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Clémentine Martin
Publié le
16 sept. 2021
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Inditex accélère sa transformation et réorganise ses enseignes

Traduit par
Clémentine Martin
Publié le
16 sept. 2021

Pour Uterqüe, une page se tourne. Lors de la présentation des résultats semestriels du groupe Inditex, la nouvelle était sur toutes les lèvres. La plus modeste des chaînes du conglomérat textile, caractérisée par des collections limitées et un positionnement haut de gamme, va fermer tout son réseau de boutiques et être absorbée par Massimo Dutti dans le courant de l’année prochaine. Tous les articles de la marque seront maintenant distribués sur sa plateforme en ligne et dans certaines boutiques Massimo Dutti.


Campagne «Incoming» en format 3D d’Uterqüe - Uterqüe


"Nous sommes convaincus que cette stratégie est la bonne pour continuer à avancer. Cette intégration va permettre à Uterqüe de jouir d’une plus grande visibilité et de toucher de nouveaux publics grâce au réseau commercial et à la distribution internationale de Massimo Dutti, présente sur des marchés comme les États-Unis, le Canada, le Mexique et la Turquie", rappelle le directeur général Pablo Isla. Lors de la conférence qu’il a donnée aux analystes financiers mercredi 15 septembre, il a abordé la question de la réorganisation des différentes marques du groupe.

Comme il n’a pas manqué de le faire remarquer, cette "intégration" suit une logique similaire à celle qui a régi l’absorption de Zara Home par Zara en 2019 pour "optimiser au maximum les synergies entre les enseignes". Mais une différence persiste: les produits de Zara Home ont été incorporés aux boutiques physiques et virtuelles de Zara et les résultats financiers des deux entités sont maintenant présentés ensemble, mais Zara Home a conservé certains espaces physiques différenciés, ce qui ne sera pas le cas d’Uterqüe.

Les 82 boutiques d’Uterqüe vont fermer



Lancée en 2008 avec un siège social à Tordera, à côté de Barcelone, Uterqüe a marqué la première incursion du groupe espagnol sur un segment plus haut de gamme. Conservant un format largement inférieur à celui des autres chaînes du conglomérat, Uterqüe n’a jamais possédé plus d’une centaine d’établissements physiques. La majeure partie d’entre eux étaient situés en Espagne, mais la griffe a aussi été présente au Mexique, en Russie, au Portugal, en Pologne, en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis, au Maroc et même en Ukraine. En Europe occidentale, l’enseigne s’est contentée de quelques pop-up dans des capitales comme Londres mais a pour l’essentiel limité son activité au e-commerce. En tout cas, les 82 boutiques que possédait l’enseigne le 31 juillet dernier (contre 89 en 2020) seront progressivement fermées au cours des prochains mois.

Sur le plan financier, Uterqüe a clôturé le premier semestre de l’année avec des ventes de 48 millions d’euros, en amélioration par rapport aux 31 millions d’euros enregistrés à la même période l’an dernier, alors que l’impact de la pandémie se faisait pleinement ressentir. Mais ces chiffres restent bien loin de ceux de la deuxième plus petite chaîne du groupe, l’enseigne de mode intime et sportive Oysho, qui est passée de 208 millions d’euros de chiffre d’affaires au premier semestre 2020 à 305 millions d’euros en 2021.


Oysho a réalisé un chiffre d’affaires de 305 millions d’euros au premier semestre - Oysho


Oysho a elle aussi réduit la dimension de son réseau commercial, qui passe de 665 boutiques à 575. Le chiffre d’affaires de Massimo Dutti est presque deux fois supérieur: 607 millions d’euros contre 490 millions d’euros au premier semestre 2020. Le nombre de ses boutiques a aussi fortement réduit, passant de 728 à 654. Mais les ventes de l’enseigne n’ont toujours pas retrouvé les niveaux d’avant la pandémie: le chiffre d’affaires de 844 millions d’euros du premier semestre 2019 paraît encore bien loin. L’absorption d’Uterqüe pourrait donc accélérer la reprise.

Le groupe d’Amancio Ortega est un habitué des paris gagnants. Son unique écueil? Celui d’Often, une chaîne de mode urbaine et masculine qui a mis la clé sous la porte de ses 40 boutiques en Espagne et au Portugal en 2006, soit trois ans après son lancement. Née conjointement avec Pull&Bear, elle ciblait un public cosmopolite un peu plus âgé, dans une tranche de 20 à 45 ans. Mais les espaces ont finalement été cédés à Friday’s Project et ce positionnement a progressivement été récupéré et réinterprété par la branche masculine de Zara et par Pull&Bear.

