soulignant les courbes du corps et pardessus virevoltant, ou dans des tenues en nylon les couvrants de la tête aux pieds avec gants assortis, un peu à la manière des combinaisons anti-Covid. Les couleurs s’immiscent petit à petit. D’abord un vert fluo dans une combinaison moulante, un anorak brillant, un tee-shirt ou une paire de chaussettes. Puis un vert plus prononcé dans un bonnet en laine.

Des graphismes apparaissent. Damiers, gros carreaux ou rayures en noir et blanc, dans des shorts, des pantalons en soie, des imperméables réversibles doublés de vert, des ensembles pantalons. Puis explosent le bleu électrique d’une robe courte à découpes dénudant les épaules, associée à une paire de guêtres et de manches amovibles en lycra, ou le vert d’eau d’un survêtement oversized, suivis par d’élégantes tenues monochromes en maille, composées de pantalons et veste cardigan, d’un vert éclatant ou d’un bleu turquoise.
 
Et encore des minishorts multicolores, des bodys, des hoodies, des petites robes ajourées et des maillots de bain simili cuir. Les matières techniques stretch dessinent la silhouette, enveloppant tout le corps, des jambes jusqu’aux chaussures à talon, aux bras et mains, en passant par la tête enserrée dans des cagoules-bonnets de bain, pour une allure futuriste.  


Haider Ackermann à la fin du show - Fila

 
Débarquent soudain quatre sportifs en leggings, le maillot plaqué sur le corps, aux teintes contrastées (violet-orange, vert-rose, jaune-turquoise). Ils avancent à grand rythme sur la musique techno-minimale qui accompagne le show de manière répétitive, jusqu’à dépasser une jeune fille qui les précède toute de mauve vêtue. Au bout du podium, un groupe revient en arrière, croisant les modèles qui avancent. La musique s’accélère et le pas aussi. Ce rythme syncopé se retrouve dans le logo Haider + Fila, qui fuse le long des jambes ou des manches, dans le bas d’un tricot ou dans des cols amovibles.
 
Haider Ackermann joue avec les codes du sport. A travers des détails, comme ces bords-côtes élastiques bordant les manches des tee-shirts ou ces lunettes de natation transformées en lunettes de soleil rétro. Un costume noir bordé d’un galon coloré latéral rappelle le lexique du survêtement. Un jogging resserré sur les mollets est proposé dans un velours chocolat. Une veste classique, avec sa poche boutonnière et sa rangée de boutons noirs au poignet, est taillée dans un nylon jaune fluo. De même, un manteau noir traditionnel, coupé également dans un nylon, se révèle impalpable.
 
"Le sport, c’est le nouveau sexy", assène Haider Ackermann en backstage. "Par rapport au passé, maintenant les jeunes font tous du sport, ils sont beaucoup plus body conscious que nous l’étions". Quant à ce mélange entre sport et couture, "cela est venu naturellement. On voit tellement de sportswear dans la rue, que cela n’est plus surprenant. Y insuffler justement du tailoring, c’est ça qui donne plus de force. C’est ça que j’aime bien. J’aime bien l’idée d’un costume sportif ", glisse-t-il.
 
"Pour moi, c’était une nouvelle approche. J’ai voulu chercher avec Fila une forme d’énergie électrique, alors que mon travail habituel est beaucoup plus vagabond, romantique et lointain. Là, je voulais être vraiment ancré dans la vie', confie le designer, qui est parvenu à insuffler un subtil twist mode underground à Fila.


Une silhouette de la collection Haider + Fila - Fila


Reconnu pour son talent dans les coupes et les constructions, ce styliste inclassable, qui s’est longtemps laissé influencer par les cultures du monde, se montre en cette occasion sous un nouveau jour… en attendant de dévoiler une autre de ses facettes en janvier prochain aux manettes de la collection haute couture de Jean Paul Gaultier.
 
"C’est la prochaine étape ! Passer du sportswear à la haute couture, ce sont deux mondes totalement différents, mais qui se ressemblent en même temps, puisqu’on y parle du corps", glisse-t-il. Avec la crise liée au Covid, le styliste connu pour avoir imposé une silhouette intemporelle et sensuelle, qui a été aussi le directeur artistique de Berluti, a été contraint de suspendre sa marque de prêt-à-porter. Depuis, Haider Ackermann, a enchaîné les collaborations.

Avant Fila et Jean Paul Gaultier, il a travaillé en 2021 pour la confidentielle griffe belge féminine haut de gamme Maison Ullens. A la question, s’il envisage de relancer son label, fondé au début des années 2000, qui défilait à Paris jusqu’en février 2020, il répond par une pirouette : "Je vous tiendrai au courant !"
 
Avec ce défilé, après sa collaboration avec Y/Project et Glenn Martens, la marque sportive italienne, détenue depuis 2007 par l’entrepreneur sud-coréen Gene Yoon via la société Fila Korea, gagne encore en visibilité. d'autant qu'elle a investi en un événement hautement médiatique. Près de 200 invités ont été conviés, en effet, à cette soirée spéciale, qui s’est terminée par un somptueux dîner aux chandelles, dont une floppée de célébrités, à l’instar de l’actrice américaine Chloé Grace Moretz, de sa collègue anglaise Emma d’Arcy ou encore de la vedette Andrew Garfield.

On pouvait noter aussi la présence du comédien australien Cody Fern, de son compatriote Jordan Barrett, du mannequin espagnol Manu Rios. Ne manquaient pas, bien sûr, les stars coréennes Krystal Jung et Kim Woo-Seok.

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