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13 juil. 2019
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ITS 2019 : Daoyuan Ding remporte le concours de mode de Trieste

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13 juil. 2019

C’est une compétition au niveau particulièrement élevé qui a caractérisé cette 17ème édition de l'ITS (International Talent Support), avec une forte présence de finalistes asiatiques (15 sur 26) et une grande attention portée sur le thème de l’environnement. Le concours pour jeunes créateurs fondé en 2002 par Barbara Franchin, qui s’est déroulé à Trieste vendredi 12 juillet, a consacré le Chinois Daoyuan Ding, qui a rafflé l'« ITS Award offered by Allianz », doté de 15 000 euros, avec le partenariat de Pitti Immagine, et aussi le Tomorrow Entrepreunerial Creativity Award.


Daoyuan Ding - ph Dominique Muret


Le styliste de 28 ans originaire de la ville de Zhoushan, située dans la province du Zhejiang, au sud de Shanghai, a séduit le jury avec une collection bien maîtrisée aussi bien dans les coupes, les constructions, que dans le travail de recherche sur les matières, revisitant avec subtilité le vestiaire masculin à travers une série de costumes amples et élégants, et des pièces interconnectées entre elles, tels le manteau-costume ou le sac-costume.

Chapeaux à larges bords, le visage à moitié masqué par une écharpe, les mannequins aux mains gantées sont revêtus de costumes sombres à imprimés abstraits. Le classique motif pied-de-poule est repris à l’infini, agrandi, éclaté, comme explosé, redessinant d’étranges géographies sur les vêtements, en mélangeant les techniques de l’imprimé digital et du jacquard en maille.

Chaque silhouette décline un même motif et couleur, ton sur ton, des habits aux accessoires, lui donnant une allure mystérieuse et indéfinie, « une zone floue créée à partir d’éléments familiers ». « Je m’inspire principalement du cinéma, spécialement pour cette collection se référant à David Lynch et Hitchcock », nous explique le créateur, déterminé à lancer sa propre marque « dans les cinq ans ». Après la Donghua University et un an à l'IED de Milan, Daoyuan Ding a travaillé comme designer pendant deux ans chez Uniqlo à Tokyo. Puis il est venu se spécialiser à Londres dans le menswear, au London College of Fashion, dont il a été diplômé cette année.
 

La collection du vainqueur Daoyuan Ding - DR


Témoignant aussi d’une belle créativité technique, à travers l’usage du silicone travaillé dans des motifs et des chromatismes joyeux inspirés de l’esthétique et des tapisseries et autres papiers peints typiques des années 1960-70, l’Australienne Annaliese Griffith-Jones a gagné le Prix OTB, doté de 10 000 euros, avec la possibilité de faire un stage au sein de l’une des marques du groupe de mode de Renzo Rosso.
 
L'entrepreneur italien, fidèle soutien du concours depuis sa création, a aussi décerné au Suisse Rafael Kouto (28 ans), Tessinois par sa mère, Togolais par son père, le Prix Diesel avec, à la clé, 10 000 euros et un stage rémunéré au sein du jeaneur. Passé par Alexander McQueen, Maison Margiela et Carven, le styliste a lancé sa propre marque, qui allie tissages traditionnels africains et streetwear, mettant en avant la technique du crochet. Il n’utilise que des tissus et du matériel écartés par les fabricants, qu’il désassemble pour en récupérer des superficies personnalisables. Il a remporté aussi le Lotto Sport Award.
 
A signaler encore l’intéressante recherche textile réalisée par l’Anglaise Moon Hussain, qui s’est adjugée les 5 000 euros du prix de la Camera Nazionale della Moda Italiana (CNMI) et le Coin Excelsior Award. Elle a utilisé du vinyle mis de côté par une usine car considéré comme défectueux, qu’elle a transformé en une texture innovante après l’avoir soumis à de fortes températures, taillant ses vêtements dans cette nouvelle matière à la fois souple et rugueuse.
 

Corrina Goutos, lors de la présentation de son projet - ph Dominique Muret


Cette approche écologique a été mise en avant par de nombreux finalistes de l’ITS, qui a créé cette année le tout nouveau prix dédié au développement durable, l'ITS Sustainability Award, doté de 3 000 euros. Ce prix a été remis à la créatrice de bijoux américaine Corrina Goutos, également vainqueur de la Special Mention by Vogue Talents. Originaire d’Albany, dans l’Etat de New York, elle s’est diplômée au Savannah College of Art & Design. En 2013, elle s’est installée en Allemagne pour lancer sa marque, d’abord à Berlin, puis à Hambourg, développant un concept original à base d’objets-déchets récupérés et mélangés à des matières organiques.
 
Résultat : des broches hybrides composées de briquets, coquillages et autres tubes en plastique et autres détritus informatiques se fondant dans un magma étrange. « Ce sont les fossiles du futur, qui préfigurent peut-être de nouvelles formes de vie. J’aime créer cette juxtaposition entre ces restes industriels et les matières organiques. Je suis fascinée par la manière dont la nature parvient à reprendre le dessus et réparer les dommages causés par l’homme. Il faut rester positif », nous confie la designer, qui se considère davantage comme une artiste, exposant ses objets surtout dans des galeries.
 
« A travers son concept, il y a aussi un point de vue artistique très esthétique et innovant », commente Marie-Claire Daveu, directrice du développement durable du groupe de luxe Kering, qui faisait partie du jury. « J’ai été très touchée par le grand nombre de projets liés aux thèmes de la sauvegarde de la planète. Cela devient partie intégrante du processus. Il y a un vrai changement. De nombreux finalistes asiatiques ont mis en avant ces sujets avec des prises de position politiques », souligne-t-elle.

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