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9 déc. 2012
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Inde : des industriels dénoncent les obstacles au développement économique

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AFP
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9 déc. 2012

AFP - Le gouvernement indien, qui vient de recevoir l'appui du parlement pour libéraliser l'économie, ne semblait pourtant pas au bout de ses peines vendredi avec deux attaques frontales du milieu industriel, dénonçant un environnement "vénal" et une bureaucratie "cauchemardesque".

Le chef du vaste conglomérat Tata, Ratan Tata, critique dans deux entretiens à la presse une absence de cohérence de la politique gouvernementale et accuse le Premier ministre, Manmohan Singh, de pousser son groupe à se tourner vers d'autres marchés émergents pour se développer.

Walmart s'apprête à débarquer en Inde (magasin Walmart aux Etats-Unis/photo AFP)

Le gouvernement de centre gauche est engagé dans une vaste réforme visant à ouvrir des pans entiers de l'économie aux investissements directs étrangers, notamment dans la grande distribution, l'aérien et les assurances.

Il a reçu vendredi l'appui du parlement pour autoriser les hypermarchés à s'implanter en Inde au terme de quatre jours de débats et de deux votes symboliques dans les deux assemblées, plaçant hors jeu -- pour le moment -- une opposition accusant le pouvoir de "brader" le pays aux étrangers.

Le département d'Etat américain a "salué" vendredi ces votes de l'Inde, estimant que "les investissements directs étrangers dans la distribution allaient faire croître les marchés en Inde, comme ils l'ont fait en Chine, au Brésil et d'autres économies en développement".

Mais le patron de l'empire Tata, dont le chiffre d'affaires totalise 100,9 milliards de dollars, estime que les investisseurs ne sont pas encouragés à venir en Inde.

"Différentes agences gouvernementales ont quasiment des interprétations contradictoires de la loi, ou des interprétations de ce qui devrait être fait", dénonce dans le Financial Times Ratan Tata, dont l'empire emploie 23.000 salariés dans des activités s'étendant de l'immobilier à l'énergie. "Il y a des choses qui, de manière générale, feraient fuir les investisseurs dans la plupart des autres pays", poursuit-il.

Le patron du groupe souligne en outre la différence d'attitude du gouvernement indien à l'égard de son économie par rapport à celle de la Chine, où Tata a récemment ouvert une usine Jaguar Land Rover. "Si nous avions le même genre d'encouragement (...), je pense que l'Inde pourrait vraiment concurrencer la Chine", ajoute le président sortant, qui cédera son poste le 28 décembre au jour de ses 75 ans.

Dans un entretien au quotidien DNA, Tata estime en outre que son successeur, Cyrus Mistry, aura la lourde tâche de ne pas compromettre les règles éthiques du groupe: "Ils (Mistry et ses collaborateurs) devront prendre des décisions et de ce fait répondre constamment à la question: Nous compromettons-nous ? Cédons-nous ?". "On peut l'appeler par un autre nom, mais dans le jeu d'atténuation ou de reddition à un système vénal, l'option facile est la compromission", dit-il en référence à la corruption.

Dans un autre genre, le fabricant britannique de chaussures, Pavers, dénonce de son côté la bureaucratie "cauchemardesque" de l'Inde. Le groupe est l'un des premiers à profiter de la réforme autorisant 100% d'investissements directs étrangers dans le commerce de détail à marque unique. "Les réglementations sont un cauchemar pour chaque détaillant, qu'ils soient étrangers ou indiens", regrette le président du groupe familial, Stuart Pavers, dans le quotidien économique Mint. En Grande-Bretagne, le groupe peut réapprovisionner de nuit les boutiques, illustre Stuart Pavers. En Inde, "le transport de l'entrepôt au magasin prend cinq à dix jours".

Quant au transport de stock d'une ville à l'autre, le délai est de 2 à 3 jours en Grande-Bretagne quand il se monte à deux semaines en Inde. Sans compter que cela implique "vingt documents administratifs et trois taxes différentes à payer", regrette-t-il.

Fin novembre, le géant suédois de l'ameublement, Ikea, a déploré que l'Inde lui impose de larges restrictions à la vente dans les magasins qu'il compte ouvrir. Selon la presse, les réglementations priveraient notamment les consommateurs de jouets, de livres et de facilités de paiement.

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