Du côté de la vente en ligne, la croissance est "remarquable sur tous les marchés". Mais le groupe textile se réjouit particulièrement de la "forte progression d’Oysho et Stradivarius". Cette dernière, qui vient de lancer un projet de plateforme de création artistique, a clôturé le premier semestre avec des ventes de 782 millions d’euros, contre 502 millions d’euros au cours des six premiers mois de 2020. Elle a aussi fermé 63 de ses établissements, dont le nombre passe de 994 à 931.


Bershka a récemment lancé une collection avec le chanteur C.Tangana - Bershka


La troisième place du podium en volume de chiffre d’affaires revient à Pull&Bear, dont les revenus de 786 millions d’euros dépassent largement les 578 millions d’euros du premier semestre 2020. Après avoir ouvert deux importants établissements à Édimbourg et Florence, l’enseigne compte maintenant 864 boutiques, contre 946 l’année passée. Elle va bientôt inaugurer de nouveaux espaces à Izmir (Turquie), à Doha ( Qatar) et à Guadalajara (Mexique).

De son côté, Bershka a aussi écrémé son réseau commercial de 99 boutiques, passant de 1086 à 987. La deuxième chaîne du groupe réalise un chiffre d’affaires de 919 millions d’euros au premier semestre, contre 692 millions d’euros en 2020. Au deuxième trimestre, la marque a procédé à plusieurs "ouvertures stratégiques" et a inauguré des espaces au centre commercial Forum des Halles à Paris, à Édimbourg et au Caire. En Espagne, la chaîne a dévoilé son nouvel univers avec l’ouverture d’une boutique dans la rue Preciados, à Madrid, inaugurée le 3 septembre dernier. Au cours des prochains mois, de nouvelles boutiques Bershka verront le jour à Rome, Istanbul et Bucarest.

L’offre de Zara s’étoffe avec Origins et Zara Athleticz



Zara reste la poule aux œufs d’or incontestée d’Inditex. À 11,936 milliards d’euros, le chiffre d’affaires du groupe pour la période allant de février à juillet est en hausse de 49% par rapport à l’année précédente, et Zara et Zara Home y ont contribué à hauteur de 8,488 milliards d’euros (contre 5,532 milliards d’euros au premier semestre 2020). Zara a aussi fait le ménage dans son réseau de boutiques et passe de 2.133 établissements en 2020 à 1.979 actuellement, dont 73 boutiques Zara Kids et 509 espaces Zara Home.

À la clôture du semestre, le groupe possédait au total 6.654 boutiques dans le monde (contre 7.337 au 31 juillet 2020), avec l’ouverture de 92 nouveaux points de vente sur 27 marchés internationaux.


Nouvelle collection Zara Origins - Zara


Au deuxième trimestre, Zara n’a pas chômé. Le siège social de la marque est à Arteixo, dans la province de La Corogne, et s’est enrichi d’un bâtiment de 67.000 mètres carrés entièrement dédié à Zara.com.

Le réseau commercial du groupe, lui, s’est étoffé d’emplacements stratégiques dans des villes comme Édimbourg, Cardiff, Düsseldorf, Berlin, Bruxelles, Perm (Russie) et Kharkov (Ukraine). Les établissements de la griffe à Marbella et Séville ont été rénovées, tout comme ceux d’Amsterdam, Genève et Abu Dhabi. Au cours des prochains mois, la chaîne va inaugurer ou agrandir des boutiques à Londres One New Change, Paris La Défense, Milan Corso Buenos Aires, Sidney Westfield, Chengdu Taikoo Li (Chine) et à Waterfront, au Cap.

De plus, Zara va s’enrichir d’une nouvelle ligne: Zara Athleticz, une collection masculine avec laquelle la marque fera ses premiers pas dans le domaine du sport. Ces vêtements présentés comme simples et fonctionnels, convenant à la pratique "de n’importe quel sport", seront disponibles dès le 30 septembre dans une sélection d’établissements et sur la boutique en ligne de Zara. Ce lancement, encouragé par le succès de la mode sportive depuis le confinement, se basera sur une série d’histoires humaines liées à la pratique du sport. Les pièces seront identifiées par les numéros 26-1-18-1, soit la position des lettres de "Zara" dans l’alphabet anglo-saxon.

Et ce n’est pas tout: le 15 septembre, Zara a lancé sa nouvelle collection "Origins", une ligne de vêtements "essentiels et minimalistes" dont la promotion sera faite à l’aide d’une boutique éphémère à Paris, du 27 septembre au 5 octobre. Inditex est aussi en train de plancher sur de nouvelles fonctionnalités pour l’application de la marque, comme Zara ID, un QR code permettant d’identifier les clients de ses boutiques physiques et incluant des fonctionnalités de paiement, de retour et de collecte en ligne. Pour le moment, le projet est encore en phase de test sur quinze marchés dont l’Espagne, le Royaume-Uni, la France, le Mexique et les États-Unis.

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