AFP
1 juil. 2013
Haute couture: Lacroix rend hommage à Elsa Schiaparelli
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1 juil. 2013
PARIS, 01 juil 2013 (AFP) - Le couturier Christian Lacroix a fait renaître Elsa Schiaparelli, l'illustre couturière italienne symbole de la mode parisienne des années 30, en dix-huit pièces uniques, présentées lundi, comme des œuvres d'art au musée des Arts décoratifs à Paris.
"Sans Elsa, jamais je n'aurais été couturier", explique Christian Lacroix à des journalistes. La haute couture, qui va donner lieu à environ 25 défilés jusqu'à jeudi, démarre fort avec ce splendide hommage à l'une des plus grandes créatrices de la mode au XXe siècle, qui a inspiré les plus célèbres des couturiers. Christian Lacroix, qui a quitté la mode il y a 4 ans, et crée aujourd'hui principalement des costumes de théâtre et d'opéra, a voulu faire de cette collection unique "un spectacle". Le visiteur pénètre d'abord dans une cage en bambou, envahie par un cerisier en fleur. C'est la même cage que celle qui était installée dans la boutique de Schiap', au 21 place Vendôme, à Paris. Il tombe ensuite sur un manège à miroirs, avec en fond une musique de fête foraine.

Elsa Schiaparelli, décédée en 1973, aimait le cirque. Plusieurs des mannequins en bois posés sur le manège portent d'ailleurs des chapeaux pointus, rappelant cet univers. La couturière est partout, même si les symboles pour lesquels elle est aujourd'hui connue se font discrets.
Pas de robe homard, comme celle sur laquelle avait peint Salvador Dali en 1937: le crustacé apparaît sur des bijoux ou en coiffure épousant la courbe du crâne. Un seul rappel de son fuchsia vif, le rose shocking, dans une faille ou étole, qui accompagne un bustier de satin noir et un pantalon court.
Les chapeaux excentriques rappellent l'influence des surréalistes sur la couturière. Une combinaison zippée de rouge souligne que Schiap' a été la première à utiliser des fermetures éclair pour les femmes. Plusieurs looks portent de grandes basques-poches, rappelant que, pendant la guerre, les femmes y mettaient leurs biens précieux. Pour Christian Lacroix, Elsa Schiaparelli "a donné une élégance à la guerre".
40 mètres de tissu
Mais plutôt que chercher les hommages à l'Italienne, qui fût la grande rivale de Coco Chanel, il faut admirer les broderies, un turban vert émeraude, une robe à rayures noires et rose pâle en satin duchesse avec faux-cul, qui a nécessité 40 mètres de tissu et plus de 300 heures de travail. Une ceinture orange retient le regard: elle a été faite par les ateliers du brodeur Lesage, avec qui travaillait déjà la couturière, à partir du modèle original. Il y a aussi un magnifique manteau en cachemire violet avec une large ceinture brodée.
Pour Christian Lacroix, la collection est "un mélange de malice et de mélancolie". Interrogé sur ce qui l'unit à Elsa Schiaparelli, il répond: "le goût pour le noir, la couleur, la broderie"
L'association Lacroix-Schiap' "coule de source", pour Farida Khelfa, ambassadrice de la maison italienne. Elsa Schiaparelli, "c'est la conscience collective de la mode", pour l'ancienne mannequin. La renaissance de la maison Schiaparelli a été annoncée il y a un an. Un directeur artistique devrait prochainement être nommé, et une collection devrait être présentée en janvier, pour les prochains défilés couture. Par ailleurs, un artiste devrait rendre hommage chaque année à la couturière, à l'instar de Christian Lacroix.

Cette collection ne sera pas commercialisée. "Cela m'a donné beaucoup de liberté" a confié le couturier. "Je me suis toujours senti très libre en couture, c'était peut-être ça mon malheur", a-t-il poursuivi, en référence au placement en redressement judiciaire de sa maison en 2009.
"C'est une boucle qui se boucle", a-t-il encore dit. Le couturier a présenté son dernier défilé au musée des Arts décoratifs en juillet 2009, où a eu lieu la présentation Schiaparelli. Pense-t-il revenir dans la mode? "Non. Ce qui m'a toujours passionné dans la mode, c'est le costume de théâtre. Mon rêve d'enfance, je le réalise maintenant". Il travaille sur les costumes de l'opéra de Wagner, Lohengrin, qui sera donné à Graz en Autriche.
Par Caroline TAIX
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